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A propos des auteurs

  • Martial Van der Linden est docteur en psychologie, professeur honoraire de neuropsychologie et psychopathologie aux Universités de Genève et de Liège. Une partie de ses travaux est consacrée aux effets du vieillissement sur le fonctionnement dans la vie quotidienne, et ce, dans une perspective plurifactorielle et intégrative.
  • Anne-Claude Juillerat Van der Linden est docteure en psychologie, chargée de cours à l'Université de Genève et psychologue clinicienne spécialisée en neuropsychologie. Après 20 ans en tant que responsable à la Consultation mémoire des Hôpitaux universitaires de Genève, elle a créé et dirige la consultation "Vieillir et bien vivre" à la maison de santé Cité Générations.
  • Tous deux ont fondé en 2009 une association du nom de VIVA (Valoriser et intégrer pour vieillir autrement), qui promeut à l'échelle locale des mesures de prévention du vieillissement cérébral problématique.

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14 mai 2010 5 14 /05 /mai /2010 12:54

TimeSlips (www.timeslips.org) est une méthode développée par une professeure d'Art dramatique à l'Université de Wisconsin, Anne Basting, par laquelle des bénévoles, jeunes et âgés, animent des séances hebdomadaires de production d’histoires, en fournissant ainsi aux personnes âgées avec troubles cognitifs l’opportunité de laisser libre cours à leur instinct narratif et créatif et de s’insérer dans une communauté multigénérationnelle : on leur présente des images ambiguës et on les encourage à produire un récit à partir de ces images. Des personnes facilitatrices encouragent le processus, notamment en posant des questions ouvertes et en insistant sur le fait qu’il n’y a pas de réponses incorrectes. Toutes les productions sont régulièrement retranscrites, y compris les productions sans signification apparente, pour être incorporées dans un poème en prose. Par ailleurs, les personnes facilitatrices relisent régulièrement l'histoire déjà racontée par le groupe et font également en fin de séance la lecture de la production finale. Cette méthode encourage l’imagination, plutôt que d’imposer une charge sur la mémoire. De plus, la fantaisie et la créativité qui émergent au fil des sessions enlèvent aux participants la pression de parler et d’agir de manière rationnelle, cohérente et mettent en avant leurs capacités préservées et leur potentiel créatif. 

 

Une étude récente menée par Fritsch et al. (2009) fournit les premières données empiriques concernant les bénéfices tirés de l’application de cette méthode à un groupe de personnes âgées avec troubles cognitifs (« démence ») et vivant en institution. La méthode a été appliquée dans 10 institutions, sélectionnées aléatoirement parmi 20. Elle impliquait des groupes de 10 à 12 personnes âgées et comportait une séance d’une heure par semaine pendant 10 semaines. Deux semaines après l’implantation du programme, une observation directe des résidents et des membres du personnel (dans les 10 institutions qui ont reçu le programme et dans les 10 institutions de contrôle) a été menée durant 4 jours, en utilisant une méthode de mesure par intervalles de temps, consistant à enregistrer le comportement durant des intervalles de temps de 10 minutes. On observait alors les interactions entre les résidents et les membres du personnel, ainsi que l’engagement et les affects des résidents dans les espaces publics. 

 

Les résultats montrent que les personnes qui ont bénéficié du programme sont significativement plus engagées dans des interactions sociales que les autres ; elles sont également plus attentives. En outre, dans les institutions ayant appliqué le programme, on constate des interactions plus fréquentes entre les résidents et les membres du personnel et, par ailleurs, les membres du personnel de ces institutions ont une vision plus positive des résidents et les dévaluent moins souvent que les membres du personnel des institutions de contrôle.

 

Un résultat quelque peu inattendu est que les personnes âgées ayant été soumises au programme TimeSlips présentent plus d’émotions négatives (tristesse, peur, anxiété) et de « problèmes » comportementaux (agressivité, comportement répétitif, etc.) que les personnes de contrôle, même si l’ampleur de cette différence est relativement petite. De plus, les personnes de contrôle ont plus fréquemment des évaluations d’états « sans affect » (neutres). Les auteurs interprètent ces données en suggérant que la méthode TimeSlips encourage plus d’engagement social, ce qui peut induire une palette d’émotions et de comportements plus vaste. 


Cette première étude a donc fourni des résultats encourageants. Cependant, des recherches ultérieures s’imposent, notamment afin d’examiner les changements avec le temps (en effet, cette étude n’a pas effectué d’évaluation avant l’installation du programme), d’explorer les mécanismes par lesquels les effets bénéfiques sont produits et aussi d’évaluer les possibles effets négatifs de ce programme.


Fritsch, Th., Kwak, J., Grant, S., Lang, J., Montgomery, R.R., & Basting, A.D. (2009). Impact of TimeSlips, a creative expression intervention program, on nursing home residents with dementia and their caregivers. The Gerontologist, 49, 117-127.

TimeSlips2.jpgTimeslips 3

 

Exemple d'image utilisée dans la méthode TimeSlips et photographie d'une séance de TimeSlips animée par des étudiants du Penn State College of Medicine dans un établissement de Hersheys (Pennsylvanie). Les résidents regardent des images et sont invités à raconter l'histoire qu'elles évoquent pour eux. Toutes les productions sont alors retranscrites sur de grandes feuilles de papier et re-racontées aux participants (photographies publiées avec l'aimable permission de Danny George ; un diaporama de ces séances peut être visualisé sur l'article qu'il consacre à ce sujet sur le blog de "The myth of Alzheimer's").

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