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A propos des auteurs

  • Martial Van der Linden est docteur en psychologie, professeur honoraire de neuropsychologie et psychopathologie aux Universités de Genève et de Liège. Une partie de ses travaux est consacrée aux effets du vieillissement sur le fonctionnement dans la vie quotidienne, et ce, dans une perspective plurifactorielle et intégrative.
  • Anne-Claude Juillerat Van der Linden est docteure en psychologie, chargée de cours à l'Université de Genève et psychologue clinicienne spécialisée en neuropsychologie. Après 20 ans en tant que responsable à la Consultation mémoire des Hôpitaux universitaires de Genève, elle a créé et dirige la consultation "Vieillir et bien vivre" à la maison de santé Cité Générations.
  • Tous deux ont fondé en 2009 une association du nom de VIVA (Valoriser et intégrer pour vieillir autrement), qui promeut à l'échelle locale des mesures de prévention du vieillissement cérébral problématique.

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9 octobre 2010 6 09 /10 /octobre /2010 18:10

Il est de plus en plus reconnu que le vieillissement (notamment cognitif) d’une personne est façonné, en partie du moins, par ses proches, et en particulier par le conjoint ou le/la partenaire dans le couple. En effet, les compétences des personnes âgées dans la vie quotidienne s’expriment souvent dans des situations qui font intervenir celles ou ceux qui partagent leur vie. Par ailleurs, beaucoup de couples âgés ont en commun une longue histoire d’expériences et possèdent une connaissance approfondie des forces et faiblesses de chacun des membres du couple.   

 

L’influence des conjoints ou partenaires de vie sur le décours du vieillissement a le plus souvent considéré la personne individuelle comme l’unité d’analyse de base. Récemment, on a vu apparaître un nouveau mouvement de recherche sur le vieillissement qui vise à explorer la dynamique du couple et l’influence mutuelle des conjoints (voir le numéro spécial à paraître dans la revue Gerontology).

 

Les recherches dans ce domaine, encore peu nombreuses, abordent deux questions importantes : en quoi l’appartenance à un couple confère-t-elle des avantages ou désavantages aux personnes âgées au plan du fonctionnement cognitif, affectif et social et comment ces avantages ou désavantages peuvent-ils être détectés, classés et interprétés ? (voir Dixon, 2010). Les bénéfices qui peuvent découler de la collaboration au sein d’un couple de personnes âgées sont modulés par différents facteurs, encore imparfaitement identifiés. Il apparaît en tout cas qu’un facteur essentiel est l’expertise interactive possédée par le couple (la familiarité avec l’interaction, laquelle peut notamment conduire à diminuer les ressources cognitives exigées par la collaboration au sein du couple et ainsi contribuer aux effets compensateurs de cette collaboration; voir Rauers et al., 2010). 

 

De façon intéressante, un des articles (Strawbridge et al., 2010) à paraître dans le numéro spécial de la revue Gerontology montre (auprès de 378 couples de personnes âgées entre 46 et 89 ans et suivis pendant 5 ans) qu’une autoévaluation initiale négative effectuée par les maris concernant leur fonctionnement cognitif prédit, 5 ans plus tard, une autoévaluation plus négative par les épouses de leur propre fonctionnement cognitif. Cependant, cette relation n’est observée que chez les épouses décrivant des problèmes conjugaux préexistants. Par contre, aucune relation n’a été constatée entre l’évaluation initiale du fonctionnement cognitif des épouses et le fonctionnement cognitif ultérieur des maris. Les auteurs suggèrent que la présence de déficits cognitifs chez le mari pourrait entraver la possibilité pour les épouses de mener une vie active et engagée.

Par ailleurs, dans la mesure où il apparaît que la communication et la qualité des relations conjugales sont plus importantes pour les épouses âgées que pour leurs maris, il s’ensuit que l’affaiblissement du fonctionnement cognitif des maris serait associé à davantage de stress et de dépression chez les épouses, particulièrement dans les couples où la relation était déjà considérée, par elles, comme étant de faible qualité. Il s’agit cependant de prendre en compte le fait que la qualité d’une relation de couple est, en tant que telle, une variable extrêmement complexe. Quoi qu’il en soit, cette étude montre le rôle important à la fois des caractéristiques spécifiques de la relation de couple et des différences individuelles caractérisant chacun des partenaires.

 

Cependant, une autre étude de ce numéro spécial (Walker et al., 2010) révèle, via un suivi longitudinal de 11 ans de 316 couples de personnes âgées (âge médian de 75 ans), qu’une évaluation initiale négative de leur bien-être subjectif par les épouses prédit une évaluation ultérieure plus négative par les maris, et ce après avoir contrôlé l’influence de l’âge, du niveau scolaire, de la santé, du nombre d’enfants et de la longueur du mariage. Par contre, la relation inverse n’est pas observée. Cette étude, considérée en parallèle avec la précédente, suggère que les mécanismes en jeu dans l’impact du couple sur le fonctionnement des conjoints sont différents selon le domaine envisagé (fonctionnement cognitif ou bien-être).

 

Selon Dixon (2010), de  la même manière que des études épidémiologiques tentent d’identifier la multitude des facteurs qui sont en jeu dans le vieillissement cérébral/cognitif individuel, il s’avérerait également essentiel de mener des recherches épidémiologiques visant à explorer les facteurs de risque susceptibles d’affecter l’intégrité et la stabilité de ce qu’il appelle « la réserve cognitive dyadique ». Cette réserve cognitive dyadique peut être maintenue via une contribution équivalente des deux partenaires, une contribution asymétrique à laquelle les partenaires se sont accoutumée ou encore une compensation par l’un des partenaires du déclin qualitatif ou quantitatif de la contribution de l’autre. Un facteur protecteur particulièrement important à explorer pourrait être l’engagement social du couple…

 

couple2.jpg

 

Dixon, R.A. (2010). Evaluating everyday competence in older adult couples: Epidemiological considerations. Gerontology, à paraître.

Rauers, A., Riediger, M., Schmiedek, F., & Lindenberger, U. (2010). With a little help from my spouse: Does spousal collaboration compensate for the effects of cognitive aging? Gerontology, à paraître.

Strawbridge, W., J., Walhagen, M.I., & Shema, S.J. (2010). Spousal interrelations in self-reports of cognition in the context of marital problems. Gerontology, à paraître.

Walker, R., Luszcz, M., Gerstorf, D., & Hoppmann, Ch. (2010). Subjective well-being dynamics in couples from the Australian longitudinal study of aging. Gerontology, à paraître.

     

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