Dans nos dernières chroniques, nous avons présenté deux facteurs de risque de vieillissement cérébral/cognitif problématique bien établis et pouvant faire l’objet de mesures de prévention (« De nouvelles données appuyant l’intérêt de mesures de prévention du vieillissement cérébral/cognitif problématique en lien avec le style de vie », Partie 1 : Le rôle du tabac et Partie 2 : Le rôle de l’activité physique).
Se basant sur les statistiques et projections australiennes relatives au vieillissement de la population, ainsi que sur les risques relatifs (identifiés par des études récentes) de développer une « démence » du fait d’être exposé à certains facteurs de risque modifiables, Nepal et al. (2010) ont établi un modèle visant à estimer le bénéfice que pourrait tirer la population australienne âgée de 45 ans et plus d’une modification de ces facteurs de risque.
Les auteurs montrent qu’une diminution de 5 à 10 %, tous les 5 ans à partir de 2006, de la proportion de fumeurs amènerait à une réduction de 2 à 4% des cas de « démence » en 2051 (ce qui correspondrait à 13’000-26’000 personnes « démentes » en moins). Une diminution de 5% des personnes physiquement inactives tous les 5 ans réduirait la « démence » de 11 % (70'000 personnes « démentes » en moins). Enfin, une réduction du taux d’obésité de 5% tous les 5 ans diminuerait la « démence » de 6% (40’000 personnes « démentes » en moins).
Il faut relever que le modèle utilisé par les auteurs est incapable d’évaluer les effets interactifs de la présence conjointe de plusieurs facteurs de risque. Néanmoins, cet exercice de modélisation a le mérite de montrer en quoi la vie de nombreuses personnes âgées pourrait être modifiée si des actions de prévention efficaces étaient effectuées (dans le domaine de la consommation de tabac, de l’obésité et de l’activité physique, mais aussi dans de nombreux autres domaines).
Il s’agit dès lors de réfléchir aux facteurs psychologiques pouvant contribuer à l’application effective et continue de mesures préventives. Sur cette question (comme sur d’autres, par exemple, la réduction des stéréotypes et de l’âgisme), les psychologues formés en psychologie sociale et en psychologie appliquée ont beaucoup à apporter ! (voir notre chronique « Comment présenter les messages de prévention aux personnes âgées ? »)
Il importe également de se pencher sur les mesures sociales et institutionnelles susceptibles d’encourager les changements de comportement, comme par exemple la réalisation d’activités physiques intergénérationnelles (voir notre chronique « Les relations entre la marche et le fonctionnement cognitif chez les personnes âgées: Optimiser la marche et l’équilibre par une approche intergénérationnelle »). Il serait aussi important de créer des lieux spécialement équipés pour permettre aux personnes âgées de s’entraîner physiquement à l’extérieur (des « places de jeu » pour adultes, éventuellement en conjonction avec les places de jeu pour enfants). Ce type d’endroits est fréquent dans les villes chinoises et l’on y voit des adultes, la plupart âgés de plus de 60 ans, faire des exercices physiques, mais aussi pratiquer divers types de jeux et des activités musicales (voir Dhand et al., 2010, ainsi que notre chronique « Un diaporama vivifiant sur les personnes âgées en Chine »).
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Dhand, A., Zhang, X., & Josephson, S.A. (2010). Increasing aerobic exercise in the community: The adult playground in Beijing, China. Archives of Neurology, 67, 1283 (Comments and opinions).
Erickson, K.I., Raji, C.A., Lopez, O.L., Becker, J.T., Rosano, C., Newman, A.B., et al. (2010). Physical activity predicts gray matter volume in late adulthood. The Cardiovascular Health Study. Neurology, à paraître.
Nepal, B., Brown, L., & Ranmuthugala, G. (2010). Modelling the impact of modifying lifestyle risk factors on dementia prevalence in Australian population aged 45 years and over, 2006-2051. Australasian Journal of Ageing, 29, 11-116.
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