« L’étiologie de la démence liée à l’âge est plus complexe que ce que nous pensons ». C’est le titre d’un article récent dans lequel McDonald et al. (2010), se fondant sur une présentation de recherches effectuées tant chez l’humain que chez l’animal, défendent l’idée selon laquelle l’étiologie de la démence liée à l’âge est hétérogène et implique de multiples facteurs en interaction (voir également McDonald, 2002, pour une présentation préalable de cette conception). Les auteurs indiquent que la plupart des chercheurs doivent savoir intuitivement que la « démence » est multifactorielle, mais qu’ils ne prennent pas complètement en compte les implications de ce constat.
Leur conception théorique propose que la démence liée à l’âge est la conséquence d’interactions entre diverses combinaisons de facteurs, incluant les facteurs génétiques, les plaques séniles et dégénérescences neurofibrillaires, les modifications dans les neurotransmetteurs, les anomalies vasculaires, les hormones de stress, les rythmes circadiens, les crises d’épilepsies, les traumatismes crâniens, les prions, les oestrogènes, l’apoptose, le stress oxydatif, les toxines environnementales ou encore le métabolisme du glucose.
Ces facteurs sont divisés en facteurs passifs, qui créent un environnement neuronal rendant les neurones plus sensibles à des agents ou forces nuisibles, et en facteurs actifs, qui sont précisément ces agents et forces nuisibles pouvant produire la mort neuronale. Les auteurs prédisent qu’une combinaison d’au moins un facteur de chaque catégorie serait requise pour produire des problèmes cérébraux significatifs. Une personne soumise à des facteurs multiples des deux catégories présenterait des problèmes cérébraux plus importants. Ils indiquent cependant que beaucoup de facteurs peuvent avoir des composantes à la fois passives et actives, ce qui rend la distinction entre facteurs passifs et actifs quelque peu artificielle. Les auteurs présentent des exemples tirés de leurs propres recherches menées sur l’animal et sur les dysfonctionnements hippocampiques pour montrer la pertinence d’une telle approche
Une prédiction de cette conception est que différentes combinaisons de facteurs activeront des mécanismes différents de dysfonctionnement cérébral. En outre, deux personnes pourraient présenter des symptômes cliniques similaires, tout en ayant des combinaisons de facteurs différentes.
Cette approche des déclins cognitifs liés à l’âge est évidemment encore loin d’avoir abouti à un ensemble de conclusions indiscutables, en particulier chez l’humain, mais elle constitue un signe de plus montrant la nécessité d’assumer réellement la complexité du vieillissement cérébral (voir également Fotuhi et al., 2009 ; Mondragón-Rodriguez et al., 2010). Les auteurs insistent aussi sur l’importance qu’il y a à intensifier la recherche concernant le rôle de différentes combinaisons et interactions de facteurs dans les déficits cognitifs liées à l’âge et à explorer les mécanismes développementaux qui pourraient contribuer à la présence de certaines combinaisons de facteurs durant la vieillesse.
Robert McDonald
Fotuhi, M., Hachinski, V., & Whitehouse, P. (2009). Changing perspectives regarding late-life dementia. Nature Reviews Neurology, 5, 649-658.
McDonald, R.J. (2002). Multiple combinations of co-factors produce variants of age-related cognitive decline: a theory. Canadian Journal of Experimental Psychology, 56, 221-239.
McDonald, R.J., Craig, L.A., & Hong, N.S. (2010). The etiology of age-related dementia is more complicated that we think. Behavioural Brain Research, sous presse.
Mondragón-Rodriguez, S., Basurto-Islas, G., Lee, H.-G., Perry, G., Zhu, X., Castellani, R.J., & Smith, M.A. (2010). Causes versus effects : The increasing complexities of Alzheimer's disease pathogenesis. Expert Review of Neurotherapeutics, 10, 683-691.
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