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A propos des auteurs

  • Martial Van der Linden est docteur en psychologie, professeur honoraire de neuropsychologie et psychopathologie aux Universités de Genève et de Liège. Une partie de ses travaux est consacrée aux effets du vieillissement sur le fonctionnement dans la vie quotidienne, et ce, dans une perspective plurifactorielle et intégrative.
  • Anne-Claude Juillerat Van der Linden est docteure en psychologie, chargée de cours à l'Université de Genève et psychologue clinicienne spécialisée en neuropsychologie. Après 20 ans en tant que responsable à la Consultation mémoire des Hôpitaux universitaires de Genève, elle a créé et dirige la consultation "Vieillir et bien vivre" à la maison de santé Cité Générations.
  • Tous deux ont fondé en 2009 une association du nom de VIVA (Valoriser et intégrer pour vieillir autrement), qui promeut à l'échelle locale des mesures de prévention du vieillissement cérébral problématique.

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20 août 2011 6 20 /08 /août /2011 20:10

Les troubles respiratoires au cours du sommeil, caractérisés par des réveils fréquents et des épisodes d’hypoxémie, sont fréquents chez les personnes âgées et peuvent affecter jusqu’à 60% de la population âgée. Ces troubles ont été associés à divers problèmes de santé, tels que l’hypertension, des problèmes cardiovasculaires et le diabète. Ils ont également été mis en lien avec des difficultés cognitives, mais la majorité des études qui ont exploré cette question ont adopté une approche transversale ou se sont basées sur des mesures non objectives des troubles respiratoires.

Dans ce contexte, Yaffe et al. (2011) ont entrepris une étude visant à examiner, de façon prospective, s’il existait une relation entre les troubles respiratoires au cours du sommeil et la survenue ultérieure de difficultés cognitives, ainsi qu’à explorer les mécanismes impliqués dans cette relation.

Cette étude a été menée auprès de 298 femmes, âgées en moyenne de 82.3 ans, qui ne présentaient pas initialement de « démence » et qui avaient été soumises à un examen polysomnographique (au domicile et durant une nuit) entre janvier 2002 et avril 2004. Les troubles respiratoires au cours du sommeil étaient définis par un index d’apnée/hypoapnée correspondant à 15 événements ou plus par heure de sommeil.

Le diagnostic de «démence » et de « trouble cognitif léger » (« mild cognitive impairment ») était posé, selon les critères classiques, par un panel d’experts cliniciens (non informés du statut respiratoire des personnes durant le sommeil), sur base des résultats à un examen neuropsychologique, de l’histoire médicale et des données fonctionnelles. Ces informations ont été obtenues entre novembre 2006 et septembre 2008.

Une analyse de régression logistique multivariée a été effectuée afin de déterminer l’association indépendante entre les troubles respiratoires au cours du sommeil et le risque de « démence » ou de « trouble cognitif léger », en contrôlant l’influence de l’âge, de l’appartenance ethnique, de l’indice de masse corporelle, du niveau d’éducation, du tabagisme, de la présence de diabète, de la présence d’hypertension, de la prise de médicaments (antidépresseurs, benzodiazépines, anxiolytiques autres que benzodiazépines) et les scores cognitifs lors de la ligne de base. Par ailleurs, des mesures d’hypoxie, de fragmentation du sommeil et de durée du sommeil ont été prises afin d’explorer les mécanismes impliqués dans l’association.

Les résultats montrent que, en comparaison aux 193 femmes sans troubles respiratoires au cours du sommeil, les 105 femmes avec troubles respiratoires (35.2%) étaient plus susceptibles de développer une « démence » ou un « trouble cognitif léger » (44.8% vs 31.1%; AOR, 1.85 : 95% CI, 1.11-3.08). Par ailleurs, un index élevé de désaturation en oxygène (15 événements ou plus par heure) et un pourcentage élevé de temps de sommeil en apnée ou hypoapnée (>7%) étaient associés au risque de développer une « démence » ou un « trouble cognitif léger » » (respectivement AOR, 2.04 : 95% CI, 1.10-3.78 et AOR, 1.71 : 95% CI, 1.04-2.83). Par contre, les mesures de fragmentation du sommeil ou de la durée du sommeil (temps total de sommeil) n’étaient pas liées au risque de développer un trouble cognitif.

En conclusion, cette recherche montre que les troubles respiratoires au cours du sommeil sont reliés, chez des femmes âgées, à un risque accru de développer un trouble cognitif cinq ans plus tard. En outre, 2 indices d’hypoxie sur 3 sont relié à l’apparition d’une « démence » ou d’un « trouble cognitif léger », suggérant ainsi que l’hypoxie constitue un mécanisme probable par lequel les troubles respiratoires au cours du sommeil augmentent le risque de trouble cognitif (même si d’autres mécanismes sont possibles).

Cette étude observationnelle n’est pas sans limites, notamment le fait qu’elle a été menée seulement chez des femmes âgées, et aussi que l’examen polysomnographique a été réalisé pendant une nuit seulement, ce qui n’a pas permis d’évaluer la variabilité des troubles du sommeil avec le temps. D’autres recherches sont dès lors nécessaires afin de confirmer l’existence d’une relation temporelle, de cause à effet, entre les troubles respiratoires au cours du sommeil et l’apparition de troubles cognitifs chez les personnes âgées. Si les résultats de cette première recherche longitudinale étaient confirmés, ils plaideraient pour l’exploration de nouvelles stratégies de prévention focalisées sur la qualité du sommeil, y compris sur les troubles respiratoires au cours du sommeil.

troubles-sommeil.jpg©123rf

Yaffe, K., Laffan, A.M., Litwack Harrison, S., Redline, S., Spira, A.P., Ensrud, K., E., Ancoli-Israel, S., & Stone, K.L. (2011). Sleep-disordered breathing, hypoxia, and risk of mild cognitive impairment and dementia in older women. Journal of the American Medical Association, 306, 613-619.

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