Les personnes âgées attribuent souvent leurs problèmes physiques ou cognitifs à l’âge plutôt que de trouver des circonstances atténuantes (« Que voulez-vous, c’est l’âge ! »). Diverses études réalisées aux Etats-Unis ont mis en évidence que ces attributions à l’âge étaient associées à une santé physique plus mauvaise, au fait de différer ou ne pas entreprendre de traitement pour des problèmes de santé et à un risque accru de mortalité (voir aussi notre chronique du 18 mai 2010).
Dans une étude récente, Levy et al. (2009) ont montré que les Japonais âgés faisaient plus d’attributions à l’âge que les Etats-Uniens âgés. Cependant, si les attributions à l’âge étaient associées à une moins bonne santé chez les Etats-Uniens âgés, ce n’était pas le cas chez les Japonais âgés.
Les résultats montrent que cette différence entre cultures dans l’effet des attributions à l’âge sur la santé est essentiellement expliquée par le fait que la culture japonaise se caractérise par un niveau plus élevé d’interdépendance (une valeur élevée attribuée aux relations fondamentales entre individus, y compris entre des personnes de générations différentes), alors que la culture états-unienne se caractérise pas un niveau plus élevé d’indépendance (une valeur élevée attribuée à l’individualisme).
L’interdépendance chez les Japonais se manifeste notamment par le nombre plus élevé de parents âgés et d’enfants adultes qui vivent ensemble. Un bénéfice tiré de cette interdépendance est qu’il y a moins de peur du vieillissement au Japon qu’aux Etats-Unis et dès lors que les attributions à l’âge ont davantage de connotations positives pour les Japonais.
Une étude a par ailleurs montré que 78% des Etats-Uniens âgés s’attendaient à ce que leur indépendance décline avec l’âge. La dissonance qui en résulte par rapport à la valeur élevée d’individualisme qu’ils défendent peut expliquer pourquoi les attributions à l’âge génèrent un sentiment de perte de contrôle sur les problèmes de santé, une croyance réduite dans l’efficacité de comportements préventifs, ce qui peut ainsi conduire à une moins bonne santé.
L’association entre les attributions à l’âge de ses difficultés physiques et cognitives et une moins bonne santé n’est donc pas inévitable : une culture davantage basée sur des valeurs élevées d’interdépendance peut exercer une force compensatoire.
Statuette de Dzyurodzin, promoteur de la longévité et de la sagesse, un des sept dieux japonais du bonheur.
Levy, B.R., Asham, O., & Slade, M.D. (2009). Age attributions and aging health: Contrast between the United States and Japan. Journal of Gerontology: Psychological Sciences, 64B, 335-338.
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