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A propos des auteurs

  • Martial Van der Linden est docteur en psychologie, professeur honoraire de neuropsychologie et psychopathologie aux Universités de Genève et de Liège. Une partie de ses travaux est consacrée aux effets du vieillissement sur le fonctionnement dans la vie quotidienne, et ce, dans une perspective plurifactorielle et intégrative.
  • Anne-Claude Juillerat Van der Linden est docteure en psychologie, chargée de cours à l'Université de Genève et psychologue clinicienne spécialisée en neuropsychologie. Après 20 ans en tant que responsable à la Consultation mémoire des Hôpitaux universitaires de Genève, elle a créé et dirige la consultation "Vieillir et bien vivre" à la maison de santé Cité Générations.
  • Tous deux ont fondé en 2009 une association du nom de VIVA (Valoriser et intégrer pour vieillir autrement), qui promeut à l'échelle locale des mesures de prévention du vieillissement cérébral problématique.

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5 août 2010 4 05 /08 /août /2010 20:47

Quand les experts mandatés par le « National Institute of Aging » et l’« Alzheimer’s Association » des Etats-Unis maintiennent à tout prix les concepts de « maladie d’Alzheimer » et de « MCI »

Lors de la « 2010 Alzheimer’s Association International Conference on Alzheimer’s Disease (AAICAD) » qui s’est tenue en juillet à Honolulu, trois groupes d’experts se sont réunis, mandatés par le « National Institute of Aging » et l’« Alzheimer’s Association » des Etats-Unis, pour mettre à jour les critères de diagnostic de « la maladie d’Alzheimer » et du « Mild Cognitive Impairment (MCI) » ainsi que pour élaborer les critères (à des fins de recherche) d’une nouvelle catégorie nommée « maladie d’Alzheimer préclinique ». Le mandat des experts était d’établir des recommandations en se basant sur les découvertes scientifiques réalisées ces 25 dernières années concernant la « maladie d’Alzheimer » et ses manifestations précoces.

Les experts ont rédigé trois rapports auxquels vous pouvez accéder à l’adresse suivante :

http://www.alz.org/research/diagnostic_criteria/

La communauté des chercheurs et toutes les autres personnes intéressées sont invitées à réagir à ces rapports. Ensuite, après intégration d’éventuels commentaires et propositions, les recommandations contenues dans ces rapports seront soumises à un journal scientifique (avec examen par les pairs) et puis validées via des essais cliniques.  

Avant d’aborder les propositions des experts réunis à Hawaï et d’en effectuer un examen critique, il nous est apparu indispensable de synthétiser, à grands traits, ce qui, selon nous, a réellement été appris sur le vieillissement cérébral et cognitif durant ces 25 dernières années. C’est sur cette base que nous mettrons en perspective les propositions des experts. 

 

Quel est réellement l’état de la situation ?

* Le cerveau vieillit, comme les articulations, la peau, la vue, l’ouïe… et ce vieillissement du cerveau s’accompagne inévitablement d’un déclin des performances cognitives, dans des domaines divers tels que la mémoire de travail, le raisonnement, la mémoire épisodique ou encore l’orientation spatiale. Par ailleurs, même si des mesures de prévention sont à même de réduire le risque de vieillissement cérébral/cognitif problématique (de « démence ») à un âge donné, cette réduction conduira à une extension ultérieure de la vie, et donc le risque cumulatif de développer des difficultés cognitives importantes restera élevé, même pour des populations à risque plus faible à certains âges (Brayne et al., 2006). En d’autres termes, le vieillissement de la population amènera à un accroissement du nombre de personnes qui mourront avec des troubles cognitifs importants, même en présence de programmes préventifs. Le vieillissement cérébral/cognitif fait donc intrinsèquement partie de l’aventure humaine.

* Il existe d’importantes différences interindividuelles dans la nature et l’ampleur de ce déclin cognitif lié à l’âge (voir Lövden et al., 2010 ;  Mungas et al., 2010 ). En outre, ces différences semblent dépendre de très nombreux facteurs : en partie des facteurs génétiques (notamment le génotype de l’ApoE, dont le rôle paraît cependant particulièrement complexe ; voir Kim et al., 2009), mais aussi le niveau d’éducation, le statut socio-économique, la personnalité, une enfance défavorisée, une histoire de problèmes psychiatriques ou psychologiques (y compris de stress), le type d’alimentation, le réseau social, la présence de facteurs de risque vasculaire (hypertension, diabète, etc.), l’activité physique, l’engagement dans des activités « à défis », la consommation de certains médicaments, les problèmes de sommeil, les stéréotypes négatifs associés au vieillissement, etc. On connaît cependant encore mal les mécanismes par lesquels ces différents facteurs (et leurs interactions) influencent le vieillissement cognitif (voir les nombreuses chroniques de notre blog décrivant des études ayant exploré la contribution de différents facteurs au vieillissement cérébral). Il y a néanmoins dans ces différents facteurs matière à prévention, dans le but de différer et d’atténuer les aspects problématiques du vieillissement cérébral/cognitif (voir Larson et al., 2010).  

* La soi-disant « maladie d’Alzheimer » n’est pas associée à des symptômes cognitifs spécifiques. Les personnes âgées ayant reçu le diagnostic de « maladie d’Alzheimer » (y compris les personnes présentant les signes neuropathologiques supposés être spécifiques à cette « maladie ») se caractérisent par la coexistence d’une part, d’une variété de déficits cognitifs (déficits mnésiques, dysfonctionnements visuels, problèmes praxiques, troubles du langage, troubles attentionnels, troubles exécutifs, etc. ; Galton et al. 2000, Johnson et al., 1999 ; Stopford et al., 2008 ; Alladi et al, 2007) avec, dans certains cas, la présence de déficits disproportionnés pour un domaine cognitif autre que la mémoire épisodique et, d’autre part, d’une atteinte d’un facteur cognitif général (d’attention contrôlée ; Balota et al., 2010 ; Tse et al., 2010 ; Salthouse & Becker, 1998 ; Johnson et al., 2008). En outre, l’évolution de ces difficultés cognitives varie très fortement d’une personne à l’autre (Mungas et al., 2010) et, chez un grand nombre de personnes, la situation peut rester stable pendant plusieurs années (Bozoki et al., 2009).

* Les performances cognitives des personnes ayant reçu le diagnostic de « maladie d’Alzheimer » ne différent pas qualitativement mais seulement quantitativement des personnes sans « démence » (Walters, 2010). En d’autres termes, les difficultés cognitives observées dans la prétendue « maladie d’Alzheimer » sont globalement de même nature que les difficultés cognitives rencontrées dans le vieillissement dit normal, mais plus importantes. De plus, le vieillissement dit normal s’accompagne de modifications cérébrales dans des régions où l’on observe également des changements - mais plus importants - chez les personnes ayant reçu le diagnostic de maladie d’Alzheimer (Walhovd et al., 2010).  

* De nombreuses données se sont accumulées pour confirmer la faible validité du concept de « Mild Cognitive Impairment » (MCI) et de ses sous-types, amnésique et autres (voir, par ex., Kochan et al., 2010 ; Matthews et al, 2008 ; Mitchell & Shiri-Fetski, 2009). La diversité des facteurs en jeu dans les difficultés cognitives des personnes âgées (avec l’importante variabilité interindividuelle qui en découle) et la variété des mécanismes impliqués dans une tâche cognitive contribuent à la multiplicité des évolutions des personnes ayant reçu le diagnostic de « MCI » et en particulier au fait que la grande majorité de ces personnes n’évoluent pas vers une « démence ».

* La soi-disant « maladie d’Alzheimer » n’est pas associée à des changements spécifiques dans le cerveau. On constate des modifications dans des régions du cerveau très variables, et pas nécessairement dans certaines régions dites « temporales » (notamment dans l’hippocampe), comme l’exigeaient les critères de diagnostic traditionnels (voir p. ex. Wolk et al., 2010). De plus, quand on examine le cerveau de personnes décédées et qui ont reçu de leur vivant le diagnostic de « maladie d’Alzheimer », on observe chez bon nombre d’entre elles une variété d’anomalies neuropathologiques : pas uniquement celles considérées comme typiques de la « maladie d’Alzheimer » (les plaques séniles et les dégénérescences neurofibrillaires), mais aussi des lésions vasculaires, de l’atrophie, des corps de Lewy, etc.; voir Fotuhi et al., 2009). Par ailleurs, chez les personnes présentant une « maladie d’Alzheimer dite pure » (sans lésions vasculaires), une grande partie de la variabilité des déficits cliniques n’est pas expliquée par les dépôts amyloïdes, les dégénérescences neurofibrillaires et la perte neuronale dans la formation hippocampique (voir Giannakopoulos et al., 2009). On peut également observer dans le cerveau de beaucoup de personnes âgées qui ne présentaient pas de leur vivant de difficultés cognitives importantes (pas de « démence ») un taux important de signes pourtant considérés comme « caractéristiques  » de la maladie d’Alzheimer (plaques séniles et dégénérescences neurofibrillaires), ainsi d’ailleurs que d’autres anomalies neuropathologiques (voir Davis et al., 1999 ; Fotuhi et al, 2009). De plus, un volume plus important de l’hippocampe et un volume cérébral total plus important permettent aux personnes âgées de conserver un bon niveau d’efficience cognitive, en dépit d’un haut niveau de pathologie « Alzheimer » (Ertens-Lyons et al., 2009).

* Il existe de nombreuses interprétations neurobiologiques de la prétendue « maladie d’Alzheimer », faisant appel à des mécanismes très différents, et sans qu’aucune interprétation ne fasse clairement l’unanimité. Ainsi, notamment, plusieurs auteurs contestent fermement l’hypothèse dominante selon laquelle les plaques séniles, le traitement précurseur de la protéine bêta-amyloïde et le métabolisme de la protéine bêta-amyloïde jouent un rôle causal dans la « maladie d’Alzheimer » (voir Castellani et al., 2009). Plus généralement, ces auteurs considèrent que l’approche de la pathogenèse de la « maladie d’Alzheimer » basée sur l’exploration de cascades de petites molécules est fondamentalement réductionniste et rétrograde et qu’elle a empêché le financement de recherches explorant d’autres hypothèses.

 

Pour une approche en termes de continuum (une approche « post-kraepelinienne »), qui assume pleinement la  complexité et les nuances du vieillissement cérébral/cognitif

La prise en compte de l’ensemble de ces données plaide clairement pour l’adoption d’une approche qui considère le vieillissement cérébral/cognitif en termes de continuum et non plus sur base de catégories pathologisantes telles que la « maladie d’Alzheimer » ou le « MCI » (voir Walters, 2010 ; Mungas et al., 2010 ; Singh-Manoux & Kivimäcki, 2010). Il s’agit d’une approche qui tenterait d’identifier les différents facteurs (biologiques, psychologiques, sociaux, environnementaux…), ainsi que leurs différentes combinaisons, impliqués dans l’atteinte, plus ou moins progressive et rapide, d’un facteur cognitif général, ainsi que dans la présence concomitante de déficits disproportionnés et plus ou moins progressifs affectant certains domaines cognitifs, variables selon les personnes.

Au plan strictement neurobiologique, il s’agirait de s’affranchir de l’approche fondamentalement réductionniste basée sur l’exploration de cascades de petites molécules pour explorer d’autres hypothèses impliquant en particulier des interactions entre diverses combinaisons de facteurs neurobiologiques (voir McDonald et al, 2010).

Par ailleurs, plutôt que de suivre une approche cérébrale strictement localisatrice, il semblerait plus pertinent d’explorer les facteurs pouvant contribuer à une réduction, plus ou moins progressive et rapide, de la coordination (de l’intégration) de l’activité cérébrale entre différents réseaux cérébraux à grande échelle, laquelle peut s’accompagner de difficultés cognitives dans plusieurs domaines (Andrews-Hanna et al., 2007).

Il s’avérerait aussi particulièrement intéressant d’examiner dans quelle mesure il existe une fragilité développementale de certains réseaux cérébraux (différents selon les personnes), qui pourrait rendre compte, en interaction avec d’autres facteurs (biologiques, psychologiques, sociaux et environnementaux), de la présence de déficits disproportionnés et progressifs dans certains domaines cognitifs (voir Mesulam, 2007 ; Geschwind et al., 2001). Enfin, il s’agirait de prendre en compte les capacités de compensation (la plasticité cérébrale et cognitive) des personnes âgées et d’examiner les facteurs qui modulent cette plasticité et qui contribuent ainsi aux différences interindividuelles (Park & Reuter-Lorenz, 2009 ; Lövden et al., 2010).

Au plan clinique, cette approche différente du vieillissement cérébral devrait amener à une autre conception du diagnostic, qui n’enferme pas la personne présentant un vieillissement cognitif problématique dans des catégories catastrophistes de « maladies de fin de vie ». Cette approche consisterait à informer la personne qui présente un vieillissement cognitif problématique qu’elle a effectivement des difficultés cognitives dans certains domaines, que le vieillissement s’accompagne inévitablement de difficultés cognitives et que, même si elle a plus de difficultés que d’autres personnes âgées, elle a aussi des capacités préservées. Elle serait en outre informée du fait que l’évolution de ses difficultés n’est pas prévisible, qu’il existe de grandes différences interindividuelles dans cette évolution et que ses difficultés et leur évolution sont déterminées par des facteurs multiples (environnementaux, sociaux, psychologiques, biologiques...). On lui indiquerait en outre que l’on peut encore bien vivre avec des difficultés cognitives et avoir une place et un rôle dans la société, qu’il existe différentes démarches susceptibles de ralentir et d'atténuer l’impact des difficultés cognitives, qu’une de ces démarches est de rester partie prenante dans la société et de continuer à s’engager utilement en fonction de ses moyens. On lui dirait enfin quil n’existe pas, et n’existera pas, de médicament miracle et, donc, qu’elle doit laisser au médicament la place qu’elle souhaite lui donner en ayant connaissance de ses mérites réels et de ses effets secondaires…

Cette approche devrait aussi conduire à favoriser les interventions psychologiques et sociales intégrées dans la communauté de vie des personnes, ainsi que la prévention (à tous âges et à différents niveaux : stress, contrôle de l’hypertension, nourriture, toxiques environnementaux, etc.), visant à retarder les aspects problématiques du vieillissement cérébral/cognitif ou à en diminuer les effets.    

 

Que proposent les experts mandatés par le «National Institute of Aging» et l’ «Alzheimer’s Association» ?

Dans la partie qui suit, nous avons traduit et synthétisé les critères proposés par les experts dans leurs trois rapports, concernant respectivement la démence de type « maladie d’Alzheimer », le « MCI » (en général et plus spécifiquement consécutif à la «maladie d’Alzheimer»), et enfin la « maladie d’Alzheimer préclinique » (critères élaborés à des fins de recherche).

 

A. Les critères de « démence » en général (toutes causes de « démence » confondues) 

Ces critères, classiques, impliquent la présence de symptômes cognitifs et comportementaux, qui interfèrent avec les activités sociales et professionnelles, qui représentent un déclin par rapport aux niveaux de fonctionnement et de performance antérieurs, qui ne sont pas expliqués par un état délirant, ni par un trouble psychiatrique important, qui sont identifiés via une combinaison de sources et qui impliquent au moins deux des domaines parmi la mémoire, le raisonnement/planification/prise de décision, les capacités visuelles et spatiales, les fonctions langagières, les changement de personnalité et de motivation.

 

B. Les critères plus spécifiques de la démence de type « maladie d’Alzheimer »

* Le début doit être insidieux : les symptômes ont une installation graduelle portant sur plusieurs mois ou années.

* Il existe une histoire claire d’aggravation de la cognition, déterminée par un compte-rendu ou l’observation.

* Des déficits cognitifs sont mis en évidence, via un entretien sur l’histoire de la personne ou via un examen, dans une des deux catégories suivantes: une présentation amnésique (dite la plus commune) dans laquelle les troubles de mémoire sont prédominants (avec la présence de déficits dans d’autres domaines) ; des présentations non-amnésiques : une présentation langagière avec un manque du mot prédominant (et des déficits dans d’autres domaines cognitifs), une présentation visuelle incluant agnosie des objets, trouble de la reconnaissance des visages, alexie, asimultagnosie (avec des déficits dans d’autres domaines) et une présentation exécutive dans laquelle les déficits prédominants concernent le raisonnement, le jugement et la résolution de problèmes (avec des déficits dans d’autres domaines).

Dans ce contexte, les experts proposent de distinguer :

1. La démence de type « maladie d’Alzheimer » pathologiquement prouvée : elle rencontre les critères précédemment décrits et est prouvée sur base d’un examen neuropathologique.

2. La démence de type « maladie d’Alzheimer » clinique, probable et possible.

* La démence de type « maladie d’Alzheimer » probable : elle rencontre les critères précédemment décrits ET il n’y a pas de données suggérant un autre diagnostic (en particulier une maladie cérébrovasculaire significative). Le diagnostic de démence de type « maladie d’Alzheimer » probable peut être amélioré par une des 3 caractéristiques suivantes qui en augmentent la certitude : 1. Un déclin documenté aux évaluations subséquentes, sur base des informateurs et d’un bilan cognitif (une évaluation brève du statut mental ou un examen neuropsychologique plus formel); OU 2. Des biomarqueurs positifs (dans le liquide céphalo-rachidien [LCR] : Abêta-42, tau/phospho-tau ; une imagerie amyloïde avec tomographie à émission de positons [TEP] positive ; un hypométabolisme glucidique temporopariétal en TEP ; une atrophie disproportionnée en IRM [imagerie à résonance magnétique] structurale dans les régions temporale médiale [en particulier l’hippocampe], basale et latérale et dans la région pariétale médiale) ; OU 3. La présence des critères cliniques et cognitifs de la démence de type « maladie d’Alzheimer » et une mutation autosomique dominante attestée (PSEN1, PSNE2, APP).

* La démence de type «maladie d’Alzheimer» possible : 1. Un décours atypique : absence de données ou incertitude concernant la présence d’un déclin progressif, avec cependant la présence d’autres critères cliniques et cognitifs de la démence de type « maladie d’Alzheimer » ; 2. La présence des critères cliniques et cognitifs, mais des biomarqueurs négatifs ; 3. Une présentation mixte : la présence des critères cliniques et cognitifs de la démence de type « maladie d’Alzheimer », mais aussi la présence de données suggérant une maladie cérébrovasculaire concomitante (plus d’un infarctus lacunaire, ou un seul infarctus important ou étendu, nombreuses anomalies hyperintenses de la substance blanche) ou données suggérant la présence de certaines des caractéristiques de la démence à corps de Lewy, sans qu’elles permettent d’aboutir au diagnostic de démence à corps de Lewy probable. 

 

C. Critères cliniques du diagnostic de « Mild Cognitive Impairment (MCI) » consécutif au processus de « maladie d’Alzheimer »

1. Critères pour le syndrome clinique et cognitif de MCI en général

* Il doit exister des éléments suggérant la présence d’une inquiétude quant à un changement dans le fonctionnement cognitif, par rapport au niveau antérieur de la personne. Cette inquiétude peut être relevée par le patient, par une personne qui connaît bien le patient ou par un clinicien qualifié qui observe le patient.

* Un déficit dans un ou plusieurs domaines cognitifs : il devrait y avoir des données indiquant une performance plus faible dans un ou plusieurs domaines cognitifs, déficit qui doit être plus important que ce que l’on attendrait compte tenu de l’âge et du niveau scolaire du patient. Ce changement peut se produire dans une variété de domaines cognitifs, incluant la mémoire, les fonctions exécutives, l’attention, le langage et les habiletés visuospatiales. Un trouble de la mémoire épisodique est plus communément observé chez les patients MCI qui progressent ultérieurement vers un diagnostic de « maladie d’Alzheimer ».

* Une préservation de l’indépendance dans les capacités fonctionnelles : les personnes avec un MCI ont de légers problèmes à réaliser des tâches fonctionnelles complexes qu’elles avaient l’habitude de réaliser, telles que payer des factures, préparer un repas, faire des achats au magasin. Elles peuvent prendre davantage de temps, être moins efficaces et commettre plus d’erreurs dans la réalisation de ces activités que par le passé. Néanmoins, elles conservent généralement un fonctionnement indépendant dans la vie quotidienne, avec un minimum d’aide et d’assistance.

*  Pas de démence : les changements cognitifs devraient être suffisamment légers que pour qu’il n’y ait aucune indication de trouble significatif dans le fonctionnement social et professionnel. Il est important d’insister sur le fait que le diagnostic de MCI exige des éléments indiquant un changement intra-individuel. Si une personne a seulement été évaluée une fois, ce changement devra être inféré à partir de l’histoire et/ou de données montrant que la performance cognitive est perturbée au-delà de ce qu’on attendrait pour cette personne. Une série d’évaluations serait bien entendu optimale, mais elle peut ne pas être réalisable dans certaines circonstances.

 2. Caractéristiques cognitives du MCI consécutif au processus de « maladie d’Alzheimer »

* Selon les  experts, un trouble de la mémoire épisodique est le plus fréquemment observé chez les patients MCI qui évolueront vers un diagnostic de « maladie d‘Alzheimer ». Ils indiquent en outre qu’une variété de tests de mémoire épisodique peuvent être utilisés pour l’identification des patients MCI (Test de Rappel Libre/Rappel Indicé, Test des 15 mots de Rey, California Verbal Learning Test, Mémoire Logique I et II de la Wechsler Memory Scale, etc.) et qu’il faut prêter une attention particulière à la comparaison entre rappel immédiat et rappel différé.

Ils mentionnent que d’autres domaines cognitifs doivent être explorés au moyen de tâches telles que le Trail Making (fonctions exécutives), le test de dénomination de Boston (langage), la fluence verbale catégorielle et phonémique (langage), la copie de dessins (capacités spatiales) ou l’empan de chiffres à l’endroit (attention).

Si un test formel ne peut pas être administré, des tâches simples telles que apprendre une adresse (John Brown, 42 Market Street, Chicago) et la rappeler après quelques minutes, ou nommer trois objets placés dans différents endroits de la pièce et les rappeler (ainsi que leur localisation) après un bref délai, peuvent apporter des informations utiles. Les experts relèvent néanmoins que ce type de tâche peut s’avérer insensible à des difficultés légères.

* Il existe généralement un trouble fonctionnel léger dans la réalisation de tâches complexes, mais les activités de base de la vie quotidienne doivent être préservées et les critères de démence ne doivent pas pouvoir s’appliquer. 

* La mise en évidence d’un déclin cognitif progressif fournit un élément supplémentaire en faveur du diagnostic de MCI consécutif au processus de la « maladie d’Alzheimer ».

* Les experts attirent enfin l’attention sur la nécessité de disposer de normes solides selon l’âge (en particulier chez les plus âgés des âgés) et le niveau d’éducation, et aussi de prendre en compte la dimension culturelle.

3. Etiologie du syndrome clinique et cognitif compatible avec une « maladie d’Alzheimer »

* Une fois qu’un syndrome clinique et cognitif de MCI, compatible avec une « maladie d’Alzheimer », a été identifié, il s’agit ensuite d’en déterminer l’étiologie probable (neurodégénérative, vasculaire, dépressive, traumatique ou reliée à des co-morbidités médicales). Généralement, cette information sera obtenue via l’histoire des problèmes, mais des examens complémentaires (neuroimagerie, examen neuropsychologique) pourront également s’avérer utiles.

* Pour aboutir à un diagnostic de MCI consécutif à un processus de « maladie d’Alzheimer », il est nécessaire d’exclure d’autres maladies systémiques ou cérébrales (par ex., vasculaire, traumatique, médicale). Cette stratégie diagnostique est similaire à celle adoptée pour un diagnostic de démence de type « maladie d’Alzheimer ». Il s’agira notamment de rechercher des indications de 1 : Parkinsonisme, hallucinations visuelles importantes, anomalies du sommeil REM, à savoir des signes souvent rencontrés dans la démence à corps de Lewy ; 2. Facteurs vasculaires multiples et/ou présence d’une maladie vasculaire étendue en neuroimagerie structurale ; 3. Troubles du langage et comportementaux saillants et précoces pouvant refléter une dégénérescence frontotemporale lobaire ; 4. Un déclin cognitif se produisant sur quelques semaines ou mois, indiquant typiquement une maladie à prion, une tumeur ou des troubles métaboliques. Il faut relever que les caractéristiques pathologiques de certains de ces troubles peuvent exister avec la « maladie d’Alzheimer » (par ex., corps de Lewy, maladie vasculaire).

* Si une forme autosomique dominante de « maladie d’Alzheimer » est présente (mutation APP, PS1, PS2), alors le développement du MCI est très vraisemblablement le prodrome de la démence de type « maladie d’Alzheimer ». La grande majorité de ces cas développent une « maladie d’Alzheimer » précoce (avant 60 ans). Il subsiste cependant des incertitudes quand au décours temporel de la progression de MCI à « maladie d’Alzheimer » chez ces individus. Il existe aussi des influences génétiques dans le développement de la « maladie d’Alzheimer » à début tardif : la présence de l’allèle E4 dans le gène ApoE est le seul gène largement reconnu comme augmentant le risque de développer une « maladie d’Alzheimer » à début tardif, alors que la présence de l’allèle E2 diminue ce risque. Il existe en outre des données suggérant qu’un individu ayant les critères cliniques, cognitifs et étiologiques du MCI consécutif à une « maladie d’Alzheimer » et qui présente aussi l’allèle E4 a plus de probabilités de progresser vers la « maladie d’Alzheimer » endéans quelques années, qu’une personne qui ne présente pas cette caractéristique génétique. On a fait l’hypothèse que beaucoup d’autres gènes pourraient jouer un rôle important, mais plus réduit que l’ApoE, dans l’accroissement du risque de « maladie d’Alzheimer ».

* Les experts discutent également longuement de l’utilisation des biomarqueurs dans le diagnostic de MCI consécutif à la « maladie d’Alzheimer ». Au plan du diagnostic, les experts considèrent que des données issues d’un biomarqueur reflétant la neuropathologie moléculaire de la « maladie d’Alzheimer » fournissent le soutien le plus fort à l’hypothèse que le syndrome clinique et cognitif de MCI a une étiologie « maladie d’Alzheimer » (même si d’autres types de biomarqueurs indiquant des modifications topographiques cérébrales, structurales et métaboliques augmentent aussi le niveau de certitude du diagnostic). Les biomarqueurs pourraient s’avérer particulièrement utiles dans les présentations non mnésiques du MCI.

* Enfin, les experts proposent de distinguer : 1. Le MCI d’étiologie neurodégénérative correspondant au syndrome clinique et cognitif de MCI compatible avec la « maladie d’Alzheimer » ; 2. Le MCI de type « maladie d’Alzheimer » quand la personne correspond aux critères précédents de MCI, mais avec en outre un ou plusieurs biomarqueurs topographiques cérébraux dus aux effets de la « maladie d’Alzheimer » (par ex., des données indiquant en IRM une atrophie temporale médiale ou en TEP un hypométabolisme temporopariétal) ; 3. Une démence de type «maladie d’Alzheimer» prodromique, quand, en plus des critères précédents, la personne aura un biomarqueur indiquant une neuropathologie moléculaire de « maladie d’Alzheimer » (la probabilité sera encore accrue s’il existe, en plus, des biomarqueurs topographiques positifs). Si les biomarqueurs moléculaires et topographiques sont négatifs ou ambigus, cela n’exclut pas l’étiologie « Alzheimer » du MCI, mais cela en rend la probabilité faible par rapport à d’autres étiologies. 

 

D. Critères opérationnels de la «maladie d’Alzheimer préclinique » (à des fins de recherche)

1. Biomarqueurs (faible taux de peptide bêta-amyloïde 42 dans le LCR et/ou TEP amyloïde positive) suggérant l’accumulation de bêta-amyloïde (Stade 1 = amyloïdose cérébrale asymptomatique).

2, Biomarqueurs suggérant un dysfonctionnement synaptique et/ou une neurodégénérescence précoce (Stade 2 = présence d’une positivité amyloïde et d’un ou plusieurs autres marqueurs de la «maladie d’Alzheimer») : a. Niveau élevé de tau et phospho-tau dans le LCR ; b. Hypométabolisme glucidique en TEP compatible avec la « maladie d’Alzheimer » (cingulaire postérieur, précuneus, et/ou temporal latéral) ; amincissement cortical/perte de matière grise dans des régions cérébrales compatibles avec la « maladie d’Alzheimer » (cortex pariétal latéral et médial, cingulaire postérieur et temporal latéral) et/ou atrophie hippocampique à l’IRM volumétrique.

3. Indications d’un déclin cognitif subtil, mais qui ne correspond pas aux critères du MCI ou de la démence (Stade 3 = positivité amyloïde + marqueurs de dégénérescence + symptômes cognitifs très précoces) : a. Déclin cognitif progressif démontré à des tests cognitifs standards, mais ne correspondant pas aux critères du MCI ; b. Trouble subtil à des tests cognitifs exigeants dont la réalisation fait appel à une capacité innée ou à des réserves cognitives, mais ne correspondant pas aux critères du MCI.

 

Examen critique des propositions des experts

En dépit des données de plus en plus nombreuses attestant de l’extrême complexité des facteurs et mécanismes (intervenant tout au long de la vie) impliqués dans le vieillissement cérébral et cognitif, des nuances multiples de ses manifestations et de la nécessité d’aborder cette complexité et ces nuances dans une perspective de continuum, les experts ont choisi de maintenir et même d’accentuer fortement, en confinant parfois à l’absurde, une approche catégorielle (« kraepelinienne ») et biomédicale (en donnant un poids très important aux biomarqueurs).

Cette obstination est d’autant plus surprenante que certains des experts mandatés par le « National Institute of Aging » et l’« Alzheimer’s Association » ont reconnu cette complexité dans leurs écrits antérieurs. On doit donc supposer que des éléments autres que scientifiques ont contribué à cette « myopie intellectuelle », éléments très vraisemblablement à mettre en lien avec le pouvoir financier et d’influence que représente l’ « empire Alzheimer » dans ses différentes composantes (médecins spécialistes, chercheurs, entreprises pharmaceutiques, politiciens, associations…).

 

Les critères de la démence de type « maladie d’Alzheimer »

Un élément neuf dans les rapports des experts est qu’ils reconnaissent l’hétérogénéité des déficits cognitifs dans la « maladie d’Alzheimer » en admettant qu’elle peut s’exprimer de différentes façons au plan cognitif : ils distinguent ainsi une présentation amnésique et des présentations non amnésiques (une présentation langagière, une présentation visuelle et une présentation exécutive).

Ce faisant, ils n’ont pas réellement pris en compte l’extrême hétérogénéité des difficultés cognitives qu’observent les cliniciens dans leur pratique quotidienne. Cette hétérogénéité ne se résume pas à quelques catégories supplémentaires, mais s’exprime de manière bien plus profonde, et ce d’autant plus que l’on affine l’évaluation. Ainsi, par exemple, différents types de troubles du langage peuvent être observés chez des personnes ayant reçu le diagnostic (y compris neuropathologique) de « maladie d’Alzheimer », au-delà du simple manque du mot : notamment des troubles prenant la forme d’une aphasie progressive non fluente, d’une démence sémantique ou encore d’une aphasie phonologique/logopénique (Rohrer et al., 2010 ; Alladi et al., 2007). De même, ont été décrits, entre autres, des troubles praxiques, des modifications de personnalité et du comportement socio-émotionnels (semblables à ceux observés dans la variante comportementale de la démence frontotemporale) ou même une apraxie de la parole (Alladi et al., 2007, Gerstner et al., 2007).

Si les déficits cognitifs de la prétendue « maladie d’Alzheimer » peuvent s’exprimer de multiples façons, il s’ensuit que cette « maladie » n’a plus de spécificité diagnostique au plan cognitif et son « diagnostic » ne peut dès lors plus s’effectuer, à un niveau différentiel, sur base d’un examen neuropsychologique. On peut en outre s’interroger sur la pertinence des innombrables données recueillies, ces 25 dernières années, sur cette « maladie » diagnostiquée selon les critères traditionnels.

 

Le MCI consécutif au processus de « maladie d’Alzheimer »

Alors que les problèmes soulevés par le concept de MCI, tant au plan de sa validité que de son caractère pathologisant, ont été soulevés par un nombre croissant d’études, les experts confortent ce diagnostic et proposent même de l’affiner en introduisant les informations fournies pas les biomarqueurs.

Il faut tout d’abord relever la non prise en compte totale par les experts des multiples problèmes méthodologiques et psychométriques que pose l’évaluation cognitive devant mener au diagnostic de MCI et qui sont relatifs àl’adéquation de l’échantillon normatif, la forme de la distribution, la fiabilité des mesures, l’ampleur du score et son rang dans la distribution, la présence d’effets plancher/plafond ou encore la variabilité des scores et la prévalence normale de scores faibles (Brooks et al., 2009). En tant que psychologues, on reste également pantois d’apprendre (même si les experts incitent à la prudence) qu’un déficit cognitif léger (de type MCI) pourrait être mis en évidence par des tâches telles qu’apprendre une adresse (John Brown, 42, Market Street, Chicago) et la rappeler après quelques minutes ou encore nommer trois objets placés dans différents endroits de la pièce et les rappeler (ainsi que leur localisation) après un bref délai…

La critique la plus importante que nous adressons à ce concept, c’est une fois de plus de réduire la complexité et les nuances du vieillissement cérébral et cognitif et de contribuer à sa pathologisation. Il ne s’agit pas de mettre en question le fait qu’une personne âgée puisse présenter des difficultés cognitives légères. C’est une évidence de penser qu’une personne âgée qui a des problèmes cognitifs importants, d’installation progressive, a présenté auparavant des difficultés plus légères. Ce que nous contestons, c’est de faire de ces difficultés légères une catégorie définie par des critères spécifiques et réducteurs.

Ce faisant, les experts scotomisent, à quelques exception près, le fait que la performance à un test cognitif peut être influencée par de très nombreux facteurs autres que ceux en lien avec une prétendue atteinte cérébrale, tels que l’anxiété et les inquiétudes (et les tentatives de les supprimer), le stress, les ruminations, les troubles du sommeil, la consommation de certains médicaments, l’adhésion aux stéréotypes négatifs sur le fonctionnement cognitif, etc. Ils négligent aussi le fait que la performance à un test cognitif est déterminée par des processus multiples, autres que les processus censés représenter le domaine cognitif d’intérêt ; ainsi, la performance à un test de mémoire épisodique peut être influencée par la vitesse de traitement, l’attention sélective, les capacités perceptives, les fonctions exécutives, des processus mnésiques non épisodiques, etc. Ils omettent de mentionner que les performances à différentes tâches censées évaluer un domaine cognitif particulier ne sont pas complètement équivalentes, mais sont déterminées par différents types de processus, intervenant de façon différente selon les tâches. Ainsi, par exemple, en ce qui concerne la mémoire épisodique, les performances à des tâches de rappel de récit, de paires de mots associés et de rappel libre/indicé de mots dépendent, de façon variable selon les tâches, de différents mécanismes mnésiques et non mnésiques : ceci rend dès lors très difficile la mise en relation de la performance avec un déficit spécifique et une atteinte cérébrale associée, ainsi que la comparaison entre ces tâches. Et, enfin, ils oublient d’insister sur le fait que le score à un test cognitif ne fournit que des informations très partielles sur le fonctionnement quotidien d’une personne.

De façon plus générale, il est étonnant de constater que les experts n’intègrent pas dans leur réflexion le constat que le devenir dominant des personnes ayant reçu le diagnostic de MCI (au travers des définitions et après contrôle de l’âge) n’est pas la « démence  » (même après un délai de 10 ans ; Mitchell & Shiri-Feski, 2009), mais plutôt la stabilité, le retour à la normale ou une évolution non classifiable (Matthews et al., 2008).

Il y a, en outre, quelques aspects surprenants dans les critères spécifiques de MCI consécutif à un processus de « maladie d’Alzheimer » proposés par les experts. Ainsi, par exemple, les experts indiquent que le déficit de mémoire épisodique est le plus fréquemment observé chez les personnes présentant un MCI qui évoluera vers un diagnostic de « maladie d’Alzheimer ». Cela va à l’encontre des données montrant que la définition de MCI qui prédit le mieux la « démence » est le MCI « domaines multiples (troubles mnésiques et non mnésiques) »: en d’autres termes, ce qui prédit le mieux le fait d’avoir des problèmes cognitifs dans plusieurs domaines (ce qui est au plus proche des critères diagnostiques de « démence » tels que rappelés par les experts), c’est d’avoir eu quelque temps auparavant des problèmes cognitifs dans plusieurs domaines (Matthews et al., 2008), Par ailleurs, Saunders et Summers (2010) montrent que 83% d’un groupe de 60 personnes ayant reçu le diagnostic classique de MCI-domaine unique/amnésique (à savoir des plaintes mnésiques corroborées par un proche et un trouble objectivé à un test de mémoire épisodique en l’absence d’autre dysfonctionnement cognitif) présentent, en fait, quand on leur administre des tests sensibles et spécifiques, des difficultés dans d’autres domaines cognitifs (difficultés attentionnelles, problèmes de mémoire de travail, problèmes sémantiques). De plus, 35% des personnes ayant reçu le diagnostic de MCI « subjectif » (à savoir des plaintes mnésiques corroborées par un proche, pas de trouble objectivé à un test de mémoire épisodique, un fonctionnement cognitif général normal) montrent également des troubles de l’attention et de la mémoire de travail. Relevons enfin l’étude de Dickerson et al. (2010) montrant que le phénotype dysexécutif est fréquent cher les personnes ayant reçu le diagnostic de MCI et de « maladie d’Alzheimer très légère ».

Il faut enfin noter un constat que ne mentionnent pas les experts : la  plupart des modèles actuels de prédiction du risque de « démence » ne permettent pas de distinguer efficacement (avec une haute sensibilité ET une haute spécificité) les personnes à risque de développer une démence des personnes qui ne le sont pas.  C’est la conclusion sans équivoque à laquelle ont abouti récemment Stephan et al. (2010) dans un article publié dans la revue Nature Reviews. Neurology, après un examen des résultats de 25 études sélectionnées selon des critères stricts. Cette conclusion vaut tant pour les études qui se sont focalisées sur le concept de MCI que pour les études menées sur la population âgée dans son ensemble et qui ont utilisé des modèles de prédiction fondés sur un examen neuropsychologique (avec différentes combinaisons de tests cognitifs ou de scores factoriels) ou des données démographiques (âge, genre, éducation), des données concernant le style de vie (par ex., l’activité physique) et des données relatives à la santé autour de la cinquantaine  (par ex., la pression systolique). Les prédictions les plus élevées sont celles issues de modèles qui ont incorporé diverses sources d’information relatives à de multiples facteurs de risque (les performances cognitives, les facteurs en lien avec la santé et le style de vie, les données de neuroimagerie et de génétique, l’évaluation subjective par les proches).

Sur base de ces différentes données, nous considérons que l’utilisation clinique du concept catégoriel de MCI est inacceptable et d’ailleurs, que son utilisation au plan de la recherche est tout autant problématique.

 

Les marqueurs biologiques

Si la soi-disant «maladie d’Alzheimer» n’a plus de spécificité diagnostique au plan cognitif, au-delà de la présence de difficultés cognitives progressives de nature très variable, on comprend que les experts aient placé un accent tout particulier sur la contribution des marqueurs biologiques au diagnostic de la « maladie d’Alzheimer ». 

Cependant, si c’est le statut même de la « maladie d’Alzheimer », en tant qu’entité distincte ayant des caractéristiques cérébrales et neuropathologiques spécifiques qui est mis en question, la recherche de marqueurs biologiques d’une « maladie » qui n’existe pas en tant que telle perd tout son sens. En particulier, si le vieillissement cérébral/cognitif (dans ses multiples expressions et évolutions) dépend en fait de nombreux facteurs biologiques en interaction et si la contribution de ces facteurs (et de leurs interactions) peut varier d’une personne à l’autre, il fait peu de sens de se pencher sur l’apport diagnostique spécifique des biomarqueurs de type neuropathologique moléculaire, censés refléter la présence de caractéristiques spécifiques (protéines bêta-amyloïde et tau) d’une prétendue « maladie d’Alzheimer ». Rappelons par ailleurs que les relations entre déficits cognitifs et ces caractéristiques neuropathologiques ne sont pas fortes (voir Giannakopoulos et al, 2009 ; Evert-Lyons et al. 20099) et que, plus fondamentalement, leur rôle causal dans le déclin cognitif des personnes âgées est contesté (Castellani et al., 2009). 

De même, les biomarqueurs topographiques cérébraux  (via l’IRM structurale et la TEP) proposés par les experts se fondent encore, pour l’essentiel, sur des études ayant utilisé les critères diagnostiques classiques de la soi-disant « maladie d’Alzheimer », lesquels attribuaient une importance particulière aux troubles de la mémoire épisodique. A partir du moment où les nouveaux critères proposés par les experts reconnaissent la diversité des manifestations cognitives de cette prétendue « maladie », y compris la présence disproportionnée de troubles exécutifs, on peut s’interroger sur la pertinence des indications fournies par les experts quant à la topographie des anomalies cérébrales considérées comme caractéristiques de la « maladie d’Alzheimer », à savoir un hypométabolisme glucidique temporopariétal en TEP et une atrophie disproportionnée en IRM structurale dans les régions temporale médiale (en particulier l’hippocampe), basale et latérale et dans la région pariétale médiale.

Il faut également relever que les experts eux-mêmes reconnaissent les limites importantes des connaissances actuelles concernant notamment l’exactitude prédictive des biomarqueurs, chez une personne donnée, le « timing » du déclin qu’ils pourraient décrire, ainsi que les implications de résultats conflictuels relatifs à différents biomarqueurs (voir notamment p. 8 du rapport « Criteria for Mild Cognitive Impairment due to AD » ; http://www.alz.org/research/diagnostic_criteria/). Cela ne les conduit cependant pas à s’interroger sur la pertinence et les dangers d’une utilisation de ces biomarqueurs dans un cadre clinique. 

De façon plus générale, il apparaît que la relation qu’entretiennent certains biomarqueurs avec le déclin cognitif de la personne âgée est d’une très grande complexité et que nous sommes loin de disposer d’un tableau clair. Par exemple, en ce qui concerne les marqueurs génétiques, les experts précisent que la présence de l’allèle E4 du gène de l’apolipoprotéine E (ApoE) constitue un facteur de risque important de vieillissement cérébral/cognitif problématique (ou, dans leur terminologie, de « maladie d’Alzheimer »). Une étude récente de Wolk et al. (2010) nous permet d’illustrer la complexité de cette influence génétique. Les auteurs ont comparé les différences dans le fonctionnement cognitif et la topographie de l’atrophie corticale régionale chez des personnes ayant reçu le diagnostic de « maladie d’Alzheimer » légère à très légère, porteuses ou non de l’allèle E4. Seules ont été sélectionnées, les personnes ayant reçu le diagnostic de « maladie d’Alzheimer » et qui présentaient à l’examen du liquide céphalorachidien les caractéristiques considérées comme typiques de la « maladie d’Alzheimer » (signant une présence significative de plaques amyloïdes et de dégénérescences neurofibrillaires).

Les résultats de cette recherche indiquent que les porteurs de l’allèle E4 montrent des troubles plus importants que les non-porteurs dans une tâche de mémoire épisodique (de mots), et plus spécifiquement dans le taux de rétention des mots après 30 minutes, ainsi que dans une mesure de discrimination (d’) en reconnaissance, alors que la performance des deux groupes en rappel immédiat n’est pas significativement différente. Par contre, les non-porteurs de l’allèle E4 obtiennent des performances significativement moins bonnes que les porteurs au test du Trail Making (une mesure, entre autres, de la flexibilité cognitive), à l’empan de chiffres à l’envers (une mesure de la mémoire de travail), ainsi qu’en dénomination d’images. Aucune différence significative entre les groupes n’est par contre observée à une tâche de fluence verbale sémantique, à l’empan à l’endroit et à une tâche de substitution chiffres/symboles. Par ailleurs, les porteurs de l’allèle E4 montrent une atrophie temporale médiale plus importante que les non-porteurs alors que les non-porteurs montrent une atrophie frontopariétale plus importante que les porteurs. Les auteurs interprètent ces résultats en suggérant que le génotype de l’ApoE module le phénotype clinique de la « maladie d’Alzheimer » via son influence sur des réseaux cérébraux à grande échelle : respectivement, le réseau de la mémoire épisodique pour les porteurs de l’allèle E4 et l’interaction entre le réseau « attentionnel dorsal » et le système de « contrôle frontopariétal » pour les non-porteurs. Il faut noter que Pievani et al. (2009) ont eux-aussi montré une atrophie plus importante dans les régions orbitofrontales et frontopariétales dorsales chez des personnes ayant reçu le diagnostic de « maladie d’Alzheimer », mais non porteuses de l’allèle E4.

 Ces résultats, au demeurant intéressants, soulèvent plusieurs questions (relevées d’ailleurs par les auteurs) :

* d’autres facteurs génétiques (outre le gène de l’ApoE) et non-génétiques (éducation, différences interindividuelles dans les capacités cognitives prémorbides, problèmes médicaux prémorbides, facteurs vasculaires, etc.) peuvent influencer le profil cognitif et la topographie des atteintes cérébrales ;

* les mécanismes par lesquels l’ApoE produit la dissociation observée sont loin d’être clairement établis et différents modes d’action ont été invoqués, comme, par exemple, outre un rôle dans la production et le dépôt de la bêta-amyloïde, ainsi que dans la réduction de l’efficacité des mécanismes de réparation neuronale, un rôle dans la plasticité synaptique, la neuroinflammation, le dysfonctionnement mitochondrial, un mauvais métabolisme du glucose, etc. (voir Kim et al,, 2009).

 * la (relative) préservation de certaines fonctions cognitives et régions cérébrales observée chez les porteurs de l’allèle E4 est également loin d’être claire. En effet, des études d’autopsie ont mis en évidence une distribution topographique des plaques amyloïdes similaire chez les porteurs de l’allèle E4 et chez les non-porteurs, mais avec, chez les porteurs, des dépôts de plaques amyloïdes plus importants et plus étendus dans les régions néocorticales, y compris les lobes frontaux et pariétaux (par ex., Drzezga et al., 2009). Il s’ensuit que l’atrophie moins importante de ces dernières régions chez les porteurs de l’allèle E4 semble être sous-tendue par d’autres mécanismes que les plaques amyloïdes.  

On perçoit une fois de plus dans les résultats de ce travail et les questions qu’il soulève la nécessité de prendre en compte l’hétérogénéité et la complexité des mécanismes en jeu dans le vieillissement cérébral/cognitif et, en ce qui concerne l’ApoE, l’intérêt qu’il y aurait à examiner la contribution de ce génotype, en conjonction avec d’autres facteurs, chez les personnes âgées présentant des difficultés cognitives plus ou moins importantes, sans a priori de type catégoriel (« kraepelinien »). Il s’agirait par ailleurs d’adopter des mesures du fonctionnement cognitif (notamment exécutif) ayant une base conceptuelle pl

us solide et qui intègrent également des évaluations du fonctionnement dans la vie quotidienne

 

En conclusion, au plan de la recherche, nous ne mettons pas en question l’intérêt qu’il y a à explorer la validité prédictive de certains marqueurs biologiques concernant le vieillissement cérébral/cognitif problématique. Cependant, les biomarqueurs devraient être utilisés (quand leur implication dans le vieillissement cérébral/cognitif a été fermement établie et quand leur mesure s’est avérée fiable), non pas comme des marqueurs diagnostiques de prétendues « maladies », mais plutôt comme reflétant certaines mécanismes généraux (au sein d’un ensemble complexe de mécanismes en interaction) pouvant se présenter de façon variable selon les cas et dans des combinaisons également variables, chez des personnes âgées présentant des difficultés cognitives plus ou moins importantes.

 

Au plan clinique, outre le fait qu’il subsiste de très importantes incertitudes concernant leur capacité de prédire un déclin cognitif et son évolution, l’utilisation des biomarqueurs (obtenus via des techniques parfois invasives et stressantes, comme une ponction lombaire ou un examen d’imagerie cérébrale, et relativement onéreuses) ne peut actuellement apporter aucun bénéfice direct aux personnes âgées en termes de traitement. Il n’existe en effet aucun médicament ayant une efficacité significative sur la qualité de vie et le fonctionnement cognitif quotidien. De plus, il n’est nul besoin de disposer des informations fournies par d’éventuels marqueurs biologiques pour encourager la mise en place de mesures de prévention (en lien avec l’activité physique, l’engagement social, les activités cognitives stimulantes, la réduction du stress, l’influence des stéréotypes, etc.) visant à différer et/ou atténuer les manifestations problématiques du vieillissement cérébral/cognitif. 

Par contre, l’adoption de ces biomarqueurs dans le cadre d’une démarche diagnostique conduira à enfermer de plus en plus de personnes, et de façon de plus en plus précoce, dans des catégories pathologisantes, alors qu’un grand nombre d’entre elles pourraient continuer à bénéficier d’une bonne qualité de vie et d’un fonctionnement autonome. Cette pathologisation du vieillissement induira une série de conséquences négatives : stigmatisation, anxiété/dépression/honte, modification dans les relations familiales, isolement social, déclassement professionnel (ou refus d’embauche), difficultés auprès des assureurs (risque de ne plus pouvoir être assuré ou de subir une augmentation de primes), adhésion aux stéréotypes négatifs en lien avec ces catégories, consommation accrue de médicaments psychotropes,  etc. Enfin, compte tenu du caractère tellement incertain des informations fournies par les biomarqueurs sur le devenir cognitif d’une personne âgée, il va sans dire que l’utilisation des biomarqueurs à des fins de diagnostic précoce ne peut pas être justifiée en invoquant la possibilité offerte aux personnes âgées de planifier leur futur, en connaissance de cause.

Notre position sur ce point est dès lors très nette: l’utilisation de biomarqueurs dans un cadre clinique ne devrait actuellement pas être envisagée. Par ailleurs, l’argent qui serait ainsi économisé pourrait être plus utilement investi dans la mise en place d’une autre approche de l’évaluation et de l’intervention, moins réductionniste, moins stigmatisante et davantage centrée sur la personne et sa communauté de vie.

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commentaires

V
<br /> <br /> On aurait pu se dire qu'établir de nouveaux critères de diagnostic reviendrait à affiner les anciens critères.<br /> <br /> <br /> Ici, on se rend bien compte, au contraire, que les critères sont élargis.<br /> <br /> <br /> Comme dans les critères actuels, on a:<br /> <br /> <br /> - début insidieux<br /> <br /> <br /> - aggravation<br /> <br /> <br /> -"présentations amnésiques"<br /> <br /> <br /> Mais maintenant, on note en plus des<br /> <br /> <br /> -"présentations non amnésiques" <br /> <br /> <br /> (langagière plus autre domaine / visuelle + autre domaine / exécutifs + autres domaines)<br /> <br /> <br /> C'est vraiment consternant (mais surtout malheureux) de voir à quel point toute personne avec des troubles cognitifs évolutifs pourrait être étiqueté "Malade<br /> d'Alzheimer" (avec le poids de tels mots) .<br /> <br /> <br /> Les (soi-disants  ) experts ne sont-ils peut-être pas assez formés en<br /> neuropsychologie ou psychologie cognitive?<br /> <br /> <br /> Ou alors (et plus certainement), les laboratoires fournissent-ils, en plus des autres privilèges, des oeillères à tous ces experts?<br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br /> <br />
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