Les manifestations problématiques du vieillissement cérébral (étiqueté sous le terme stigmatisant et inadéquat de « démence ») dépendent de très nombreux facteurs (voir par exemple nos dernières chroniques : « De nouveaux éléments appuyant la relation entre risques/troubles vasculaire et risque de "démence" et de "maladie d‘Alzheimer" » ; « Risque de démence et stress psychologique »).
L’alimentation constitue l'un de ces facteurs et cet aspect est largement abordé dans le chapitre 9 du livre « Le mythe de la Maladie d’Alzheimer », avec notamment les aspects bénéfiques du régime alimentaire méditerranéen par comparaison au régime alimentaire dominant dans les pays occidentaux.
Dans un article récent, Stephan et al. (2010) abordent la question du lien possible entre une consommation élevée de fructose et la présence d’un vieillissement cérébral problématique (une « démence »).
Il a été montré, tant chez l’animal que chez l’humain, que la consommation élevée de fructose conduisait à une dérégulation du métabolisme. En outre, plusieurs études menées chez l’animal montrent qu’une alimentation avec un taux élevé de fructose conduit à des problèmes de mémoire et d’apprentissage, ainsi qu’à des dysfonctionnements cérébraux (notamment au niveau hippocampique).
Les auteurs indiquent qu’aucune étude n’a à ce jour exploré, chez l’humain, les liens entre la consommation élevée de fructose et le vieillissement cérébral problématique (« démence »). Ils indiquent néanmoins que ce lien est hautement plausible. Cette relation conduirait, via des mécanismes divers, à des changements à moyen terme (hypertension, dyslipidémie, obésité perturbation de la tolérance au glucose, dysfonctionnement endothélial) favorisant l’apparition à long-terme de troubles cérébrovasculaires, de diabète de type 2 et de maladies cardiovasculaires, dont on sait qu’ils contribuent à l’apparition d’une « démence ».
Le fructose est un sucre simple, dont la consommation a considérablement augmenté durant les dernières décennies, principalement par le biais d’une hausse de consommation de boissons sucrées. Stephan et al. indiquent que, aux Etats-Unis, la consommation de sucre raffiné (en particulier de sirop de maïs à haute teneur en fructose, composé de 50% de fructose et à 41% de glucose) est passée d’une consommation annuelle estimée à 8.1 kg par personne au début du 19ème siècle à une estimation actuelle de 65 kg par personne.
L’ensemble de ces données suggèrent que la consommation accrue de fructose pourrait constituer une « bombe à retardement » (selon le terme utilisé par Stephan et al.,) pour l’apparition d’un vieillissement cérébral problématique (d’une « démence »). La mise en place de recherches sur les liens entre consommation de fructose et « risque de démence » paraît donc indispensable ; de plus, les données existantes suggèrent de limiter la consommation de fructose, particulièrement chez les enfants.
Stephan, B.C.M., Wells, J.C.K., Brayne, E., Albanese, E., & Siervo, M. (2010). Increased fructose intake as a risk factor for dementia. Journal of Gerontology : Biological Sciences, sous presse.
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