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A propos des auteurs

  • Martial Van der Linden est docteur en psychologie, professeur honoraire de neuropsychologie et psychopathologie aux Universités de Genève et de Liège. Une partie de ses travaux est consacrée aux effets du vieillissement sur le fonctionnement dans la vie quotidienne, et ce, dans une perspective plurifactorielle et intégrative.
  • Anne-Claude Juillerat Van der Linden est docteure en psychologie, chargée de cours à l'Université de Genève et psychologue clinicienne spécialisée en neuropsychologie. Après 20 ans en tant que responsable à la Consultation mémoire des Hôpitaux universitaires de Genève, elle a créé et dirige la consultation "Vieillir et bien vivre" à la maison de santé Cité Générations.
  • Tous deux ont fondé en 2009 une association du nom de VIVA (Valoriser et intégrer pour vieillir autrement), qui promeut à l'échelle locale des mesures de prévention du vieillissement cérébral problématique.

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26 juin 2010 6 26 /06 /juin /2010 13:07

 

De nombreuses recherches ont montré que différents facteurs psychologiques et expériences de vie (tels que des facteurs de personnalité ou des événements stressants) étaient associés au risque de développer un vieillissement problématique.

 

Dans une recherche menée à Chicago dans le cadre de l’étude épidémiologique « Rush Memory and Aging Project », Boyle et al. (2010a) ont exploré la contribution d’un autre facteur psychologique, à savoir le fait d’avoir des buts dans la vie et de donner une signification à son existence. Les auteurs ont suivi, pendant une période allant jusqu’à 7 années, 951 personnes âgées issues de la communauté de Chicago. Ces personnes ont été soumises à des évaluations annuelles très détaillées (y compris cognitives) dans le but d’identifier la présence d’un vieillissement problématique (« maladie d’Alzheimer » ou « trouble cognitif léger »).

 

Ces évaluations ont révélé que 155 personnes (16.3%) avaient développé un vieillissement problématique (qualifié de « maladie d’Alzheimer »). Cependant, les personnes qui avaient obtenu un score élevé à une échelle évaluant la présence de buts dans la vie et l’attribution d’un sens à l’existence avaient 2.4  fois moins de risque de développer une soi-disant « maladie d’Alzheimer » que celles qui avaient un score faible. Cette association subsistait après qu’avaient été contrôlés le rôle possible de facteurs tels que les symptômes dépressifs, le neuroticisme (la tendance à ressentir des émotions négatives), la taille du réseau social et le nombre de problèmes médicaux chroniques. Il en allait de même après avoir exclu les personnes ayant développé une « maladie d’Alzheimer » durant les trois premières années du suivi. Enfin, des analyses supplémentaires ont révélé que la présence de buts dans la vie et d’une signification à l’existence était également associée à un risque moindre de développer un « trouble cognitif léger » (« MCI »).     

 

Dans une autre étude, également menée dans le contexte du « Rush Memory and Aging Project », Boyle et al. (2010 b) ont exploré les liens entre le fait d’avoir des buts dans sa vie et le risque de handicaps dans la vie quotidienne chez 970 personnes âgées « non démentes », résidant dans des maisons de retraite ou d’autres types de résidences pour aînés.

 

Ces personnes ont fait l’objet d’évaluations approfondies (y compris du fonctionnement cognitif général) chaque année, avec un suivi allant jusqu’à 8 ans. En ce qui concerne les handicaps, les activités de base de la vie quotidienne (comme se nourrir, s’habiller, etc.), les activités instrumentales de la vie quotidienne (comme téléphoner, préparer les repas, utiliser l’argent, etc,), ainsi que la mobilité (comme monter et descendre les escaliers, parcourir 800 mètres, etc.) ont été évaluées.

 

Les résultats montrent que le fait d’être davantage capable de trouver des buts dans sa vie et d’attribuer un sens à son existence réduit fortement la présence de handicaps dans la vie quotidienne. Ces résultats sont robustes, car ils se maintiennent après avoir contrôlé l’influence possible d’un grand nombre de facteurs tels que le fonctionnement cognitif global, les symptômes dépressifs, le neuroticisme, le réseau social, le revenu, la fragilité physique et les maladies/facteurs de risque vasculaires. Par ailleurs, l’association observée persiste même après avoir rendu plus stricts les critères définissant la présence  de handicaps dans la vie quotidienne.

 

Les mécanismes impliqués dans la relation entre le fait d’avoir des buts dans la vie et de donner un sens à sa vie et la réduction du vieillissement problématique et de handicaps dans la vie quotidienne restent à identifier. Il existe néanmoins des données suggérant que ce facteur psychologique agirait sur le risque de vieillissement problématique via ses effets bénéfiques sur la fonction immunitaire et la santé vasculaire

 

Quoi qu’il en soit, ces données indiquent qu’il est important de mettre en place des mesures visant à accroître l’engagement actif des personnes âgées dans des activités (éducatives, sociales, familiales, etc.) et ayant une signification personnelle.

 

L’initiative de Catherine et Peter Whitehouse consistant à impliquer les personnes âgées, y compris celles qui présentent un vieillissement problématique, dans le suivi scolaire des enfants au sein de l’Ecole Intergénérationnelle qu’ils ont fondée constitue une illustration particulièrement intéressante et novatrice de ce type de démarche (lien). 

 

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Participation des personnes âgées à l'Ecole Intergénérationnelle de Cleveland, photographie de Peter Whitehouse.


Boyle, P.A., Buchman, S.B.,, Barnes, LL, & Bennett, D.A. (2010 a). Effect of a purpose in life on rik of incident Alzheimer disease and mild cognitive impairment in community-dwelling older persons. Archives of General Psychiatry, 67, 304-310.

Boyle, P.A., Buchman, S.B., & Bennet, M.D. (2010 b). Purpose in life is associated with a reduced risk of incident disability among community-dwelling older persons. American Journal of Geriatric Psychiatry, à paraître.

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22 juin 2010 2 22 /06 /juin /2010 23:30

Parmi les multiples facteurs qui pourraient moduler les aspects plus ou moins problématiques du vieillissement, il en est un qui concerne la maîtrise de plusieurs langues.

 

En effet, dans une étude menée à Toronto, Bialystok et al. (2007) ont montré, auprès de personnes ayant reçu le diagnostic de « maladie d’Alzheimer », que celles qui étaient précocement bilingues (qui parlaient de façon fluente l’anglais et une autre langue et avaient pratiqué ces deux langues durant la plus grande partie de leur vie) présentaient les premiers symptômes de démence en moyenne 4.1 années plus tard que les personnes monolingues. Il faut relever que la majorité des personnes (90%) examinées par Bialystok et al. étaient des immigrés.

 

Plus récemment, Chertkow et al. (2010) ont entrepris une recherche à Montréal, sur un échantillon plus important (632 personnes ayant reçu un diagnostic de « maladie d’Alzheimer » probable). Ils ont profité du fait que, dans cette ville, ils pouvaient comparer des personnes ayant immigré au Canada (et ne parlant initialement ni le français ni l’anglais) et des personnes non immigrantes, mais éduquées dans les deux langues officielles du Canada (l’anglais et le français).

 

Ce travail apporte des résultats plus nuancés que ceux fournis par Bialystok et al. Quand le groupe de participants a été considéré globalement, les résultats ont mis en évidence un effet protecteur, petit mais significatif, du fait de parler plus de deux langues (3 ou plus). Par contre, aucun bénéfice (en termes d’âge au moment du diagnostic et d’âge de début des symptômes) n’a été trouvé au fait de parler uniquement deux langues (d’être bilingue). Cependant, dans le groupe spécifique des immigrés, les résultats sont très similaires à ceux obtenus par Bialystok et al. : le fait de parler deux langues, ou plus, retarde le diagnostic de « maladie d’Alzheimer » d’environ 5 ans. Un effet tendanciel, allant dans le même sens, a également été observé chez les non-immigrés bilingues dont la langue maternelle était le français, alors que cet effet n’a pas été constaté chez les non-immigrés bilingues dont la langue maternelle était l’anglais.        

 

La source de ces différences de résultats observées en fonction des sous-groupes de personnes est loin d’être claire. En particulier, les différences entre francophones et anglophones ne semblent pas pouvoir être expliquées par le type de métier qu’ils occupaient. Des études ultérieures devront se pencher sur les facteurs (environnementaux ou autres) qui sont à la source de ces différences. Il faut également relever que les participants immigrés unilingues (qui ne parlaient que leur langue d’origine) avaient un niveau d’éducation plus faible, facteur qui a également été associé à un risque accru de vieillissement problématique (Wilson et al., 2009) et qui, par ailleurs, pourrait aussi expliquer que ces personnes n’aient pas appris d’autres langues. Enfin, le fait que les immigrés unilingues ne parlaient pas une des langues officielles du Canada a pu contribuer à davantage d’isolement et de stress, autant de facteurs dont on a montré qu’ils étaient associés à un risque plus important de démence (Bennett et al., 2006 ; Wilson, et al., 2007 ; voir aussi notre rubrique « Risque de  "démence" et stress psychologique»). Ces différents points devront eux aussi faire l’objet d’études futures, dans le but d’explorer la spécificité de l’effet bénéfique du bilinguisme sur l’installation d’un vieillissement problématique chez les personnes immigrées et d’en comprendre la nature. 

 

Quoi qu’il en soit, le fait de parler plusieurs langues (3 ou plus) et, chez certains groupes de personnes, le fait d’être bilingue, semble pouvoir retarder l’apparition des aspects problématiques du vieillissement cérébral. Du point de vue du vieillissement cérébral (mais aussi bien sûr plus généralement), on ne peut donc qu’encourager l’apprentissage de plusieurs langues.

 

Cet encouragement au multilinguisme se justifie d’autant plus que la maîtrise de plusieurs langues permettrait aussi de mieux comprendre les aspirations et, plus largement, l’identité des personnes âgées qui sont issues d’une autre culture. Vieillir dans une culture autre que la sienne est une situation souvent difficile.

 

Il existe assez peu de données concernant les capacités de communication bilingue chez les personnes avec un vieillissement problématique. Cependant, il a été montré que, avec l’âge, les personnes avaient tendance à se retrancher sur leur langue maternelle, indépendamment d’une histoire plus ou moins longue de bilinguisme. De plus, les bilingues plus âgés semblent présenter davantage de difficultés à utiliser deux langues différentes du fait de la présence d’interférences entre ces langues. Ces effets semblent être exacerbés chez les personnes présentant un vieillissement problématique, mais il existe une importante variabilité dans ces difficultés (voir Ardila & Ramos, 2008, pour une brève revue de question).

 

Il a aussi été montré que le fonctionnement cognitif général était évalué comme plus élevé si la communication avec les personnes âgées présentant un vieillissement problématique était menée dans leur langue maternelle plutôt que dans leur langue seconde (Ardila & Ramis, 2008). Ekman et al. (1993, 1994) ont ainsi observé que des personnes « démentes » nées en Finlande, mais qui avaient émigré en Suède, avaient des difficultés de communication avec les soignants parlant suédois, mais pas quand elles communiquaient avec des soignants s’exprimant en finnois. De plus, les incompréhensions fréquentes consécutives à la communication en suédois conduisaient à une communication unidirectionnelle, dans laquelle les soignants commandaient et interrompaient la personne âgée. Globalement, les personnes âgées finlandaises fonctionnaient à un niveau de compétence qui semblait bien inférieur à leur niveau potentiel. Les auteurs concluent que la présence de soignants parlant le finnois permettrait d’augmenter l’autonomie et la qualité de vie des personnes âgées, mais aussi de réduire les coûts de soin.

 

Le fait de pouvoir interagir dans leur langue maternelle, et pas uniquement dans la langue de leur pays d’adoption, permet ainsi aux personnes âgées présentant un vieillissement problématique d’exprimer un niveau plus élevé de compétence, de mieux préciser leur pensée, leurs difficultés et leurs souhaits et de ressentir ainsi un bien-être plus important. Cela leur permet aussi d’avoir un accès privilégié à leurs souvenirs passés et à leur culture, et à en parler, autant d’éléments qui contribuent à renforcer leur identité et leur sentiment de continuité personnelle.

 

Un autre facteur bénéfique pour les personnes présentant un vieillissement problématique sur lequel nous reviendrons ultérieurement est de pouvoir interagir non seulement avec des soignants qui parlent leur langue, mais aussi qui connaissent, voire partagent leur culture (Heikkilä et al., 2007).

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Ardila, A., & Ramos, E. (20089. Normal and abnormal aging in bilinguals. Dementia & Neuropsychologia, 2, 242-247.

Bennett, D.A., Schneider, J.A., Tang, Y. et al. (2006). The effect of social networks on the relation between Alzheimer’s disease pathology and level of cognitive function in old people: a longitudinal cohort study. Lancet Neurology, 5, 406-412.

Bialystok, E., Craik, F.I.M., & Freedman, M. (2007). Bilingualism as a protection against the onset of symptoms of dementia. Neuropsychologia, 45, 459-464.

Chertkow, H., Whitehead, V., Philipps, N., Wolfson, C., Atherton, J., & Bergman, H. (2010). Multilingualism (but not always bilingualism) delays the onset pf Alzheimer’s disease: evidence from a bilingual community. Alzheimer’s Disease and Associated Disorders, 24, 188-125.

Ekman, S.L., Wahlin, T.B., Norberg, A., & Winblad, B. (1993). Relationship between bilingual demented immigrants and bilingual/monolingual caregivers. International Journal of Aging and Human Development, 37, 37-54.

Ekman, S.L., Wahlin, T.B., Viitanen, M., Norberg, A., & Winblad, B. (1994). Preconditions for communication in the care of bilingual demented persons. International Psychogeriatrics, 6, 105-120.

Heikkilä, K., Sarvimäki, A., & Ekman, S.-L. (2007). Culturally congruent care for older people: Finnish care in Sweden. Scandinavian Journal of Caring Sciences, 21, 354-361.

Wilson, R.S., Hebert, L.E., Scherr, P.A. et al. (2009). Educational attainment and cognitive decline in old age. Neurology, 72, 460-465.

Wilson, R.S., Arnold, S.E., Schneider, J.A., et al. (2007). Chronic stress, age-related neuropathology, and late life dementia. Psychosomatic Medicine, 69, 47-53. 

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18 juin 2010 5 18 /06 /juin /2010 17:39

L’alimentation constitue l'un des facteurs qui semble moduler les manifestations problématiques du vieillissement cérébral (voir, par exemple, notre chronique « Quand l’alimentation peut aussi constituer un  facteur de risque de vieillissement cérébral problématique (de "démence") »). Une étude récente entreprise par Gu et al. (2010) apporte de nouveaux éléments en faveur de cette association.

En fait, les recherches  ayant exploré l’impact de nutriments ou d’aliments individuels sur le risque de « démence » ont fourni des résultats peu consistants. Selon Gu et al., ces résultats hétérogènes tiennent peut-être au fait que les humains mangent des repas caractérisés par une combinaison complexe d’aliments ou de nutriments agissant en synergie. Il semblerait dès lors plus pertinent d’analyser l’effet d’un pattern alimentaire (« dietary pattern, DP »), à savoir une association spécifique entre aliments ou nutriments, plutôt que l’influence d’aliments ou de nutriments isolés. 

Ainsi, Gu et al ont examiné 2’148 personnes de la région de New York, âgées de plus de 65 ans et initialement non « démentes ». Les habitudes alimentaires de ces personnes ont été évaluées au moyen d’un questionnaire concernant la consommation de 61 aliments appartenant à 30 groupes constitués sur base de la similitude entre les aliments et de leur composition en nutriments. Les chercheurs ont ainsi identifié 7 patterns alimentaires distincts.

Sur une période moyenne de suivi de 3.9 années, 253 personnes (11.9%) ont développé un déclin cognitif (étiqueté du terme de « maladie d’Alzheimer »). Cependant, les personnes qui adhéraient le plus fortement à un pattern alimentaire spécifique (qualifié de DP 2) montraient une réduction marquée du risque de développer ce déclin cognitif. De plus, cette association se maintenait après avoir contrôlé l’influence de multiples facteurs socio-économiques.

Ce pattern alimentaire DP 2 se caractérise par une consommation élevée de vinaigrette (« salad dressing »), de noix, de poisson, de tomates, de volaille, de crucifères, de légumes à feuillage vert (épinards, laitue romaine, côtes de blettes, pissenlit, roquette…) et de fruits, mais par une faible consommation de produits laitiers à haute teneur en graisse, de viande rouge, d’abats et de beurre. Ce pattern alimentaire est riche en acides gras poly-insaturés (n-3 et n–6), vitamine E et folates, mais pauvre en acides gras saturés et en vitamine B12.

Comme l’indique Beal (2010), ce régime alimentaire est proche du régime méditerranéen, mais pourrait être plus utile, car il a été identifié au sein de patterns alimentaires naturellement présents dans la population new-yorkaise. Il est en effet plus facile d’accroître ou d’éviter la consommation d’aliments qui sont habituellement consommés dans sa propre culture. L’auteure relève par ailleurs le fait que certains aliments peuvent ne pas être spécifiquement associés à la prévention de la « démence », mais être simplement corrélés avec d’autres aliments préventifs. De même, la vitamine B12 pourrait être un marqueur de consommation de viande rouge, plutôt qu’être associée au déclin cognitif en tant que tel.

Quoi qu’il en soit, les données obtenues par Gu et al. (2010) plaident pour une exploration plus approfondie et plus systématique de l’impact de combinaisons d’aliments (en particulier dans différentes cultures) sur la prévention d’un vieillissement cérébral problématique.    


Marche-de-Hershey.jpg

Photographie de Danny George (co-auteur du "Myth of Alzheimer's disease") pris sur le marché de produits biologiques de Hershey (Pennsylvanie), qu'il a co-fondé pour contribuer à la santé de la population, notamment par l'accès à des produits locaux de qualité.

http://www.themythofalzheimers.com/blog/index.php/2010/06/05/farmers-market-in-hershey-launches-with-cognitive-wellness-in-mind/

 

Beal, E. (2010). Eating a combination of healthy foods lower the risk of developing Alzheimer disease. Nature Reviews Neurology, 6, 295.

Gu, Y., Nieves, J.W., Stern, Y., Luchsinger, J.A., & Scarmeas, N. (2010). Food combination and Alzheimer disease risk. Archives of Neurology, 67, 699-706.

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15 juin 2010 2 15 /06 /juin /2010 05:30

Dans deux chroniques précédentes, nous avons décrit des études suggérant d’une part que le risque de « démence » était plus fréquent chez des femmes ayant vécu un stress fréquent/constant au milieu de l’âge adulte (« Risque de « démence » et stress psychologique ») et d’autre part qu’un événement stressant et grave pouvait contribuer au déclenchement d’un déclin cognitif (« Un événement stressant et grave peut-il contribuer au déclenchement d’un déclin cognitif chez la personne âgée ? »).

 

Un travail récent apporte de nouveaux éléments en faveur de l’implication possible du stress dans le développement d’un vieillissement cérébral problématique (d’une « démence »). En effet, dans une étude rétrospective, Yaffe et al. (2010) ont suivi une cohorte de 181’093 anciens combattants des Etats-Unis (« veterans »), principalement des hommes âgés de 55 ans et plus (53’155 avec un état de stress post-traumatique et 127’938 sans état de stress post-traumatique). Ils ne présentaient pas de démence durant la période de ligne de base s’étendant de l’année 1997 à l’année 2000 et ils ont été évalués au moins une fois par an entre le 1er octobre 2000 et la fin 2007.

 

Les résultats montrent que les anciens combattants avec un état de stress post-traumatique ont un risque deux fois plus élevé de développer une « démence » que les anciens combattants sans état de stress post-traumatique, et ce après avoir contrôlé d’éventuelles différences entre les deux groupes de participants en ce qui concerne des facteurs démographiques (éducation, ethnicité, revenus) et de co-morbidité médicale/psychiatrique.

 

Différents mécanismes pourraient être impliqués dans cette association entre état de stress post-traumatique et « démence » : moins de réserve cognitive, réduction du volume hippocampique, altérations inflammatoires, effets des médicaments, vulnérabilité génétique commune, etc. Pitman (2010) relève qu’un facteur confondant important n’a pas été contrôlé dans l’étude de Yaffe et al., à savoir le niveau d’efficience intellectuelle pré-combat. Il existe en effet des données suggérant qu’une efficience intellectuelle plus faible constitue un facteur de risque à la fois pour la survenue d’un état de stress post-traumatique post-combat [Macklin et al., 1998]) et celle d’une « démence » (McGurn et al., 2008).   

 

Des études ultérieures doivent donc être menées afin de clarifier la nature de cette association entre état de stress post-traumatique et risque de vieillissement problématique (de « démence »), notamment en relation avec l’efficience cognitive antérieure, et ce afin de proposer des interventions visant à réduire l’importance de ce risque.

 

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Macklin, M.L., Metzger, L.J., Litz, B.T. et al. (1998). Lower precombat intelligence is a risk factor for posttraumatic stress disorder. Journal of Consulting and Clinical Psychology, 66, 323-326.

McGurn, B., Deary, U., & Starr, J.M. (2008). Childhood cognitive ability and risk of late-onset Alzheimer and vascular disease. Neurology, 71, 1051-1056.

Pitman, R.K. (2010). Posttraumatic stress disorder and dementia. What is the origin of the association? Journal of the American Medical Association, 303, 2287-2288.

Yaffe, K., Vittinghoff, E., Lindquist, K., Barnes, D., Covinsky, K.E., Neylan, Th., Kluse, M., & Marmar, Ch. (2010). Posttraumatic stress disorder and risk of dementia among US Veterans. Archives of General Psychiatry, 67, 608-617.  

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9 juin 2010 3 09 /06 /juin /2010 23:23

Il est fréquent d’entendre les proches d’une personne âgée présentant un vieillissement cérébral problématique (étiqueté du terme impropre de « démence ») indiquer que les troubles sont apparus à la suite d’un événement stressant et grave, tel que le décès d’un membre de la famille (par ex., un enfant) ou des difficultés familiales.

En dépit du fait que cette association est également très souvent évoquée par les cliniciens, peu de recherches se sont penchées sur cette question. Cependant, une étude récente menée en Grèce par Tsolaki et al. (2010) a montré que chez 77.9% de 1271 personnes ayant reçu un diagnostic de démence (dans le décours d’un suivi d’une durée de 7 ans), les proches ont rapporté, suite à une question standardisée, la présence d’un événement stressant durant l’année ayant précédé le début des difficultés. Un événement stressant était défini comme un événement nouveau et/ou imprévisible, sur lequel la personne sentait n’avoir aucun contrôle. L’événement le plus fréquent était l’annonce d’une maladie menaçant la vie (37.1%), puis des problèmes familiaux (12.4%), le décès du conjoint (7.9%) et ensuite le décès d’un frère ou d’une sœur ou d’une autre personne aimée (6.1%). Seulement 55% des personnes d’un groupe de personnes âgées sans « démence » ont indiqué avoir  vécu des événements stressants, ce qui est significativement différent du pourcentage rapporté chez les personnes avec vieillissement problématique.

Ces résultats confirment donc l’impression clinique selon laquelle un événement stressant et grave pourrait contribuer au déclenchement du déclin cognitif. Dans une recherche antérieure, Charles et al. (2006) ont également montré que 79 % des proches aidants qui avaient répondu à la question posée sur ce thème ont indiqué que des événements de vie pouvaient avoir joué un rôle dans le développement des troubles de la personne âgée, avec en premier le décès du conjoint (15.39%), puis le décès d’un parent (15%), une difficulté familiale (10.08%) et une anesthésie (8.49%).

L’association rapportée n’implique pas nécessairement l’existence d’un lien de causalité : comme l’indiquent justement Charles et al. (2010), il se pourrait  que les proches aient alloué une attention plus forte à la personne âgée suite à l’apparition des premiers problèmes cognitifs et l’aient ainsi observé de façon plus intense consécutivement à l’événement stressant. Néanmoins, ces résultats invitent à la mise en place de nouvelles études visant à mieux identifier le phénomène. S’il se confirmait, il s’agirait alors d’en comprendre les mécanismes (en tenant compte notamment des effets d’un stress important sur le fonctionnement neurobiologique et cognitif) et d’examiner le rôle probable de la personnalité antérieure, des capacités de régulation et du niveau de stress vécu avant et autour de la cinquantaine (voir notre chronique « Risque de démence et stress psychologique » ; voir aussi Rothman & Mattson, 2010), en interaction avec l’existence d’une fragilité cognitive préalable. Ces travaux pourraient en outre permettre d’envisager la mise en place de mesures de prévention (voir Tsolaki, 2009).

Charles, E., Bouby-Serieys, V., Thomas, P., & Clément, J.P. (2006).  Links between life events, traumatism and dementia: an open study including 565 patients with dementia. L’Encéphale, 32, 746-752.

Rothman, S.M., & Mattson, M.P. (2010). Adverse stress, hippocampal networks, and Alzheimer’s disease. NeuroMolecular Medicine, 12, 56-70.

Tsolaki, M. (2009). Severe psychological stress in elderly individuals: A proposed model of neurodegeneration and its implications. American Journal of Alzheimer’s Disease & Other Dementias, 24, 85-94.

Tsolaki, M., Papaliagkas, V., Kounti, F., Messini, Ch., Boziki, M., Anogianakis, G., & Vlaikidis, N. (2010). Severely stressful events and dementia : A study of an elderly Greek demented population. Psychiatry Research, 176, 51-54.      
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8 juin 2010 2 08 /06 /juin /2010 11:07

Les manifestations problématiques du vieillissement cérébral (étiqueté sous le terme stigmatisant et inadéquat de « démence ») dépendent de très nombreux facteurs (voir par exemple nos dernières chroniques : « De nouveaux éléments appuyant la relation entre risques/troubles vasculaire et risque de "démence" et de "maladie d‘Alzheimer" » ; « Risque de démence et stress psychologique »).

 

L’alimentation constitue l'un de ces facteurs et cet aspect est largement abordé dans le chapitre 9 du livre « Le mythe de la Maladie d’Alzheimer », avec notamment les aspects bénéfiques du régime alimentaire méditerranéen par comparaison au régime alimentaire dominant dans les pays occidentaux.

 

Dans un article récent, Stephan et al. (2010) abordent la question du lien possible entre une consommation élevée de fructose et la présence d’un vieillissement cérébral problématique (une « démence »).

 

Il a été montré, tant chez l’animal que chez l’humain, que la consommation élevée de fructose conduisait à une dérégulation du métabolisme. En outre, plusieurs études menées chez l’animal montrent qu’une alimentation avec un taux élevé de fructose conduit à des problèmes de mémoire et d’apprentissage, ainsi qu’à des dysfonctionnements cérébraux (notamment au niveau hippocampique).

 

Les auteurs indiquent qu’aucune étude n’a à ce jour exploré, chez l’humain, les liens entre la consommation élevée de fructose et le vieillissement cérébral problématique (« démence »). Ils indiquent néanmoins que ce lien est hautement plausible. Cette relation conduirait, via des mécanismes divers, à des changements à moyen terme (hypertension, dyslipidémie, obésité perturbation de la tolérance au glucose, dysfonctionnement endothélial) favorisant l’apparition à long-terme de troubles cérébrovasculaires, de diabète de type 2 et de maladies cardiovasculaires, dont on sait qu’ils contribuent à l’apparition d’une « démence ».

 

Le fructose est un sucre simple, dont la consommation a considérablement augmenté durant les dernières décennies, principalement par le biais d’une hausse de consommation de boissons sucrées. Stephan et al. indiquent que, aux Etats-Unis, la consommation de sucre raffiné (en particulier de sirop de maïs à haute teneur en fructose, composé de 50% de fructose et à 41% de glucose) est passée d’une consommation annuelle estimée à 8.1 kg par personne au début du 19ème siècle à une estimation actuelle de 65 kg par personne.

 

L’ensemble de ces données suggèrent que la consommation accrue de fructose pourrait constituer une « bombe à retardement » (selon le terme utilisé par Stephan et al.,) pour l’apparition d’un vieillissement cérébral problématique (d’une « démence »). La mise en place de recherches sur les liens entre consommation de fructose et « risque de démence » paraît donc indispensable ; de plus, les données existantes suggèrent de  limiter la consommation de fructose, particulièrement chez les enfants.      

fructose 

Stephan, B.C.M., Wells, J.C.K., Brayne, E., Albanese, E., & Siervo, M. (2010). Increased fructose intake as a risk factor for dementia. Journal of Gerontology : Biological Sciences, sous presse.

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24 mai 2010 1 24 /05 /mai /2010 23:01

 

Nous avons déjà mentionné à maintes reprises à quel point le vieillissement cérébral résulte d'interactions complexes entre des facteurs biologiques, psychologiques, sociaux et environnementaux.. Parmi les facteurs environnementaux, il faut souligner le rôle majeur des toxiques présents dans l’environnement. En décembre 2006, Grandjean et Landrigan, deux professeurs états-uniens spécialisés dans les effets à long terme des produits chimiques, dénonçaient, dans le journal médical anglais The Lancet,  le rôle des industries chimiques dans la survenue de troubles neurodéveloppementaux chez les êtres humains, qu'ils comparaient à "une pandémie silencieuse" de la société moderne.

 

Depuis des années, les données s'accumulent pour montrer qu'une exposition aux métaux, solvants et pesticides présents dans l'environnement est associée à une augmentation de la prévalence de quantité de troubles (sensoriels, mnésiques, attentionnels...), notamment chez les personnes âgées. Cependant, comme pour les études concernant les effets de mesures préventives sur le vieillissement cérébral (voir notre chronique du 2 mai 2010, « Pour une autre manière d'aborder les effets de la prévention sur le vieillissement cérébra l») , divers reproches méthodologiques ont été exprimés aux recherches sur les toxiques environnementaux et leurs effets sur le vieillissement cérébral  (notamment quant à la taille des échantillons étudiés).

 

Dans ce contexte, l'étude qui vient de paraître dans la revue Neurology (Hayden et al., 2010) est particulièrement intéressante. En effet, elle présente le suivi longitudinal du fonctionnement cognitif (3, 7 et 10 ans après la première évaluation) de plus de 3'000 agriculteurs d'un comté états-uniens (le comté de Cache, en Utah), dont l'exposition à divers pesticides a été évaluée par des questionnaires détaillés. Rappelons ici que la plupart de ces produits agissent par une action inhibitrice de l'acétylcholinestérase au niveau synaptique et qu’il est donc légitime de s'interrroger sur leur effet au niveau du cerveau humain. Cet échantillon présentait en outre l'avantage d'être constitué de personnes étant sensiblement du même niveau socio-éducatif et pour plus de 90% d'entre elles membres de l'Eglise de Jésus Christ des Saints des derniers jours, dans laquelle le tabac et l'alcool sont proscrits.


Les résultats de cette recherche indiquent un risque accru de développer une affection démentielle chez les personnes exposées à des pesticides (risque relatif [HR]= 1.38, avec un intervalle de confiance à 95% [CI] 1.09-1.76). Ce risque est similaire si l’on limite l'analyse au  développement de la seule maladie d'Alzheimer (HR 1.42, 95% CI 1.06-1.91). Les auteurs concluent leur article en soulignant l'intérêt que pourraient avoir des études toxicologiques visant à préciser les mécanismes biologiques responsables de cette augmentation.

 

Signalons aussi la parution prochaine d'un article de Gong et O'Bryant (2010) concernant le développement, suite à une exposition à l'arsenic, de « changements biochimiques, pathologiques et cliniques, similaires à ceux que l'on observe dans la "maladie d'Alzheimer" et les troubles apparentés », par le biais de modifications engendrées au niveau de la cascade amyloïde, de la phosphorylation de la protéine tau, des facteurs de risque cardiovasculaires ainsi que de processus inflammatoires et oxydatifs... autant de modifications qui renvoient à l'hétérogénéité des processus biologiques pouvant affecter le vieillissement cérébral et au rôle que des toxiques environnementaux jouent dans ces processus.


Ces conclusions vont dans le même sens que l'excellent rapport
«Environmental Threats to Healthy Aging » (« Menaces environnementales sur le vieillissement en bonne santé »), publié conjointement par un groupe de médecins de  la région de Boston militant pour la responsabilité sociale (« Greater Boston Physicians for Social Responsibility ») et une organisation non-gouvernementale très engagée dans la promotion d'un monde plus sain (« Science and Environmental Health Network »). Ce rapport examine l'influence sur le développement d'une maladie d'Alzheimer ou de Parkinson de facteurs environnementaux auxquels on est soumis toute sa vie durant, dès le stade foetal et jusque dans le grand âge. Parmi de nombreux autres facteurs, le rapport souligne le rôle particulier de l’exposition à diverses substances chimiques toxiques dans l’apparition des maladies dites d'Alzheimer et de Parkinson, ainsi que de nombreuses autres maladies chroniques également susceptibles d'affecter le fonctionnement cognitif, à savoir le diabète, les maladies cardiovasculaires, les maladies métaboliques, etc. 

 

Les données mises en évidences par ces études et rapports devraient nous alarmer quant à l'impact des substances neurotoxiques environnementales, tant dans la survenue de troubles neurodéveloppementaux chez les enfants que de déficits cognitifs chez les personnes âgées. Et ce d'autant plus que, comme le soulignent Grandjean et Landrigan (2006), « les quelques substances dont on a démontré la toxicité sur le neurodéveloppement humain devraient [...] être considérées comme la pointe d'un très gros iceberg » ...


env_threats.JPG 

Gong, G., & O'Bryant, S.E. (2010). The arsenic exposure hypothesis for Alzheimer disease. Alzheimer's Disease and Associated Disorders, sous presse.

Grandjean, P., & Landrigan, P.J. (2006). Developmental neurotoxicity of industrial chemicals. The Lancet, 168,  2167.

Hayden, K.M., Norton, M.C., Darcey, D., Østbye, T., Zandi, P.P., Breitner, J.C.S., & Welsh-Bohmer, K.(2010). Occupational exposure to pesticides increases the risk of incident AD. The Cache County Study. Neurology, 74, 1524-1530.   

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2 mai 2010 7 02 /05 /mai /2010 07:28

Ces dernières années, de très nombreuses études ont suggéré que différents facteurs intervenant tout au long de la vie (activité physique, réseau social, engagement social et cognitif, niveau d’éducation, nutrition, régulation du stress, etc.) pouvaient moduler les aspects problématiques du vieillissement cérébral (étiquetés sous le terme de « démence » ou de « maladie d’Alzheimer »). Ces facteurs pourraient dès lors faire l’objet de mesures de prévention et quelques recherches, encore peu nombreuses, ont exploré l’efficacité de certaines d’entre elles.

 

Du 26 au 28 avril 2010, différents experts indépendants (c’est-à-dire non impliqués directement dans le domaine du vieillissement cérébral et de la « maladie d’Alzheimer ») se sont réunis à Bethesda (Maryland, Etats-Unis) sous l’égide du NIH (National Institutes of Health) pour examiner la qualité de ces travaux. Ils ont effectué un examen systématique de la littérature scientifique, entendu les exposés réalisés, au sein d’une séance publique, par des experts du domaine (http://consensus.nih.gov/2010/docs/alz/alz_abstracts.pdf), ainsi que les remarques des personnes ayant assisté à ces exposés. Ils ont enfin élaboré une première version de leur rapport, accessible par internet via le lien suivant: http://consensus.nih.gov/2010/docs/alz/alz_stmt.pdf

 

La conclusion générale de ce rapport est que la qualité scientifique des données obtenues est faible et qu’il n’existe pas, actuellement, suffisamment d’éléments scientifiquement fondés permettant de conclure à l’efficacité de mesures (non pharmacologiques, mais aussi pharmacologiques) visant à différer ou ralentir les difficultés cognitives liées au vieillissement cérébral (à la « maladie d’Alzheimer » ou aux « troubles cognitifs légers »). Néanmoins, ils indiquent que des études en cours explorant les effets bénéfiques des médicaments contre l’hypertension, des omégas 3, de l’activité physique ou de l’engagement cognitif pourraient apporter de nouveaux éléments sur la question.

 

Les constats des experts

 

Les problèmes soulevés par les experts concernant les recherches publiées sont nombreux et pertinents:

 

- Il n’existe pas de consensus sur des critères hautement fiables permettant de déterminer la présence d’un « trouble cognitif léger » (« mild cognitive impairment » ou MCI) ou d’une « maladie d’Alzheimer » ; par ailleurs, les critères disponibles n’ont pas été utilisés de façon uniforme au travers des différentes études.

 

- La mise en évidence d’une association entre un facteur (par ex., un réseau social limité) et la présence d’un déclin cognitif ne permet pas d’inférer une relation de causalité : c’est le problème classique consistant à déterminer qui, de la poule ou de l’œuf, est venu en premier… ; en outre, il peut exister des relations entre certains facteurs explorés : ainsi, par exemple, les personnes avec un niveau d’éducation plus élevé seront plus susceptibles de s’engager dans des activités cognitives stimulantes (« à défis ») ; de plus, les associations entre certains facteurs et les difficultés cognitives peuvent être la conséquence d’un facteur plus général non observé.

 

- Les difficultés cognitives sont déterminées par des facteurs multiples et les difficultés cognitives légères ne mènent pas nécessairement à la « démence » ; en outre, l’exploration des difficultés cognitives se limite le plus souvent, dans le suivi des personnes, à une évaluation unique, ce qui limite considérablement la validité de la mesure, si l’on prend en compte le fait que le déclin cognitif n’est pas linéaire et que de nombreux facteurs peuvent affecter la performance cognitive.

 

- Les difficultés fonctionnelles dans la vie quotidienne ne sont que modérément associées aux changements pathologiques typiques de la « maladie d’Alzheimer ».

 

- Les outils d’évaluation du fonctionnement cognitif, ainsi que l’étendue des fonctions cognitives évaluées, varient considérablement d’une étude à l’autre, ce qui rend difficile, voire impossible, une comparaison entre les études.

 

- L’évaluation des facteurs en lien avec le style de vie (nutrition, facteurs sociaux, engagement cognitif, histoire médicale et psychologique, niveau d’éducation, etc.) diffère fortement d’une étude à l’autre et, fréquemment, les participants ont été caractérisés à un seul moment dans le temps, ce qui soulève à nouveau la question de la validité de cette exploration.

 

Les suggestions des experts et leurs limites

 

Sur base de cette analyse critique, les experts ont émis un certain nombre de suggestions qui devraient guider les recherches futures. D’une manière générale, ils plaident pour la mise en place de moyens supplémentaires visant à faciliter l’exploration longitudinale, avec une méthodologie adéquate, des facteurs de risque et de prévention des problèmes cognitifs chez la personne âgée. On ne peut que se réjouir de ce souhait d’un rééquilibrage des moyens consacrés à la recherche, en faveur de l’exploration de l’effet de la prévention, et notamment des facteurs sociaux, environnementaux et psychologiques, pouvant contribuer à prévenir (ralentir et différer) les aspects problématiques du vieillissement cérébral.

 

Mais on peut néanmoins s’interroger sur la pertinence de certaines des suggestions plus spécifiques émises par les experts. En effet, dans la ligne de l’approche biomédicale dominante, les experts plaident pour :

 

- des critères plus valides permettant l’identification des « troubles cognitifs légers » et de « la maladie d’Alzheimer » ;

 

- la mise en place d’études à grande échelle et randomisées contrôlées, très exigeantes et coûteuses (études dans lesquelles les participants sont répartis aléatoirement en deux groupes, un groupe qui fait l’objet d’une intervention en lien avec un facteur spécifique, par exemple, l’activité physique, et un groupe de contrôle). Relevons que si les experts mettent surtout l’accent sur les études randomisées contrôlées, ils reconnaissent néanmoins l’intérêt qu’il peut y avoir, dans certains cas, à mener des études observationnelles.

 

Il n’y a donc, dans ces suggestions, aucune mise en question véritable du modèle biomédical dominant du vieillissement cérébral, en dépit des données de plus en plus nombreuses qui indiquent que la perspective catégorielle (kraepelinienne), conduisant à identifier des « maladies ou pré-maladies spécifiques », n’est pas apte à rendre compte de la complexité et de l’hétérogénéité des expressions du vieillissement cérébral et des facteurs qui y contribuent.

 

Il n’y a pas non plus de réelle prise en compte du fait que les études randomisées contrôlées  (l’étalon-or des recherches biomédicales) ne sont pas nécessairement adaptées à l’évaluation des effets bénéfiques de facteurs intervenant tout au long de la vie, effets qui sont de petite taille et cumulatifs (voir Bennett, 2010). Ainsi, il peut être tout aussi pertinent de mener des recherches en milieu naturel, examinant, au sein d’une communauté, l’influence sur le vieillissement cérébral de politiques conduisant à des changements de style de vie. Dans cette perspective, Glymour et al. (2008) ont utilisé, en tant qu’expérience « naturelle », un changement dans la loi sur l’école obligatoire et ont montré qu’un accroissement dans le nombre d’années de scolarité était associé à un meilleur fonctionnement mnésique durant la vieillesse.

 

Les études randomisées contrôlées ne sont pas non plus aptes à prendre en compte l’extrême hétérogénéité et la complexité des facteurs (et leurs interactions) qui contribuent, chez une personne donnée, à plus ou moins d’autonomie, de qualité de vie, de mémoire, de sentiment de continuité personnelle, de motivation, etc. Ainsi, il est également essentiel de mener des études à échelle plus limitée, et même des études en cas uniques (méthodologiquement rigoureuses), dans le but d’explorer, à la fois quantitativement et qualitativement, les changements observés, suite à une intervention, dans différents aspects du fonctionnement de la personne, en adoptant une perspective intégrative. Il peut également s’avérer intéressant de recueillir des informations relatives aux bénéfices tirés d’une intervention via des entretiens individuels, qualitatifs, auprès des personnes âgées et de leurs proches (voir Cedervall, & Aberg, 2010).

 

Nous plaidons donc plutôt pour un pluralisme méthodologique, permettant de prendre en compte la personne dans toute sa complexité !

 

 

Quel type d’évaluation ?

 

Il est un dernier point sur lequel il faut s’arrêter un moment : il s’agit de la pertinence des outils d’évaluation du fonctionnement cognitif classiquement utilisés.

 

Les experts indiquent, à juste titre, en quoi il importe d’utiliser des outils du fonctionnement cognitif standardisés, bien validés, sensibles et culturellement adaptés. Ils insistent également sur l’importance qu’il y a à évaluer l’impact des difficultés cognitives sur le fonctionnement dans la vie quotidienne, la qualité de vie, etc. (auprès des personnes âgées et de leurs proches). Enfin, et c’est essentiel, ils reconnaissent le fait que la performance cognitive est déterminée par des facteurs multiples et n’est donc pas le simple et unique reflet d’une prétendue anomalie cérébrale.

 

Cependant, ils s’interrogent peu sur la pertinence tant des outils généralement utilisés que des modèles théoriques qui les sous-tendent. De ce point de vue, deux éléments de réflexion nous paraissent devoir être ajoutés :

 

- Il s’agirait d’adopter des outils d’évaluation qui permettent au mieux d’aborder le fonctionnement cognitif tel qu’il s’exprime dans la vie quotidienne. A ce titre, l’évaluation de la mémoire épisodique (la récupération détaillée des événements personnellement vécus) est encore essentiellement menée au moyen de tests basés sur l’apprentissage de listes de mots, d’images ou de visages. Il s’agit là de situations très éloignées de la vie quotidienne et qui ne permettent pas réellement d’aborder ce qui paraît être au cœur de la mémoire épisodique, à savoir la mémoire des épisodes de réalisation des buts personnels (Conway, 2005), dans toute leur complexité (y compris, par exemple, le fait que plusieurs modalités sensorielles sont impliquées dans la vie réelle).

 

- Il faudrait appuyer l’évaluation cognitive sur des modèles interactifs, permettant de comprendre les relations complexes qu’entretiennent les différents processus cognitifs, les émotions, l’identité personnelle, la motivation, etc. En effet, les modèles actuels de la mémoire s’inscrivent dans une perspective constructiviste, selon laquelle nous mettons en mémoire et nous récupérons préférentiellement ce qui est en accord avec nos buts, nos valeurs, nos croyances, etc. (Conway, 2005). Dans cette perspective, on sait que les émotions, en tant qu’indicatrices de la pertinence d’un but, modulent le fonctionnement de la mémoire. De nombreuses données montrent également en quoi la performance mnésique d’une personne âgée peut être influencée par la présence de stéréotypes négatifs concernant la présence de déficits mnésiques liés à l’âge. En outre, la mémoire entretient des relations avec d’autres aspects du fonctionnement cognitif (la vitesse de traitement, l’attention, les capacités d’organisation, etc.). Enfin, la mémoire épisodique peut être significativement affectée par la présence d’inquiétudes (et de tentatives de les supprimer) ou de ruminations (en lien avec des symptômes dépressifs).

 

Ces éléments montrent en quoi les tests neuropsychologiques classiquement utilisés pour évaluer les difficultés cognitives ne fournissent qu’une image très partielle du fonctionnement des personnes dans leur vie quotidienne. Ils suggèrent également que le fonctionnement cognitif (notamment mnésique) dans la vie quotidienne peut être positivement influencé par diverses actions favorisant une meilleure image de soi, un engagement dans la réalisation de buts personnels, une meilleure régulation des inquiétudes et ruminations, une réduction des stéréotypes, etc.

 

Conclusion

 

Les études n’apportent pas actuellement d’arguments quantitatifs définitifs (au sens de l’approche biomédicale) en faveur de l’efficacité de mesures sociales, environnementales, psychologiques et en lien avec le style de vie, visant à ralentir ou différer les problèmes cognitifs (légers ou plus importants) associés au vieillissement cérébral.

 

Il existe néanmoins suffisamment d’éléments pour mettre dès à présent en place des actions contribuant à plus d’engagement social et cognitif, plus d’activité physique, une meilleure régulation du stress, car ces actions pourront avoir des effets bénéfiques sur le fonctionnement cognitif de la personne dans sa vie quotidienne, soit directement, soit indirectement via une meilleure image de soi, moins d’inquiétudes et de ruminations, moins d’adhérence à des stéréotypes, etc. Il paraît également raisonnable de favoriser des actions pouvant contribuer à réduire les risques vasculaires, comme le contrôle de l’hypertension ou une alimentation plus équilibrée.

 

Il s’agit aussi de poursuivre des recherches, sur les facteurs de prévention susmentionnés et d’autres, mais pas uniquement en privilégiant des études à grande échelle, coûteuses et exigeantes, mais en adoptant différentes méthodologies, dont certaines pourraient être plus aptes à aborder la personne dans toute sa spécificité et sa complexité.

 

Il faut également rappeler que, même en présence de difficultés cognitives, une personne peut conserver des buts, une identité et une qualité de vie et que des actions favorisant l'engagement social et cognitif, les liens sociaux, etc. peuvent contribuer à davantage de bien-être, même si elles ne modifient pas substantiellement les difficultés cognitives.

 

Enfin, différents types d'interventions, psychologiques et environnementales, peuvent également contribuer à optimiser l’autonomie dans la vie quotidienne et à réduire l’impact des difficultés cognitives, et ce en exploitant les capacités préservées spécifiques des personnes (voir la chronique précédente : Un rééquilibrage des intervention en faveur des la prévention et des interventions psychosociales). 

 

rapport NIH

Bennett, D.A. (2010). Factors that protect against Alzheimer’s disease and cognitive decline. Exposé effectué dans le cadre de la NIH State-of-the-Science Conference: Preventing Alzheimer’s disease and cognitive decline. Bethesda, 26-28 avril 2010 (http://consensus.nih.gov/2010/docs/alz/alz_abstracts.pdf,  pp. 113-121).

 

Cedervall, Y., & Aberg, A. C. (2010). Physical activity and implications on well-being in mild Alzheimer’s disease: A qualitative case study on two men with dementia and their spouses. Physiotherapy Theory and Practice, 26, 226-239.

 

Conway, M.A. (2005). Memory and the self. Journal of Memory and Language, 53,  594-628.

 

Glymour, M.M., Kawach, I., Jencks, C.S., & Berkman, L.F. (2008). Does childhood schooling affect old age memory or mental status ? Using state schooling laws as natural experiments. Journal of Epidemiology & Community Health, 62, 532-537.

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25 avril 2010 7 25 /04 /avril /2010 23:22

Et aussi les parents, les enseignants, les éducateurs...


Comme l'indiquent Peter Whitehouse et Daniel George dans leur livre "Le mythe de la maladie d'Alzheimer" et comme de nombreuses études épidémiologiques et autres le suggèrent, les aspects plus ou moins problématiques (les défis liés à l'âge) du vieillissement cérébral sont déterminés par de très nombreux facteurs intervenant tout au long de la vie, et notamment le niveau d'éducation, la nutrition, le stress et la régulation des émotions, les infections, le réseau social, les traumatismes crâniens, l'exposition à des toxiques, la participation à des activités plus ou moins stimulantes, etc.

 

Il y a là autant de facteurs dont l'impact peut-être modulé par des adaptations, dès le plus jeune âge, au niveau du style de vie, de l'alimentation, des pratiques éducatives, de l'accès aux études et à des loisirs de qualité, de l'environnement de vie, etc. (voir Friedland & Brayne, 2009)

 

De tels changements ne découleront pas uniquement de choix individuels : ils dépendront en très grande partie d'une réduction des inégalités sociales et de la pauvreté et, plus généralement, de modifications dans le mode de fonctionnement socio-économique, la relation à l'environnement, les priorités concernant l'éducation, la médecine intégrative et la culture.

 

Il existe un autre aspect en lien avec le vieillissement cérébral dans lesquel les enfants sont impliqués au premier plan et sur lequel nous reviendrons ultérieurement plus en détail : il s'agit de l'importance des relations intergénérationnelles pour la qualité de vie, la réduction du stress, le sentiment d'appartenance à une communauté des personnes âgées - même celles qui présentent des problèmes cognitifs. Ainsi, George et Whitehouse (2010) ont montré dans une étude préliminaire les effets bénéfiques pour les personnes âgées avec troubles cognitifs d'un programme de volontariat dans une école intergénérationnelle.

 

 

Friedland, R.P., & Brayne, C. (2009). What does the pediatrician need to know about Alzheimer disease ? Journal of Developmental and Behavioral Pediatrics, 30, 239-241.

 

George, D., & Whitehouse, P.J. (2010). Intergenerational volunteering and quality of life for persons with mild-to-moderate dementia : results from a 5-month intervention study in the United States. Journal of the American Geriatrics Society, 58, 796-797.

 

Whitehouse, P.J., George, D. R., & Whitehouse, C.C. (2010). Gaining wisdom through multiage learning. The story of The Intergenerational School. In C.A. Depp & D.V. Jeste (eds.), Successful cognitive and emotional aging. Washington D.C.: American Psychiatric Publishing, Inc. (chap. 20).

 

Peter1.jpg

 

Projet de mentorat pour l'aide à la lecture à l'Ecole Intergénérationnelle de Cleveland (Ohio, Etats-Unis), auquel participent également des personnes âgées avec troubles cognitifs. (Photographie aimablement fournie par Peter Whitehouse)

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23 avril 2010 5 23 /04 /avril /2010 20:05

Une conception du vieillissement cérébral qui assume la complexité et la diversité des facteurs en jeu et qui réintègre les manifestations problématiques dans le contexte plus large du vieillissement plutôt que de les attribuer à des soi-disant maladies ayant des causes uniques conduit naturellement à un rééquilibrage de la prise en charge, en faveur de la prévention ainsi que des approches psychologiques et sociales.


La prévention, visant à différer ou réduire les expressions problématiques du vieillissement cérébral, doit se concevoir sur différents plans: activité physique, défis intellectuels, engagement social, nutrition équilibrée, réduction des stéréotypes et de la stigmatisation, etc. Il s’agit d’exploiter les connaissances accumulées en psychologie appliquée et en psychologie sociale sur les conditions permettant l’application effective et continue de ces mesures préventives par les personnes âgées et sur les interventions à même de modifier les stéréotypes et l’ « âgisme ». Enfin, des actions doivent aussi être menées à un niveau social et politique  (dans différents domaines : environnements de vie, structures sociales, politique sociale et de la santé), afin de favoriser l’engagement social des personnes âgées, les relations interpersonnelles et en particulier intergénérationnelles, l’accès pour tous aux mesures de prévention et aux moyens d’aide, la réduction de l’isolement et de la pauvreté, etc. 


Accepter le fait que le vieillissement s’accompagne inévitablement de difficultés cognitives ou autres (des « défis liés à l’âge »), parfois importantes, c’est également pouvoir proposer des interventions psychologiques plus individuelles, exploitant les capacités préservées et visant à optimiser la qualité de vie, la réalisation des activités quotidiennes, la gestion du stress, la qualité du sommeil, l’estime de soi, le sentiment de continuité personnelle, etc.


Il s’agit aussi de concevoir des environnements de vie (y compris pour les personnes les plus dépendantes) qui non seulement maximisent les relations sociales et les connexions avec la société, mais qui permettent également de susciter, respecter et prendre en compte le point de vue et les besoins spécifiques (y compris spirituels) de la personne et d’accroître son bien-être et son autonomie, via des démarches et des adaptations environnementales individualisées. Il importe également de limiter au maximum l’utilisation de médicaments visant à réduire les comportements « perturbateurs » (agitation, agressivité, etc.) et de tenter plutôt de comprendre et d’agir sur les facteurs (personnels, interpersonnels et environnementaux) qui sont à l’origine de ces comportements. Comme l’indique Cohen-Mansfield (2005), « Même s’il existait une « pilule magique » qui arrêterait immédiatement le comportement d’agitation et qui n’aurait pas d’effet secondaire, nous ne devrions pas l’administrer. Pourquoi ? Car faire cela, c’est continuer à ignorer les besoins non satisfaits de la personne et la priver de son bien-être. » Jiska Cohen-Mansfield a d’ailleurs élaboré et évalué l’efficacité de nombreuses stratégies d’intervention non médicamenteuses face aux comportements d’agitation, d’agressivité, d’hallucinations et d’idées délirantes, etc. auprès de personnes âgées présentant une «  démence ». Nous reviendrons sur ces travaux dans une chronique future. 


Dans un livre récent (malheureusement non traduit en français), G. Allen Power, médecin gériatre ayant travaillé ces 18 dernières années dans des structures de soin et de réhabilitation (de long séjour) pour personnes âgées, décrit de façon détaillée et très pratique comment changer la culture de la prise en charge des personnes présentant des troubles cognitifs importants (étiquetés sous le terme de « démence »). De façon générale, il montre en quoi le modèle biomédical qui conçoit la démence comme un état progressif, irréversible, aux conséquences tragiques et qui se focalise sur le traitement médicamenteux et la protection de la personne dans des environnements de vie spécifiquement dédiés à la « maladie » devrait être remplacé par un modèle qui considère la « démence » comme une expérience de vie, qui amène des changements dans la perception que la personne a du monde, durant laquelle des apprentissages sont possibles, où il existe un potentiel de développement personnel et où il s’agit de maintenir le bien-être et l’autonomie via des soins et un environnement individualisés ainsi que des partenaires de soi (plutôt que des soignants).


Power indique également en quoi l’important est de vieillir dans la communauté, de reconnaître non seulement la réalité de notre interdépendance mais aussi de prendre en compte l’importance du « capital social », c’est-à-dire de l’engagement social et des liens avec la société.


De ce point de vue, il ne s’agit pas nécessairement de privilégier le maintien à la maison, car le domicile, tout comme certaines structures institutionnelles, peut constituer un environnement qui isole, qui prive la personne d’activités sociales, qui accroît son anxiété faute de réponse adéquate et continue, conduisant ainsi à l’administration de sédatifs. En fait, différentes options s’offrent à nous : changer l’environnement du domicile, changer l’environnement de l’institution ou créer un nouvel environnement de vie qui combine les avantages des deux précédents.


Cohen-Mansfield, J. (2005). Current research in cure and care for agitation. Communication présentée à la Alzheimer’s Australia National Conference, mai 2005 (repris dans Power, 2010).

Power, A.G. (2010). Dementia beyond drugs. Changing the culture of care. Baltimore: Health Professions Press. 


Ce texte a été mis en ligne le 23 avril 2010, jour du premier anniversaire de l'Association VIVA. Cette association a été fondée pour mettre en pratique, à l'échelle d'une communauté locale (Lancy/Suisse), des initiatives de valorisation et d'intégration des aînés, y compris des personnes âgées les plus dépendantes.

www.association-viva.org

 

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