La conception du vieillissement cérébral et cognitif que nous défendons encourage à assumer la complexité et la diversité des facteurs et mécanismes en jeu, intervenant tout au long de la vie, et conduit à envisager autrement, non seulement l’évaluation des difficultés cognitives et fonctionnelles des personnes âgées, mais aussi la façon d’intervenir sur ces difficultés.
Face au constat d’inefficacité des interventions pharmacologiques et du fait de la multiplicité des mécanismes impliqués, il paraît essentiel d’aboutir à un rééquilibrage des interventions, en faveur des approches psychologiques et psychosociales, ayant pour but d’optimiser la réalisation des activités quotidiennes, le bien-être et la qualité de vie, ainsi que de la prévention, pour différer ou réduire les expressions problématiques du vieillissement cérébral et cognitif.
Dans un chapitre récemment paru (2016) dans le second tome de la nouvelle édition du « Traité de Neuropsychologie clinique » dédié à la revalidation, nous passons en revue et avec un regard critique certaines méthodes d'intervention « classiques » et abordons en détail les avancées que le domaine de la revalidation pour les personnes âgées a connu au cours de ces dernières années. Cette présentation est fréquemment assortie d’exemples pour donner des pistes concrètes aux intervenants.
Parmi les thèmes abordés, citons la stimulation cognitive et l’entraînement cognitif, le développement d’interventions psychologiques individualisées et focalisées sur des buts dans la vie quotidienne, la présentation de stratégies d’intervention pour ces interventions individualisées (facilitation, apprentissage ou réapprentissage de connaissances spécifiques, aides externes et structuration de l’environnement) …
L’attention des lecteurs est aussi portée sur la nécessité de promouvoir des objectifs d’intervention plus directement en lien avec les dimensions d’identité, de qualité de vie et de bien-être. Enfin, plusieurs paragraphes sont accordés aux interventions de prévention à diverses étapes de l’existence.
En conclusion, il apparaît clairement que, comme l’indique Woods (2012), le défi le plus important est de favoriser l’engagement des personnes âgées présentant une démence au sein même de la société et des structures (sportives, culturelles, associatives) destinées à la population générale, dans des activités qui leur permettront d’interagir avec d’autres, de prendre du plaisir, de se développer personnellement et d’avoir un rôle social valorisant.
En effet, toujours selon Woods, « il s’agit d’entrer dans une ère nouvelle, dans laquelle, au-delà des préoccupations médicales et de soins, nous apprendrons à vivre bien avec la démence, pour le bénéfice de tous ». Objectif qui rejoint complétement celui que nous poursuivons au-travers de ce blog et de nos travaux, et le chapitre présenté ici peut clairement permettre de s’engager dans cette démarche.
Van der Linden, M., & Juillerat Van der Linden, A.C. (2016). Les interventions psychologiques et psychosociales chez les personnes présentant une démence légère à modérée. In X. Seron & M. Van der Linden (Eds.), Traité de Neuropsychologie Clinique de l’Adulte (deuxième édition), Tome 2, Revalidation. Paris : De Boeck / Solal (pp. 411-436).
Woods, B., (2012). Well-being and dementia - how can it be achieved? Quality in Ageing and Older Adults, 13, 205-211.