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A propos des auteurs

  • Martial Van der Linden est docteur en psychologie, professeur honoraire de neuropsychologie et psychopathologie aux Universités de Genève et de Liège. Une partie de ses travaux est consacrée aux effets du vieillissement sur le fonctionnement dans la vie quotidienne, et ce, dans une perspective plurifactorielle et intégrative.
  • Anne-Claude Juillerat Van der Linden est docteure en psychologie, chargée de cours à l'Université de Genève et psychologue clinicienne spécialisée en neuropsychologie. Après 20 ans en tant que responsable à la Consultation mémoire des Hôpitaux universitaires de Genève, elle a créé et dirige la consultation "Vieillir et bien vivre" à la maison de santé Cité Générations.
  • Tous deux ont fondé en 2009 une association du nom de VIVA (Valoriser et intégrer pour vieillir autrement), qui promeut à l'échelle locale des mesures de prévention du vieillissement cérébral problématique.

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5 mai 2010 3 05 /05 /mai /2010 20:28

Dans un article récent, Weston et al. (2010) ont montré que, parmi 689 personnes ayant reçu un diagnostic de Mild Cognitive Impairment (MCI, ou trouble cognitif léger), 20,8% prenaient des médicaments* dont les effets négatifs sur le fonctionnement cognitif (mémoire, attention...) sont connus : sédatifs, barbituriques, myorelaxants, benzodiazépines, antispasmodiques, traitements de l'incontinence urinaire, etc. Et 5,1% des personnes prenaient même deux médicaments de ce type ou plus.


Ces données s'ajoutent à toutes celles qui montrent que la performance cognitive peut être influencée par des facteurs multiples - inquiétude, ruminations, stress, troubles du sommeil...- et donc que le MCI en tant que catégorie diagnostique spécifique, précurseure de la "démence", n'a aucun sens. 


* Qualifiés en anglais de PIM : Potentially Inappropriate Medication - soit des médicaments potentiellement non indiqués.

PIM

Weston, A.L., Weinstein, A.M., Barton, C., & Yaffe, K. (2010).  Potentially Inappropriate Medication use in older adults with mild cognitive impairment. Journal of Gerontology : Medical Sciences , 65A(3),  318-321.

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30 avril 2010 5 30 /04 /avril /2010 13:03

Il est une critique du livre « Le mythe de la maladie d’Alzheimer » qui nous touche particulièrement, car elle provient d’une personne diagnostiquée « malade d’Alzheimer » voici plus de douze ans. Cet homme a fait face à la stigmatisation en dénonçant – notamment via le site internet www.survivre-alzheimer.com sur lequel il a publié sa critique - le carcan auquel on voulait le condamner et en adoptant toute une série de mesures (soutien psychologique, rééducation neuropsychologique, pratique de la mindfulness, usage de l’ordinateur qui lui a permis de  se constituer un réseau de connaissances de par le monde…) qui lui ont permis de poursuivre dignement son existence.

 

Voici les paroles finales de son commentaire, par lesquelles il relaie le souhait des auteurs du "Mythe d'Alzheimer" de voir tomber les étiquettes aliénantes :


« Alors laissons ces mots à l’establishment du monde Alzheimer et composons une nouvelle mélodie, positive et forte celle-là, autour de cet ensemble de symptômes de causes diverses. Une mélodie qui aurait des refrains d’informer, de valoriser, de responsabiliser, de rendre citoyen et de promouvoir la mindfulness. »


 

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24 avril 2010 6 24 /04 /avril /2010 11:36

L’approche réductrice, biomédicale et biotechnologique, du vieillissement cérébral est parfaitement en phase avec l’évolution actuelle de l’université, y compris en Europe, bien décrite par Libero Zuppiroli, dans un petit livre, riche et plein d’humour, que nous vous conseillons vivement : « La bulle universitaire. Faut-il poursuivre le rêve américain ? » (Editions D’En Bas, 2010).

 

Une université qui inscrit ses axes de recherche dans la ligne des directives du rapport de la National Science Foundation des Etats-Unis paru en 2002, dont voici quelques extraits (repris dans Zuppiroli, 2010) : « Nous nous trouvons au seuil d’une nouvelle renaissance des sciences et technologies basées sur une compréhension d’ensemble de la structure et du comportement de la matière depuis l’échelle nanométrique jusqu’au système le plus complexe jamais découvert, le cerveau humain […]. Avancer à grands pas dans ces technologies convergentes, c’est créer le potentiel pour accroître à la fois les performances humaines et la productivité de la nation. Voici quelques exemples des bénéfices que nous pourrons en attendre : une amélioration de l’efficacité au travail et à l’apprentissage, une augmentation des capacités sensorielles et cognitives de l’individu, des méthodes de fabrication et des produits radicalement nouveaux, des changements révolutionnaires dans le domaine des soins médicaux qui amélioreront à la fois les efficacités individuelle et sociale, des technologies de communication hautement efficaces, dont l’interaction directe de cerveau à cerveau, le perfectionnement des interfaces homme-machine, incluant l’ingénierie neuronale pour les besoins industriels et personnels, le renforcement des capacités humaines à des fins de défense, les moyens d’atteindre le développement durable au travers des outils NBIC (nano-, bio-, info-, cogno-), le ralentissement enfin des déclins physique et mental des personnes âgées […]. » 

 

On voit là une conception de la recherche et du monde focalisée sur l’efficacité, le rendement, la compétition, l’individualisme, la primauté du cognitif. Un monde où la fragilité, la finitude, la différence, le contexte social et culturel, l’engagement social n’ont pas leur place (voir aussi la chronique précédente dans ce blog « Vieillir en bonne santé : L’enthousiasme biotechnologique et biomédical de Patrick Aebischer, président de l’Ecole Polytechnique Fédérale de Lausanne »).

 

Il s’agit d’une université « bling-bling », dans laquelle on agit, mais on ne pense pas,  « on annonce à la presse tous les miracles que les chercheurs […] vont réaliser prochainement », « […] on est obligé de publier dès que possible, dans des revues bien cotées, des résultats de travaux encore inachevés [...]. Une université de professeurs « managers », qui consacrent l’essentiel de leurs activités à pratiquer « le Networking, le Fundraising, le Marketing et le Management ». Une université qui se nourrit de l’argent des multinationales (notamment pharmacologiques…).

 

Libero Zuppirelo montre en quoi une autre manière de concevoir l’université est possible : une université dans laquelle les enseignants et les chercheurs pèsent davantage « les responsabilités sociales auxquelles tout technoscientifique se trouve inévitablement confronté » ; une université qui met en avant l’esprit critique, qui libère la parole et la pensée, qui s’affranchit des modes et des « chemins balisés des nanosciences, des biotechnologies et des sciences cognitives »,  qui prépare à un monde moins individualiste (« où il faudra apprendre à faire ensemble et à mieux partager les ressources »),  qui forme des étudiants pour « qu’ils soient prêts à prendre leurs responsabilités, pour construire l’avenir dans des conditions difficiles, mais exaltantes ».

 

Une université qui sait aussi se méfier d’elle-même et qui accepte de soumettre ses activités à un contrôle démocratique par la société civile. La nécessité d’un débat sur les conséquences possibles des recherches et les questions éthiques, impliquant des responsables de la société civile, est particulièrement nécessaire pour les sujets qui concernent la santé,  car « […] dans le domaine du vivant, l’argument thérapeutique des services que l’avenir rendra à la santé est toujours irrésistible pour légitimer après coup des investissements et des expériences dont il n’est pas établi qu’ils débouchent sur quoi que ce soit d’utile. » (Salomon, 2006 ; repris dans Zuppiroli, 2010). On trouvera dans les travaux sur les soi-disant maladies neurodégénératives de nombreux exemples illustrant ce constat…

 

Salomon, J.J. (2006). Les scientifiques entre pouvoir et savoir. Paris : Editions Albin Michel.

Zuppiroli, L. (2010). La bulle universitaire. Faut-il poursuivre le rêve américain ? Lausanne : Editions d’En-Bas.

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23 avril 2010 5 23 /04 /avril /2010 12:42

Dans la chronique « Scanner » du journal romand « Le Temps » (édition du 14 avril 2010), Patrick Aebischer, président de l’Ecole Polytechnique Fédérale de Lausanne, se réjouit à juste titre de l'amélioration significative de la qualité et de l’espérance de vie des personnes âgées, amenée par certains progrès biotechnologiques tels que les valves cardiaques, les pace-makers, les prothèses orthopédiques, dentaires ou auditives, etc. Il souligne également les effets bénéfiques, eu égard aux maladies liées à l’âge (y compris les maladies neurodégénératives, telles que la maladie d’Alzheimer »), de démarches préventives, telles que l’équilibre nutritionnel, la pratique d’une activité physique régulière ou une stimulation intellectuelle appropriée. Puis il évoque les avancées, selon lui extrêmement prometteuses, de la bioingénierie et de la pharmacologie, qui, associées aux mesures d’hygiène de vie susmentionnées pourront constituer « la meilleure garantie de vivre de vieux jours heureux ».

 

Nous ne pouvons que nous réjouir de l’engagement de Patrick Aebischer à ajouter « de la vie aux années et non des années à la vie », comme il l’écrit lui-même. Cependant, poussé par un indéniable enthousiasme biotechnologique et biomédical, Patrick Aebischer dresse un tableau par trop optimiste et à tout le moins partiel de la situation.

 

Tout d’abord, en ce qui concerne les soi-disant maladies neurodégénératives (et en particulier la maladie d’Alzheimer), il apparaît qu’en dépit de très nombreuses recherches biomédicales entreprises de par le monde, depuis de nombreuses années, aucune avancée significative n’a été réalisée dans le développement d’un traitement efficace. Face à ce constat de carence, de plus en plus de chercheurs et cliniciens en appellent à un véritable changement de paradigme. Plus spécifiquement, ils suggèrent de se libérer du paradigme biomédical (kraepelinien) dominant et du concept dépassé de maladie d'Alzheimer (et cela vaut aussi pour d’autres maladies neurodégénératives), pour réintégrer les diverses manifestations de ces soi-disant maladies spécifiques dans le contexte plus large du vieillissement cérébral, dans ses multiples expressions plus ou moins problématiques, sous l’influence de nombreux facteurs (environnementaux, psychologiques, biologiques, médicaux, sociaux et culturels) intervenant tout au long de la vie. La complexité des facteurs impliqués dans le vieillissement cérébral – et de leurs interactions – rend par ailleurs totalement illusoire la découverte d’un remède « miracle », dont l’attente est pourtant entretenue par tous ceux qui propagent une vision catastrophiste de la « maladie d’Alzheimer » ou des autres types de « démence ».

 

Une autre dimension qui est absente dans la réflexion de Patrick Aebischer est la dimension sociale et culturelle du vieillissement. La médicalisation du vieillissement, et en particulier l’« alzheimérisation » du vieillissement cérébral, contribuent en effet à la stigmatisation, aux stéréotypes, à l’isolement social, à la non prise en compte des capacités préservées et à la diminution de l’estime de soi, conduisant ainsi à accroître les difficultés des personnes âgées (ce que que Kitwood a appelé la « psychologie sociale maligne »). Plus généralement, Patrick Aebischer développe un point de vue essentiellement centré sur l’individu (et principalement sur ses dimensions biomédicales), en ne prenant pas en compte l’environnement socio-économique et culturel dans lequel il vit. Ainsi, il ne s’interroge nullement sur la question de l’accès aux progrès biotechnologiques et aux moyens de prévention pour toutes les personnes âgées, y compris les plus pauvres, les plus isolées et les plus déracinées. Il ne fait pas mention des nombreuses données qui attestent des effets bénéfiques majeurs sur le vieillissement cérébral de l’intégration sociale et de l’engagement dans la communauté. Il y a pourtant là matière à réflexion et à action sur le rôle des personnes âgées dans la société, sur un habitat, des structures sociales et un environnement qui favorisent les relations intergénérationnelles et interculturelles, ainsi que l’implication des personnes âgées dans la vie sociale, y compris quand elles ont des problèmes cognitifs.

 

Il n’aborde pas non plus d’autres facteurs qui semblent moduler le vieillissement cérébral et sur lesquels des actions sociales et politiques sont possibles, dès le plus jeune âge: le niveau d’éducation, un métier stimulant, la réduction des toxines environnementales, la capacité de gérer le stress, la prévention des traumatismes crâniens et des infections, etc.

 

En conclusion, oui aux recherches biotechnologiques et biomédicales quand elles assument réellement la complexité du vieillissement! Oui aux progrès biotechnologiques et biomédicaux quand ils s’inscrivent dans une approche intégrative et centrée sur la personne, dans son contexte social, économique et culturel spécifique !

 

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20 avril 2010 2 20 /04 /avril /2010 21:04

Nous avons été interpellés à plusieurs reprises sur la question des personnes qui développent une soi-disant "maladie d'Alzheimer" avant l'âge de 60 ans, problème qui, il est vrai, est peu abordé dans le livre de Peter Whitehouse et Daniel George. En effet, leur ouvrage porte principalement sur le vieillissement cérébral des personnes plus âgées. Cependant, notre sentiment, issu d'une grande pratique clinique auprès de ces personnes, est que si leurs difficultés ont sûrement une certaine spécificité, il existe aussi chez elles, tout comme chez les personnes plus âgées, une grande hétérogénéité, tant dans l'expression des difficultés que dans leur évolution.

 

Nous pensons donc que, très vraisemblablement, quand les études s'accumuleront (elles sont en effet encore peu nombreuses), on constatera aussi que de très nombreux facteurs, combinés à une dimension génétique, modulent ces difficultés et leur évolution. Tout comme pour les personnes plus âgées, le concept de "maladie d'Alzheimer" ou autre est réducteur, stigmatisant, et il ne prend pas en compte la complexité et les nuances de leur état. Nous pensons aussi qu'un rééquilibrage des interventions est indispensable, en faveur des interventions psychologiques et sociales.

 

Il s'agit pour nous d'un problème important car nous considérons, en tant que psychologues, que ces personnes jeunes avec problèmes cognitifs sont susceptibles de bénéficier tout particulièrement d'interventions psychologiques, exploitant leurs capacités préservées et destinées à optimiser leur autonomie, à favoriser leur insertion familiale, sociale, voire même professionnelle, et à maintenir une image positive d'elles-mêmes. Nous aurons l'occasion de revenir de manière plus détaillée sur ce point dans une prochaine chronique. 


Vous pouvez trouver dans le site suivant (cliquer) une illlustration exemplaire d'une personne qui a reçu le diagnostic de maladie d'Alzheimer voici 12 ans, alors qu'elle était dans la cinquantaine, et qui porte sur sa situation un regard à la fois lucide et positif.

 

survivre-copie-1.jpg

 


 

 

 

 

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19 avril 2010 1 19 /04 /avril /2010 15:44

Voici quelques extraits (traduits de l'anglais par nos soins) d'un article* qui vient de paraître dans la revue "Alzheimer's & Dementia". Cet article a été co-écrit par un professeur d'épidémiologie en santé publique (Lewis H. Kuller) et un professeur de neurologie (Oscar L. Lopez) de l'Université de Pittsburgh; il apporte un témoignage supplémentaire de la diversité des facteurs - essentiellement liés à l'âge - qui mènent aux troubles cognitifs chez les personnes âgées, même si les auteurs n'en tirent pas (encore ?) nécessairement toutes les implications sur le plan des concepts et de leurs recherches.


[...] "Un nombre croissant de données montrent qu'il n'existe pas de pathologie isolée liée à la démence du grand âge, mais plutôt une combinaison de problèmes vasculaires, d'atrophie cérébrale globale, de modifications cérébrales focalisées, de dépôts amyloïdes, de dégénérescences neurofibrillaires, etc. De plus, la prévalence de la démence est extraordinairement élevée dans les groupes de personnes les plus âgées. Dans l'étude longitudinale "Cardiovascular Health Cognition Study", environ 90% des participants de plus de 95 ans ont une démence. Un pourcentage élevé de personnes âgées, même celles classées comme normales, ont probablement des dépôts amyloïdes dans le cerveau - identifiés sur base d'un examen en tomographie à émission de positons.

 

La question technique est dès lors de savoir si la démence du grand âge est réellement une maladie en tant que telle ou si elle est fonction du vieillissement cérébral. Une deuxième question est de déterminer dans quelle mesure le vieillissement cérébral est étroitement lié à des mesures du vieillissement systémique. [...]

 

L'incapacité de trouver des agents étiologiques spécifiques peut être due au fait que le déterminant important de la démence du grand âge est un processus relié au vieillissement et pas nécessairement à des facteurs étiologiques spécifiques à la démence. Si cette hypothèse est correcte, alors la prévention (ou la capacité à différer l'installation d'une démence) doit se focaliser sur le ralentissement du processus de vieillissement."

 

kuller

 

 

 

 Prof. Lewis H. Kuller

 

 

 

 

lopez

 

 

 

 Prof. Oscar L. Lopez

 

 

 

 

* Kuller, L.H., & Lopez, O.L. (2010). Commentary on "Developing a national strategy to prevent dementia: Leon Thal Symposium 2009.’’ Is dementia among older individuals 75+ a unique disease? Alzheimer's & Dementia, 6, 142-144.

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18 avril 2010 7 18 /04 /avril /2010 12:02
Nous avons rédigé cet article en réponse à un compte-rendu du livre "Le mythe de la maladie d'Alzheimer" par C. Derouesné dans le numéro de mars 2010 de la revue Psychologie & NeuroPsychiatrie du Vieillissement dont il est le rédacteur en chef.

Le regard critique que porte Christian Derouesné sur ce livre reflète, dans une mesure variable selon les cas, les autres commentaires critiques qui ont, jusqu’à présent, été adressés à la conception défendue par Whitehouse et George. Dans son texte, Christian Derouesné développe en fait deux points de vue différents sur le livre. Tout d’abord, il reconnaît la pertinence de la critique émise par les auteurs concernant le caractère réducteur de la conception actuelle de ce qui est appelé maladie d’Alzheimer (MA). Il accepte aussi l’idée (et même se l’approprie, en renvoyant à plusieurs de ses publications récentes) selon laquelle le terme de MA recouvre en fait des processus divers et complexes. Il admet le caractère hypothétique de la physiopathologie des lésions cérébrales et de leur relation avec l’expression clinique, et aussi le fait qu’on envisage abusivement les symptômes cognitifs comme la conséquence directe de ces lésions. Il reconnaît également la pertinence d’une réévaluation «des médicaments utilisés actuellement, dont le bénéfice est incertain et le rapport coût/bénéfice trop élevé, dû au fait que l’industrie pharmaceutique n’est qu’une ‘vaste machine de marketing’». Enfin, il partage le souhait d’une approche intégrative et centrée sur la personne. Ces points d’accord ne sont pas minces et nous ne pouvons que nous en réjouir.

 

Néanmoins, de façon insidieuse et via une sélection soigneuse de termes et de brefs extraits de l’ouvrage, Christian Derouesné vise aussi à jeter le trouble sur les motivations, le sérieux et même le sens des responsabilités des auteurs. Peter Whitehouse y est ainsi décrit comme un repenti, aux motivations peu claires et aux aspirations prétendument bouddhistes, prônant un esprit d’amour et des interventions en lien avec les médecines douces et parallèles, la foi et les croyances spirituelles, perturbant l’image de la MA comme maladie (ou pathologie) accessible à la thérapeutique (position dont on peut craindre, dit Christian Derouesné, son «effet pervers pour les familles auxquelles l’ouvrage est destiné»). Il est également reproché aux auteurs de ne pas reconnaître l’utilité qu’a eue l’approche réductrice de la MA pour le développement de la recherche et de l’aide aux familles ainsi que pour la mobilisation des pouvoirs publics.


Qu’en est-il réellement ? Qu’apprend-on d’une lecture moins orientée du livre ?

 

En premier lieu, il est un aspect essentiel de l’ouvrage que Christian Derouesné élude complètement: il s’agit de la maladie d'Alzheimer en tant que construction sociale et culturelle, au bénéfice de ce que les auteurs appellent l’«empire Alzheimer», dans ses différentes composantes. Cette construction, véhiculant l’idée d’une guerre implacable contre une maladie dévastatrice, a effectivement permis d’obtenir des fonds de recherche (jamais assez d’ailleurs: «La guerre n’est pas destinée à être gagnée. Elle est destinée à être permanente», une citation de Georges Orwell, reprise dans le livre, p.145), mais pour la plus grande part, dans une perspective neurobiologique, entretenant ainsi un déséquilibre manifeste en défaveur des approches psychologiques, sociales et culturelles. Il est également vrai que la conception réductrice de la MA a permis de mobiliser les pouvoirs publics et de focaliser l’attention sur les besoins des familles, mais elle a aussi propagé une vision apocalyptique du vieillissement cérébral, contribuant ainsi à la stigmatisation, aux stéréotypes «auto-réalisateurs», à l’isolement social, à la non prise en compte des capacités préservée, à l’attente passive, désespérée et régulièrement entretenue du remède biologique «miracle», et plus largement à la médicalisation (à l’«alzheimérisation») du vieillissement.


 Les auteurs de ce livre auraient-ils abandonné toute démarche scientifique ? Seraient-ils devenus de vils obscurantistes?


En fait, face aux recherches de plus en plus nombreuses qui attestent de l’extrême complexité du vieillissement cérébral et face à l’incapacité qu’a la conception traditionnelle («kraepelinienne») de la «démence» de rendre compte de cette complexité, les auteurs en appellent à un véritable changement de paradigme (dont Peter Whitehouse a entamé la description, avec Majid Fotuhi et Vladimir Hachinski, dans un article publié dans la revue «Nature Reviews. Neurology»*, en décembre 2009). Ils ne nient absolument pas que le vieillissement cérébral peut conduire à des problèmes et troubles graves et ils ne contestent nullement l’importance de la recherche biomédicale. Ils suggèrent néanmoins de se libérer du concept dépassé de maladie d'Alzheimer (et, même s’ils ne développent pas ce point, cela vaut aussi pour d’autres «maladies neurodégénératives» ou «démences»), pour réintégrer les diverses manifestations de ces soi-disant «maladies spécifiques» dans le contexte plus large du vieillissement cérébral, dans ses multiples expressions plus ou moins problématiques, sous l’influence de nombreux facteurs  (environnementaux, psychologiques, biologiques, médicaux, sociaux et culturels) intervenant tout au long de la vie. Une telle approche permet notamment de s’affranchir de la distinction éminemment arbitraire entre le vieillissement cognitif dit normal et le vieillissement cognitif dit pathologique, distinction qui a conduit l’approche réductrice de la MA à créer des catégories intermédiaires («Mild Cognitive Impairment» ou MCI, pré-MCI, etc.) dont la validité scientifique et la pertinence clinique sont on ne peut plus contestables.
 

Les auteurs défendent ainsi une approche de la recherche et du soin qui accepte de se remettre en question et qui assume réellement la complexité du vieillissement cérébral.

 

Ils plaident aussi pour un rééquilibrage des financements, tant au plan de la recherche que de la prise en charge, en faveur de la prévention et des approches psychosociales.


 Dans cette perspective, il ne s’agit pas de rejeter le médicament (comme l’insinue Christian Derouesné), mais de lui laisser la place que la personne âgée souhaite lui donner, après avoir été correctement informée des mérites réels de la substance (quand ses bénéfices sur la qualité de vie ont été adéquatement évalués, ce qui est loin d’être le cas) et de ses possibles effets secondaires, et après qu’on ait également décrit à cette personne (et à ses proches) l’ensemble des démarches psychologiques et sociales qui pourraient lui permettre de réduire les manifestations problématiques de son vieillissement cérébral, tout en restant partie prenante dans la société et en conservant un sens à sa vie. Par ailleurs, en adoptant une vision plurifactorielle du vieillissement cérébral et en l’inscrivant sur un continuum, les divers types d’interventions, y compris biologiques et médicamenteuses, devraient gagner en efficacité.


Quant aux références aux philosophies orientales présentes ponctuellement dans ce livre, certains, comme Christian Derouesné, pensent qu’on peut tirer profit d’une réflexion «neuropsychanalytique», d’autres, comme Peter Whitehouse et Daniel George considèrent qu’on peut aussi se nourrir utilement aux philosophies orientales et aux conceptions du vieillissement qu’elles proposent... Pour ce qui est des approches de médecine douce, parallèle et non occidentale (qui sont abordées dans le contexte plus général du chapitre 5 «En attendant Godot: les traitements anciens et actuels de la maladie d’Alzheimer»), les auteurs mettent en avant le caractère intégratif de ces approches et l’importance que certaines d’entre-elles mettent dans le rôle de la communauté, mais ils n’esquivent pas les critiques qui leur sont adressées quant à leur validité. Ainsi, concernant l’homéopathie (p. 180), ils précisent qu’il est «difficile de croire qu’un traitement est rendu plus puissant par un processus de dilution, particulièrement alors qu’aucune molécule des ingrédients d’origine n’est présente dans le traitement final. En d’autres termes, ceux qui recherchent des traitements homéopathiques mettent leur foi dans un pouvoir thérapeutique de type spirituel, qui défie apparemment nos lois scientifiques". Pour poursuivre sur le thème de la spiritualité et de la foi, les auteurs font mention de la fréquentation de l'église (et aussi d'ailleurs la participation à des organisations non religieuses), mais essentiellement quand ils abordent la question de l'effet bénéfique des interactions sociales et de l'implication dans la communauté sur le vieillissement cérébral.

Par ailleurs, ils développent en fin d'ouvrage une réflexion plus générale, à caractère spirituel et en des termes accessibles, sur le sens du vieillissement et de la finitude humaine. Peut-on le leur reprocher ?

 

Il est un dernier aspect qui mérite un traitement plus équitable que celui que lui a accordé Christian Derouesné: c’est la question des multiples axes d’interventions qui sont proposés dans le livre pour tenter de différer ou de ralentir les manifestations problématiques du vieillissement cérébral. Très loin d’une démarche obscurantiste et vaguement mystique, Peter Whitehouse et Daniel George se basent sur les nombreuses études (épidémiologiques et autres) qui ont mis en évidence la myriade de facteurs susceptibles d’influer sur le fonctionnement cérébral et cognitif des personnes âgées afin de suggérer des démarches (applicables à différents moments de la vie) visant à prévenir (différer ou ralentir) les manifestations problématiques du vieillissement cérébral, ce que les auteurs appellent les «défis liés à l’âge».

 

Avec un appel constant à la prudence et à la lecture éclairée des études, ils proposent ainsi des pistes concrètes en lien avec l’activité physique, l’engagement dans la communauté, les relations sociales, les défis intellectuels, la nutrition, la réduction des toxines environnementale et des risques cardiovasculaires, la gestion du stress, en mettant un accent particulier sur les relations intergénérationnelles et sur le pouvoir bénéfique des récits de vie sur l’identité, le sentiment de continuité personnelle et l’acceptation de sa mortalité.

 

S’il est un reproche que nous, en tant que psychologues, pourrions faire aux auteurs, c’est le peu de place qu’ils accordent aux diverses interventions de nature psychologique permettant d’optimiser le fonctionnement des personnes dans leur vie quotidienne, en exploitant les capacités préservées. Dès la fin des années 80 et sous le regard sceptique et parfois condescendant de beaucoup de cliniciens et chercheurs, nous avons mis en question l’approche déficitaire de la «MA», nous avons indiqué en quoi ses manifestations étaient hétérogènes et nous avons montré qu’il était possible d’aider les personnes âgées ayant reçu un diagnostic de «démence» à mener aussi longtemps que possible une existence autonome et plaisante, ainsi qu’à maintenir leur dignité, leur identité et un sens à leur vie.


 Depuis lors, les données scientifiques se sont accumulées pour confirmer cette hétérogénéité ainsi que la présence de capacités préservées et pour montrer l’efficacité de divers types d’interventions psychologiques et sociales, pouvant être incorporées dans l’environnement quotidien de la personne et disséminées dans une variété de contextes de vie.


 La psychologie contemporaine dispose de cadres théoriques, fondés empiriquement, permettant de mieux comprendre les relations complexes qu’entretiennent les processus cognitifs, les émotions, la motivation, les relations interpersonnelles et l’identité (dans leurs aspects plus ou moins conscients). Elle est ainsi à même d’interpréter les effets des facteurs biologiques, sociaux et événementiels sur le fonctionnement psychologique d’une personne âgée et de formuler des propositions d’intervention adaptées aux caractéristiques spécifiques des difficultés psychologiques de chaque personne.

 

 De façon plus générale, Peter Whitehouse et Daniel George concluent leur livre en montrant comment cette approche différente du vieillissement cérébral, loin d’être rétrograde comme le dit Christian Derouesné, constitue au contraire une voie possible vers plus de sagesse individuelle et collective, plus de solidarité et d’«esprit d’amour » (terme qui paraît suspect à Christian Derouesné), plus d’engagement, et aussi vers une société «personnes âgées admises», y compris quand elles ont des troubles cognitifs. S’approprier son vieillissement cérébral et cognitif plutôt que le laisser aux mains d’une «maladie dévastatrice de fin de vie», c’est changer profondément le regard que l’on porte sur soi et que les autres vous adressent.

 

 Il ne s’agit pas de rendre la personne âgée ou ses proches responsables des problèmes ou des troubles, mais de les amener à réaliser qu’un changement de perspective et des démarches simples peuvent contribuer à une plus grande qualité de vie et que même en présence de troubles cognitifs, la personne âgée conserve un potentiel de vitalité, une identité et une place dans la communauté.

 

La conception du vieillissement cérébral défendue par Whitehouse et George, qui s’abstrait des critères diagnostiques traditionnels, soulève indéniablement des questions délicates concernant le financement des soins de santé (voir le commentaire critique de Birgitta Martensson, la présidente de l’Association Alzheimer Suisse, dans le journal Le Temps du 25 janvier 2010), mais nous devrions avoir assez d’imagination collective pour élaborer des propositions qui prennent en compte la complexité et les nuances du vieillissement cérébral, tout en garantissant des soins de qualité à toutes les personnes âgées. Comme l’indiquent Peter Whitehouse et Daniel George (p. 268), «nous ne devrions pas laisser aux assureurs le pouvoir de dicter le type d’histoires que notre ‘establishment’ médical raconte ensuite aux personnes âgées et à leur entourage».

 

 

 

 

* Fotuhi, M., Hachinski, V., & Whitehouse, P. (2009). Changing perspectives regarding late-life dementia. Nature Reviews Neurology, 5, 649-658.

 

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18 avril 2010 7 18 /04 /avril /2010 07:49

  kirschIrving Kirsch, professeur de psychologie à l’Université de Hull en Angleterre et spécialiste, entre autres, de la suggestion, de l’effet placebo, de la perception de la douleur ou encore des distorsions mnésiques, s’est attelé à démonter le mythe de l’efficacité des antidépresseurs dans un livre particulièrement rigoureux, clair et accessible (mais malheureusement non encore traduit en français) : « The emperor’s new drugs. Exploding the antidepressant myth. » (Ed. The Bodley Head, London, 2009).

 

S’appuyant sur la loi états-unienne sur la liberté d’information (Freedom of Information Act), Irving Kirsch a eu accès à de nombreux essais cliniques sur l’efficacité des antidépresseurs, y compris ceux qui n’ont pas été publiés et transmis au public et aux médecins. On estime en effet qu’environ 40 % des essais cliniques sur les antidépresseurs ne sont pas publiés, du fait d’un biais de publication qui fait que ce sont surtout les essais cliniques qui ont montré des effets bénéfiques qui sont soumis pour publication par les firmes pharmaceutiques, alors que les études non fructueuses sont retirées…

 

Sur base de l’ensemble des données disponibles, d’une analyse critique de la méthodologie utilisée dans les essais cliniques et de sa connaissances des mécanismes impliqués dans l’effet placebo, Irving Kirsch montre en quoi les antidépresseurs ne sont pas efficaces : ils n’apportent pas plus de bénéfice (ou alors très marginalement) qu’un placebo et ils sont significativement plus dangereux que d’autres formes de traitement.

 

A partir de la littérature scientifique, il met également en question la théorie biomédicale dominante sur la dépression, selon laquelle cet état est la conséquence d’un déséquilibre au niveau de certains neurotransmetteurs (« chemical-imbalance theory »). Tout comme pour le mythe de la maladie d’Alzheimer, on voit à nouveau dans ce livre le poids de l’approche biomédicale réductrice et de « Big Pharma ».

 

Irving Kirsch montre également qu’il y a bien d’autres moyens, psychologiques et sociaux, d’aider les personnes qui présentent des manifestations dépressives. Il s’interroge aussi sur le statut même de « maladie » qui est attribué à la dépression, tout comme le font d’ailleurs Allan Horwitz et Jerome Wakefield, deux professeurs états-uniens renommés, dans un livre qui mérite d’être lu en parallèle avec celui de Irving Kirsch : « The loss of sadness : How psychiatry transformed normal sorrow into depressive disorder » (« La perte de la tristesse. Comment la psychiatrie a transformé le chagrin normal en trouble dépressif », Ed. Oxford Press, 2007, dont une traduction en langue française est prévue sous peu aux éditions Mardaga). Il ne s’agit pas de nier la souffrance psychologique, qui est inhérente à la condition humaine, ni que cette souffrance peut être extrêmement intense. Ce qui est défendu dans le livre de Kirsch, ainsi que celui de Horwitz et Wakefield, c’est que, dans la majorité des cas, cette souffrance psychologique n’est pas le reflet d’une soi-disant « maladie » spécifique, mais qu’elle est une réaction normale à des situations personnelles et sociales difficiles.

 

Cette façon d’aborder la dépression et les antidépresseurs a une pertinence toute particulière pour les personnes âgées. En effet, l’accroissement considérable de la consommation d’antidépresseurs observé depuis les années 1990 se manifeste globalement, mais tout particulièrement chez les enfants, adolescents et personnes âgées (y compris celles qui ont des problèmes cognitifs importants). De façon récurrente, les études insistent sur la nécessité de distinguer la soi-disant « maladie dépressive » de la soi-disant « maladie d’Alzheimer » et de mener davantage de recherches qui permettraient de déterminer quels sont les antidépresseurs les plus adaptés aux personnes dites « démentes ». Nous pensons qu’il faudrait plutôt mettre l’accent sur les dimensions personnelles et sociales qui induisent tristesse, perte d’intérêt et de motivation, souffrance psychologique, perte d’estime de soi, problèmes de sommeil, etc.

 

PS : Tant que nous en sommes au démontage des mythes, nous vous suggérons également de vous intéresser à un autre mythe biomédical et réducteur, celui du THADA (Troubles Hyperactifs avec Déficit d’Attention ; en anglais ADHD ou Attention-Deficit Hyperactivity Disorder) en lisant le livre « Rethinking ADHD, from brain to culture », Ed. Palgrave Macmillan, 2009 (Un autre regard sur le « THADA », du cerveau à la culture) dirigé par Sami Timizeus.jpgmi et Jonathan Leo (et malheureusement pas encore traduit en français). Comme vous l’avez lu ou vous le lirez dans « Le mythe de la maladie d’Alzheimer », prévenir (ralentir ou différer) les aspects problématiques du vieillissement cérébral commence dès l’enfance. Dans cette perspective, le livre de Timimi et Leo montre la toxicité pour le développement (notamment cérébral) du traitement pharmacologique le plus souvent administré aux enfants ayant le soi-disant « THADA ». Plus généralement, tout comme Peter Whitehouse et Daniel George l’ont montré pour la soi-disant « maladie d’Alzheimer », il s’agit de prendre en compte la multiplicité et la complexité des facteurs en jeu dans les comportements regroupés abusivement sur l’étiquette « THADA ». Il s’agit en particulier de donner aux dimensions et interventions psychologiques, communautaires, sociales, environnementales et culturelles, toute l’importance qu’elles méritent. 

 

Kirsch, I. (2009). The emperor’s new drugs. Exploding the antidepressant myth. London : The Bodley Head.

Timimi, S. & Leo, J., Eds. (2009). Rethinking ADD, from brain to culture. New-York : Palgrave Macmillan.

 

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18 avril 2010 7 18 /04 /avril /2010 07:47

Laura Fratiglioni a présenté, lors du récent Geneva/Springfield Symposium on Advances in Alzheimer Therapy qui s’est tenu à Genève du 24 au 27 mars 2010, un point de vue sensiblement différent de celui de l'approche réductionniste biomédicale quant aux phénomènes associés au vieillissement cérébral; elle rejoint par là, sur certains points, la position de Whitehouse et George.

 

Abordant les facteurs de risque et de prévention de la Maladie d’Alzheimer, elle constate que l’allongement de la durée de vie moyenne a causé une augmentation de la prévalence* des troubles liés à l’âge, dont les troubles cognitifs. Ces troubles peuvent avoir divers degrés de gravité et diverses formes, allant de problèmes relativement bénins à des syndromes dits démentiels très invalidants. Mais elle souligne bien que l’âge reste le facteur de risque le plus important de développer une affection démentielle, ou des troubles cognitifs en général, ce qui suggère que les processus liés à l’âge pourraient être impliqués dans leur étiopathogenèse**.

 

De surcroît, les fortes associations entre la survenue de troubles cognitifs et l’augmentation de l’âge peuvent, du moins partiellement, être expliquées par le cumul d’une exposition, toute la vie durant, à divers facteurs de risque. Ainsi, selon cette approche, le risque de démence à l’âge avancé peut être considéré comme le résultat d’interactions complexes, tout au long de la vie, entre une susceptibilité génétique, des facteurs biologiques et des expositions environnementales. Il reste à déterminer quels facteurs étiologiques autres que le grand âge et la susceptibilité génétique jouent un rôle, mais les données scientifiques récentes soutiennent fortement le rôle potentiel des facteurs de risque cardiovasculaires et des facteurs psychosociaux dans le processus pathogène et les manifestations cliniques des troubles démentiels.

 

En conclusion, on a vu émerger au cours des dernières années un rôle significatif de la multimorbidité dans le vieillissement cognitif.

 

D’après Fratiglioni, L. (2010). Alzheimer's disease: Risk factors and Prevention. Neurobiology of Aging, 31, S11.

 

* Nombre de cas dans la population à un moment donné

** Cause et processus d’apparition et de développement d’une maladie

 

Laura Fratiglioni est une neurologue et épidémiologiste d’origine toscane, qui dirige maintenant le centre de recherche sur le vieillissement (Aging Research Center ; ARC) au réputé Karolinska Institutet à Stockholm. (Photo de Stefan Zimmermann)

 

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15 avril 2010 4 15 /04 /avril /2010 08:29

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En cliquant sur le lien ci-après, vous pourrez accéder à une excellente interview de Peter Whitehouse (en anglais) réalisée par une médecin sur Brain Science Podcast - ou à sa retranscription-, dans laquelle il résume de manière très claire et synthétique les points essentiels du livre "Le mythe de la maladie d'Alzheimer" qu'il a co-écrit avec Daniel George. 

 

Lien vers Brain Science Podcast 

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