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A propos des auteurs

  • Martial Van der Linden est docteur en psychologie, professeur honoraire de neuropsychologie et psychopathologie aux Universités de Genève et de Liège. Une partie de ses travaux est consacrée aux effets du vieillissement sur le fonctionnement dans la vie quotidienne, et ce, dans une perspective plurifactorielle et intégrative.
  • Anne-Claude Juillerat Van der Linden est docteure en psychologie, chargée de cours à l'Université de Genève et psychologue clinicienne spécialisée en neuropsychologie. Après 20 ans en tant que responsable à la Consultation mémoire des Hôpitaux universitaires de Genève, elle a créé et dirige la consultation "Vieillir et bien vivre" à la maison de santé Cité Générations.
  • Tous deux ont fondé en 2009 une association du nom de VIVA (Valoriser et intégrer pour vieillir autrement), qui promeut à l'échelle locale des mesures de prévention du vieillissement cérébral problématique.

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19 juillet 2010 1 19 /07 /juillet /2010 23:06

Plusieurs études ont montré que les facteurs de risque vasculaire et les maladies vasculaires jouent un rôle important dans le développement de la « démence» ou de la soi-disant « maladie d’Alzheimer » (voir notre chronique « De nouveaux éléments appuyant la relation entre risques/troubles vasculaires et risque de "démence" ou de "maladie d’Alzheimer"  »).

 

Une étude récente réalisée par Laukka et al. (2010) a confirmé l’impact des facteurs vasculaires sur le fonctionnement cognitif des personnes ayant reçu le diagnostic de la soi-disant « maladie d’Alzheimer ». Les auteurs ont suivi un groupe de personnes âgées de 75 ans et plus, issues de la population générale et qui ne présentaient pas de « démence » lors de l’évaluation initiale. Trois ans plus tard, 138 personnes avaient reçu le diagnostic de « maladie d’Alzheimer » et 783 personnes étaient restées sans « démence ».


La présence d’une histoire de maladies vasculaires (maladie cardiaque, accident vasculaire cérébral) a été identifiée, lors de l’évaluation initiale et après 3 ans, et son influence sur le fonctionnement cognitif a été comparée dans les deux groupes de personnes (avec ou sans « démence »). Lors de l’évaluation initiale, la présence de problèmes vasculaires était similaire dans les deux groupes de personnes.

Après avoir contrôlé l’influence de l’âge, du niveau d’éducation et du genre, les analyses montrent que, globalement (pour les deux groupes de personnes, avec ou sans « démence »), une histoire de maladie vasculaire a un impact négatif sur le fonctionnement cognitif, et ce tant lors de l’évaluation initiale qu’après 3 ans.


Par ailleurs, cet effet négatif sur le fonctionnement cognitif est significativement plus important chez les personnes ayant reçu le diagnostic de « maladie d’Alzheimer ». Enfin, les personnes qui présentaient le déclin cognitif le plus rapide entre l’évaluation initiale et l’évaluation menée après 3 ans étaient les personnes ayant reçu un diagnostic de « maladie d’Alzheimer » et qui avaient présenté un nouveau problème vasculaire (sans problème vasculaire lors de l’évaluation initiale) ou un problème vasculaire supplémentaire entre l’évaluation initiale et le suivi après 3 ans. Il apparaît donc que l’effet négatif des problèmes vasculaires sur le fonctionnement cognitif des personnes ayant reçu le diagnostic de « maladie d’Alzheimer » est amplifié durant la période proche du diagnostic. Il faut enfin noter que l’effet des troubles vasculaires sur le fonctionnement cognitif était indépendant du statut ApoE.


Cette étude va dans le même sens que celles qui ont montré que, quand on examine le cerveau de personnes décédées et qui ont reçu de leur vivant le diagnostic de « maladie d’Alzheimer », on constate chez bon nombre d’entre elles différents types d’anomalies : pas uniquement celles considérées comme typiques de la soi-disant maladie d’Alzheimer (les plaques séniles et les dégénérescences neurofibrillaires), mais aussi d’autres anomalies, comme des lésions vasculaires et d’autres (voir Fotuhi et al., 2009). 

 

Il subsiste cependant de nombreuses incertitudes quand à la nature de l’influence des facteurs vasculaires sur la survenue et l’évolution d’une « démence » (de la « maladie d’Alzheimer »): hypoperfusion cérébrale consécutive aux problèmes vasculaires et constituant le déclencheur d’autres mécanismes ou développement en parallèle des mécanismes vasculaires et des autres mécanismes, avec des actions additives ou en synergie.  Nous aurons l’occasion d’aborder ce point dans une prochaine chronique.

 

Quoi qu’il en soit, ces données renforcent l’idée selon laquelle la prévention et le traitement des facteurs de risque vasculaire pourraient à la fois différer l’apparition d’une « démence » et en ralentir l’évolution.

risque-vasc.jpg

 

Fotuhi, M., Hachinski, V., & Whitehouse, P. (2009). Changing perspectives regarding late-life dementia. Nature Reviews Neurology, 5, 649-658.

Laukka, E.J., Fratiglioni, L., & Bäckman, L. (2010). The influence of vascular disease on cogntive performance in the preclinical and early phases of Alzheimer’s disease. Dementia and Geriatric Cognitive Disorders, 29, 498-503.

 

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