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A propos des auteurs

  • Martial Van der Linden est docteur en psychologie, professeur honoraire de neuropsychologie et psychopathologie aux Universités de Genève et de Liège. Une partie de ses travaux est consacrée aux effets du vieillissement sur le fonctionnement dans la vie quotidienne, et ce, dans une perspective plurifactorielle et intégrative.
  • Anne-Claude Juillerat Van der Linden est docteure en psychologie, chargée de cours à l'Université de Genève et psychologue clinicienne spécialisée en neuropsychologie. Après 20 ans en tant que responsable à la Consultation mémoire des Hôpitaux universitaires de Genève, elle a créé et dirige la consultation "Vieillir et bien vivre" à la maison de santé Cité Générations.
  • Tous deux ont fondé en 2009 une association du nom de VIVA (Valoriser et intégrer pour vieillir autrement), qui promeut à l'échelle locale des mesures de prévention du vieillissement cérébral problématique.

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18 juin 2010 5 18 /06 /juin /2010 17:39

L’alimentation constitue l'un des facteurs qui semble moduler les manifestations problématiques du vieillissement cérébral (voir, par exemple, notre chronique « Quand l’alimentation peut aussi constituer un  facteur de risque de vieillissement cérébral problématique (de "démence") »). Une étude récente entreprise par Gu et al. (2010) apporte de nouveaux éléments en faveur de cette association.

En fait, les recherches  ayant exploré l’impact de nutriments ou d’aliments individuels sur le risque de « démence » ont fourni des résultats peu consistants. Selon Gu et al., ces résultats hétérogènes tiennent peut-être au fait que les humains mangent des repas caractérisés par une combinaison complexe d’aliments ou de nutriments agissant en synergie. Il semblerait dès lors plus pertinent d’analyser l’effet d’un pattern alimentaire (« dietary pattern, DP »), à savoir une association spécifique entre aliments ou nutriments, plutôt que l’influence d’aliments ou de nutriments isolés. 

Ainsi, Gu et al ont examiné 2’148 personnes de la région de New York, âgées de plus de 65 ans et initialement non « démentes ». Les habitudes alimentaires de ces personnes ont été évaluées au moyen d’un questionnaire concernant la consommation de 61 aliments appartenant à 30 groupes constitués sur base de la similitude entre les aliments et de leur composition en nutriments. Les chercheurs ont ainsi identifié 7 patterns alimentaires distincts.

Sur une période moyenne de suivi de 3.9 années, 253 personnes (11.9%) ont développé un déclin cognitif (étiqueté du terme de « maladie d’Alzheimer »). Cependant, les personnes qui adhéraient le plus fortement à un pattern alimentaire spécifique (qualifié de DP 2) montraient une réduction marquée du risque de développer ce déclin cognitif. De plus, cette association se maintenait après avoir contrôlé l’influence de multiples facteurs socio-économiques.

Ce pattern alimentaire DP 2 se caractérise par une consommation élevée de vinaigrette (« salad dressing »), de noix, de poisson, de tomates, de volaille, de crucifères, de légumes à feuillage vert (épinards, laitue romaine, côtes de blettes, pissenlit, roquette…) et de fruits, mais par une faible consommation de produits laitiers à haute teneur en graisse, de viande rouge, d’abats et de beurre. Ce pattern alimentaire est riche en acides gras poly-insaturés (n-3 et n–6), vitamine E et folates, mais pauvre en acides gras saturés et en vitamine B12.

Comme l’indique Beal (2010), ce régime alimentaire est proche du régime méditerranéen, mais pourrait être plus utile, car il a été identifié au sein de patterns alimentaires naturellement présents dans la population new-yorkaise. Il est en effet plus facile d’accroître ou d’éviter la consommation d’aliments qui sont habituellement consommés dans sa propre culture. L’auteure relève par ailleurs le fait que certains aliments peuvent ne pas être spécifiquement associés à la prévention de la « démence », mais être simplement corrélés avec d’autres aliments préventifs. De même, la vitamine B12 pourrait être un marqueur de consommation de viande rouge, plutôt qu’être associée au déclin cognitif en tant que tel.

Quoi qu’il en soit, les données obtenues par Gu et al. (2010) plaident pour une exploration plus approfondie et plus systématique de l’impact de combinaisons d’aliments (en particulier dans différentes cultures) sur la prévention d’un vieillissement cérébral problématique.    


Marche-de-Hershey.jpg

Photographie de Danny George (co-auteur du "Myth of Alzheimer's disease") pris sur le marché de produits biologiques de Hershey (Pennsylvanie), qu'il a co-fondé pour contribuer à la santé de la population, notamment par l'accès à des produits locaux de qualité.

http://www.themythofalzheimers.com/blog/index.php/2010/06/05/farmers-market-in-hershey-launches-with-cognitive-wellness-in-mind/

 

Beal, E. (2010). Eating a combination of healthy foods lower the risk of developing Alzheimer disease. Nature Reviews Neurology, 6, 295.

Gu, Y., Nieves, J.W., Stern, Y., Luchsinger, J.A., & Scarmeas, N. (2010). Food combination and Alzheimer disease risk. Archives of Neurology, 67, 699-706.

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