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A propos des auteurs

  • Martial Van der Linden est docteur en psychologie, professeur honoraire de neuropsychologie et psychopathologie aux Universités de Genève et de Liège. Une partie de ses travaux est consacrée aux effets du vieillissement sur le fonctionnement dans la vie quotidienne, et ce, dans une perspective plurifactorielle et intégrative.
  • Anne-Claude Juillerat Van der Linden est docteure en psychologie, chargée de cours à l'Université de Genève et psychologue clinicienne spécialisée en neuropsychologie. Après 20 ans en tant que responsable à la Consultation mémoire des Hôpitaux universitaires de Genève, elle a créé et dirige la consultation "Vieillir et bien vivre" à la maison de santé Cité Générations.
  • Tous deux ont fondé en 2009 une association du nom de VIVA (Valoriser et intégrer pour vieillir autrement), qui promeut à l'échelle locale des mesures de prévention du vieillissement cérébral problématique.

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25 juillet 2010 7 25 /07 /juillet /2010 23:52

Des données de plus en plus nombreuses montrent que l’utilisation, chez les personnes âgées ayant reçu un diagnostic de « démence », de médicaments psychotropes, et notamment d’antipsychotiques, est peu efficace (voir Sink et al. 2005) et nocive (elle peut conduire à des effets indésirables graves, tels que des accidents vasculaires cérébraux, des chutes avec fracture de hanche, des effets extrapyramidaux ; voir Rochon et al., 2008). Il a également été montré qu’il était possible d’arrêter un traitement chronique par neuroleptique chez des personnes âgées « démentes » sans qu’il n’y ait d’effet négatif sur leur état cognitif, comportemental et fonctionnel (Ballard et al., 2008) et que cette interruption réduisait la mortalité (Ballard et al., 2009).

Et pourtant, le recours aux médicaments psychotropes semble encore extrêmement élevé, en tant que mesure de contrôle «chimique » des difficultés comportementales et psychologiques des personnes ayant reçu le diagnostic de « démence » (voir notre rubrique « Une consommation élevée de médicaments dans les structures d’hébergement et de soin à long terme pour personnes âgées en Belgique »). 

Cette utilisation élevée de psychotropes vient d’être confirmée par Guthrie et al. (2010) dans une analyse rétrospective menée en 2007 sur les données de 271’365 personnes âgées de 65 ans et plus (issues de 315 structures de médecine générale en Ecosse), dont 10’058 (3.7%) avaient reçu le diagnostic de « démence ».

Les résultats montrent que les personnes avec une « démence » ont fréquemment reçu une prescription d’antipsychotique (17.7%), d’antidépresseur (28.7%) et de somnifère/anxiolytique (16.7%). Par comparaison avec la population générale de personnes âgées, le risque relatif de prescription d’antipsychotique, d’antidépresseur et de somnifère/anxiolytique est respectivement 17.4, 2.7 et 2.2 fois plus élevé chez les personnes présentant une « démence ». De plus, la plupart des prescriptions d’antipsychotiques chez les personnes avec « démence » portent sur une période prolongée (supérieure à 16 semaines).

Une des limites de cette étude tient au fait que les données ne contiennent pas d’information fiable permettant de savoir si les personnes âgées résidaient ou non dans une structure d’hébergement à long terme (structures dans lesquelles l’utilisation d’antipsychotiques est particulièrement fréquente). Il faut également relever que la prévalence de « démences » identifiée par cette étude sur base des informations contenues dans les dossiers des médecins généralistes est environ deux fois moins élevée que celle observée dans les recherches épidémiologiques. Selon les auteurs, en partant de l’hypothèse (très prudente) selon laquelle un quart des antipsychotiques prescrits aux personnes âgées sans « démence » l’ont en fait été à des personnes ayant une « démence », on pourrait ajouter 666 personnes avec « démence » ayant reçu une telle prescription aux 1785 personnes (17.7%) identifiées dans le dossier des médecins généralistes.

Le rapport 2008 du « All-Party Parliamentary Group on Dementia » en Angleterre concluait que « la prescription généralisée de médicaments antipsychotiques aux personnes présentant une démence constituait une atteinte aux droits de l’homme et que le temps d’agir était maintenant venu ». 

Comme l’indiquent Guthrie et al., changer cet état de fait nécessitera d’allouer des forces (et donc des financements) pour mettre en place des interventions non pharmacologiques (psychologiques, institutionnelles et sociales) visant les difficultés comportementales et psychologiques des personnes âgées présentant un vieillissement cérébral problématique. Cela exigera également la collaboration des médecins généralistes.   

 

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All-Party Parliamentary Group on Dementia. Always a last resort: Inquiry into the prescription of antipsychotics drugs to people with dementia living in care homes. London: House of Commons, 2008.

Ballard, C., Lana, M.M., Theodoulou, M., Douglas, S., McShane, R.M., Jacoby, R.., et al., on behalf of the Investigators DART AD. (2008). A randomised, blinded, placebo-controlled trial in dementia patients continuing or stopping neuroleptics (The DART-AD Trial). PLoS Medicine, 5, 587-599.

Ballard, C., Hanney, M.L., Theodoulou, M., Douglas, S., McShane, R.M., Kossakowski, K.., et al., for the DART-AD investigators. (2009). The dementia antipsychotic withdrawal trial (DART-AD): long-term follow-up of a randomised placebo-controlled trial. Lancet Neurology, 8, 151-157.

Guthrie, B., Clark, S.A., & C. McCowan (2010), The burden of psychotropic drug prescribing in people with dementia. Age and Ageing, à paraître.

Rochon, P.A., Normand, S.L., Gomes, T., Gill, S.S., Anderson, G.M., Melo, M., et al. (2008). Antipsychotic therapy and short-term serious events in older adults with dementia. Archives of Internal Medicine, 168, 1090-1096.

Sink, K.M., Holden, K.F., & Yaffe, K. (2005). Pharmacological treatment of neuropsychiatric symptoms of dementia. A review of the evidence. Journal of the American Medical Association, 293, 596-608.

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