Nous avons abordé dans la précédente chronique le rôle du tabac comme facteur de risque de vieillissement cérébral/cognitif problématique. Un autre facteur bien établi est l'activité physique, comme le confirme l'étude récente d'Erickson et al. (2010).
Partie 2 : L’activité physique
Dans le cadre de la « Cardiovascular Health Study », Erickson et al. (2010) ont examiné, chez 299 personnes âgées de 65 ans et plus, la relation entre le volume de la substance grise, l’activité physique et les problèmes cognitifs.
L’activité physique était quantifiée par le nombre de pâtés de maisons (« blocks ») parcouru sur une semaine (évaluation effectuée en 1989-1990) : l’importance de la marche variait de 0 à 300 pâtés de maisons selon les individus.
En 1998-1999 (c’est-à-dire 9 ans après l’évaluation de l’activité physique), les participants ont été soumis à une imagerie à résonance magnétique (IRM) à haute résolution : ils étaient alors âgés en moyenne de 78 ans et ne présentaient pas de vieillissement cérébral/cognitif problématique (notons qu’ils avaient déjà subi une IRM à faible résolution en 1992-1994).
Enfin, 4 ans plus tard (c’est-à-dire 13 ans après l’évaluation de l’activité physique), les personnes ont été évaluées afin d’identifier la présence éventuelle de troubles cognitifs : 116 ont reçu un diagnostic de « démence » ou de « trouble cognitif léger » et 183 sont restées « cognitivement normales ».
Les analyses ont été établies en contrôlant l’influence d’une série de facteurs possiblement confondants (dont notamment, et outre des variables démographiques et de santé, le temps mis pour parcourir une distance de 15 « pieds », l’indice de masse corporelle ainsi que des anomalies de la substance blanche et ventriculaires identifiées lors de la première IRM).
Les résultats montrent qu’une activité physique plus importante prédit 9 ans plus tard un volume plus important des régions frontales, occipitales, entorhinales et hippocampiques.
Le seuil de 72 pâtés de maisons parcourus par semaine (environ 6 à 9 miles ; 9,5 à 1 4,5 km) est nécessaire pour détecter un accroissement de volume de la substance grise. Cependant, parcourir davantage que 72 pâtés de maisons ne conduit pas à un accroissement de volume supplémentaire de la substance grise. Enfin, un volume plus important du gyrus frontal inférieur, de l’hippocampe et de l’aire motrice supplémentaire est associé à un risque deux fois moindre de développer une vieillissement cérébral/cognitif problématique (« trouble cognitif léger » ou « démence »).
En dépit de certaines limites (dont le fait que l’activité physique était auto-évaluée), cette étude indique qu’une activité de marche plus importante est ultérieurement associée à un volume plus important de la substance grise, lequel est à son tour associé à un risque réduit de vieillissement cérébral/cognitif problématique.
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Erickson, K.I., Raji, C.A., Lopez, O.L., Becker, J.T., Rosano, C., Newman, A.B., et al. (2010). Physical activity predicts gray matter volume in late adulthood. The Cardiovascular Health Study. Neurology, à paraître.
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