Le retrait par la Haute Autorité de Santé (en France) des recommandations sur la maladie d’Alzheimer
Dans un communiqué de presse datant du 20 mai 2011 (http://www.has-sante.fr/portail/jcms/c_1056764/renforcer-la-transparence-et-la-gestion-des-conflits-dinterets?xtmc=&xtcr=3), la Haute Autorité de Santé en France annonce le retrait « spontané » des recommandations sur la maladie d’Alzheimer qu’elle avait élaborées en 2008 (voir http://www.formindep.org/IMG/pdf/maladie_dalzheimer_-_argumentaire_1_.pdf).
Ce retrait avait été demandé devant le Conseil d’Etat depuis 2009 par le FormIndep (« pour une formation et une information médicales indépendantes de tout autre intérêt que celui de la santé des personnes»), en considérant que ces recommandations avaient été élaborées en dépit de la législation et des règles internes de la gestion d’intérêts de la HAS (voir http://www.formindep.org/Les-pieces-de-la-procedure-contre.html).
Plus spécifiquement, FormIndep indiquait d’une part que, sur les 25 personnes composant le groupe formé pour l’élaboration des recommandations « Diagnostic et prise en charge de la maladie d’Alzheimer et des maladies apparentées », 3 n’avaient pas effectué de déclaration publique d’intérêts.
Plus grave, parmi les 22 expert(e)s ayant fait cette déclaration, 11 faisaient état de conflits d’intérêt tels qu’ils pouvaient être aisément qualifiés de majeurs (guide des déclarations d’intérêts et de prévention des conflits) compte tenu des liens étroits que les expert(e)s entretenaient avec les laboratoires chargés de la fabrication et de la commercialisation des produits médicamenteux de traitement de ces maladies qui faisaient l’objet de la recommandation attaquée.
Il faut relever que des voix se sont récemment fait entendre pour dénoncer le maintien sur le marché de médicaments « anti-Alzheimer » (Aricept/donépézil, Exelon/rivastigmine, Reminyl/galantamine et Ebixa ou Axura/mémantine), dont l’inefficacité ou la très faible efficacité et les effets secondaires (dont certains graves suite à une consommation à long terme) sont reconnus (voir notre chronique « Le vieillissement cérébral/cognitif problématique dans une société solidaire »). La question se pose d’ailleurs aussi concernant l’utilisation des antidépresseurs chez les personnes présentant un vieillissement cérébral/cognitif problématique (une « démence » ; voir notre récente chronique « Les symptômes dépressifs chez les personnes présentant un vieillissement cérébral/cognitif problématique »).
Dans ce contexte, on ne peut qu’être stupéfait de lire l’appréciation que fournissait la Commission de la Transparence de la HAS concernant la place des médicaments anti-Alzheimer dans la stratégie thérapeutique :
« Compte tenu de la gravité de la maladie d’Alzheimer et du possible rôle structurant du médicament dans la prise en charge globale de cette maladie, la commission de la Transparence considère, malgré un rapport efficacité/effets indésirables modeste, que le service médical rendu par les médicaments anticholinestérasiques (donépézil, galantamine, rivastigmine) aux stades léger, modéré et modérément sévère de la maladie d’Alzheimer et par la mémantine aux stades modéré, modérément sévère et sévère, reste important » (voir p. 36, http://www.formindep.org/IMG/pdf/maladie_dalzheimer_-_argumentaire_1_.pdf). Comprenne qui pourra !
Il faut espérer que ce retrait conduise à une réflexion plus large sur la prise en charge globale des personnes âgées présentant un vieillissement cérébral/cognitif problématique, incluant des interventions psychosociales centrées sur la vie quotidienne, et ce au sein de structures d’évaluation, de conseils, d’interventions et de suivi insérées dans le milieu de vie des personnes (voir nos chroniques « Une autre façon d’organiser les cliniques de la mémoire ? » et « Le vieillissement cérébral/cognitif problématique dans une société solidaire »). Le temps est venu pour que les psychologues francophones spécialisés en psychogérontologie clinique et appliquée se réunissent, avec d’autres professionnels, et proposent des recommandations d’interventions psychosociales, multiples, intégrées et empiriquement fondées.
La 1ère Journée Francophone de Psychogérontologie, organisée par la Fédération Française des Psychologues et de Psychologie, qui s’est tenue le 28 mai 2011 à Paris a clairement montré le potentiel des psychologues pour la mise en place d’une autre approche de l’évaluation et de l’intervention chez les personnes âgées. Nous décrirons, dans une toute prochaine chronique, certains des projets concrets qui ont été présentés durant cette journée.
©FormIndep
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