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A propos des auteurs

  • Martial Van der Linden est docteur en psychologie, professeur honoraire de neuropsychologie et psychopathologie aux Universités de Genève et de Liège. Une partie de ses travaux est consacrée aux effets du vieillissement sur le fonctionnement dans la vie quotidienne, et ce, dans une perspective plurifactorielle et intégrative.
  • Anne-Claude Juillerat Van der Linden est docteure en psychologie, chargée de cours à l'Université de Genève et psychologue clinicienne spécialisée en neuropsychologie. Après 20 ans en tant que responsable à la Consultation mémoire des Hôpitaux universitaires de Genève, elle a créé et dirige la consultation "Vieillir et bien vivre" à la maison de santé Cité Générations.
  • Tous deux ont fondé en 2009 une association du nom de VIVA (Valoriser et intégrer pour vieillir autrement), qui promeut à l'échelle locale des mesures de prévention du vieillissement cérébral problématique.

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17 août 2010 2 17 /08 /août /2010 17:54

Diverses études longitudinales ont mis en évidence que les personnes qui avaient un niveau scolaire plus élevé (plus d’années d’études) au début de leur vie présentaient un risque moindre de présenter un vieillissement cérébral/cognitif problématique (une « démence »).

 

Le niveau de scolarité est relié au statut socio-économique, à un style de vie plus sain et plus avantageux et, possiblement, à une exposition moindre aux toxines environnementales. Ces différents facteurs pourraient ainsi contribuer à la réduction du risque de développer une « démence ». Une autre hypothèse, dite de la réserve cérébrale/cognitive, postule que les personnes plus scolarisées pourraient compenser leurs atteintes neuropathologiques : en d’autres termes, les personnes plus scolarisées auraient besoin de plus d’atteintes neuropathologiques pour présenter une « démence » que les personnes moins scolarisées. Cependant, des données contradictoires ont été obtenues concernant le lien entre le niveau de scolarité, le risque de « démence » et la sévérité des atteintes neuropathologiques.


Dans cette perspective, l’étude menée par les membres de l’ « Epidemiological Clinicopathological Studies in Europe » (EClipSE)  a combiné les données de trois études d’autopsies de personnes âgées issues de la population générale (ce qui a ainsi permis d’obtenir un échantillon d’une puissance statistique suffisante) afin d’explorer trois hypothèses : 1. Le niveau de scolarité protège-t-il contre l’accumulation de pathologies dans le cerveau ? ; 2. Le niveau de scolarité permet-il de compenser les déficits cognitifs associés à la pathologie ? 3. Cette compensation varie-t-elle avec la sévérité de la pathologie ?


Ces trois études européennes, qui ont permis d’obtenir un groupe de 872 personnes âgées ayant donné leur cerveau, ont débuté entre 1985 et 1991 (56% des personnes étaient qualifiées de « démentes » au moment de leur décès). Le nombre d’années d’études a été enregistré lors de l’évaluation initiale. La survenue d’une « démence clinique » (et d’autres problèmes de santé) était détectée via des entretiens réguliers de suivi (à des intervalles allant de 1 à 7 ans), complétés par des entretiens rétrospectifs avec les proches et par les données contenues dans le certificat de décès. L’examen des données neuropathologiques (plaques séniles hippocampiques et néocorticales, plaques diffuses, dégénérescences neurofibrillaires, angiopathie amyloïde cérébrale, atrophie, athérosclérose, lacunes, infarctus, hémorragies, anomalies de la substance blanche, stades de Braak, et poids du cerveau) a été effectué de la même manière dans les trois études, en se basant sur le protocole du « Consortium to Establish a Registry for Alzheimer’s Disease (CERAD) ». Des niveaux de sévérité ont été établis pour les différentes variables neuropathologiques.

 

De façon générale, ces résultats montrent qu’un plus grand nombre d’années d’études est associé à un risque réduit de « démence ». Par contre, aucune relation n’a été observée entre le niveau de scolarité et la sévérité des pathologies neurodégénératives et vasculaires.

Par ailleurs, un nombre plus élevé d’années d’études réduit le risque de « démence clinique » de façon largement indépendante de la sévérité de la pathologie cérébrale : autrement dit,  pour tout niveau spécifique de pathologie cérébrale, les personnes âgées qui ont suivi un nombre plus important d’années d’études présentent un risque réduit de démence.

Cette étude indique donc qu’un niveau scolaire plus élevé ne protège pas contre la neuropathologie neurodégénérative ou vasculaire observée chez les personnes au moment où elles meurent, mais il semble atténuer l’impact de cette pathologie sur l’expression clinique de la « démence » avant le décès.

Globalement, ces données sont en accord avec l’hypothèse de la réserve cognitive/cérébrale, selon laquelle les personnes plus scolarisées sont plus aptes à compenser la pathologie cérébrale, mais les mécanismes précis par lesquels cette compensation opère sont encore mal connus (nous reviendrons sur cette question dans une de nos futures chroniques). Quoi qu’il en soit, ces données montrent en quoi il est essentiel d’investir dans l’éducation, non seulement pour des raisons générales d’équité, mais aussi pour permettre un vieillissement cérébral/cognitif optimal.


Il faut enfin relever que si le niveau de scolarité semble agir sur le vieillissement cérébral/cognitif via la réserve cognitive/cérébrale, d’autres facteurs tels que le stress durant la cinquantaine ou les toxiques environnementaux (voir notamment nos chroniques « Risque de démence et stress psychologique » et « Menaces environnementales sur la santé cérébrale ») pourraient affecter plus directement  l’intégrité cérébrale via différents types de mécanismes (par ex., inflammatoires, oxydatifs, vasculaires ; White, 2010).   

 

education.jpg

    

EClipSE Collaborative Members (2010). Education, the brain and dementia. Brain, 133, 2210-2216.

White, L. (2010). Educational attainment and mid-life stress as risk factors for dementia in late life. Brain, 133, 2180-2184.

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