Des études réalisées dès les années 1970 ont montré que des interventions qui permettent à des personnes âgées vivant en institution d’effectuer plus de choix personnels et d’acquérir un sentiment accru de contrôle et de responsabilité sur les événements quotidiens ont des effets positifs sur leur fonctionnement psychologique et leur santé physique.
Ainsi, par exemple, Langer et Rodin (1976; voir aussi Rodin & Langer, 1977) ont comparé deux groupes de personnes âgées vivant en institution.
Dans le premier groupe (« responsabilité »), on attirait l’attention des personnes sur le fait que beaucoup d’entre elles ne connaissaient pas tout ce dont elles pouvaient disposer dans l’institution et combien c’était important de prendre conscience qu’elles pouvaient elles-mêmes influer sur leurs conditions de vie dans l’institution, en faisant part au personnel de leurs souhaits. Il leur était aussi dit que, si elles le désiraient, elles pouvaient avoir une plante dans leur chambre et s’en occuper. De plus, elles pouvaient aménager leur chambre comme elles le souhaitaient et choisir, parmi deux soirées, laquelle elles voudraient consacrer à regarder un film.
Dans le second groupe (« de comparaison »), on mettait surtout l’accent sur la responsabilité du personnel par rapport au bien-être des résidants. On donnait aux personnes une plante, en tant que cadeau, et on leur disait que les membres du personnel s’en occuperaient. Il leur était également indiqué que leur chambre serait aménagée pour être aussi belle que possible. Enfin, on leur attribuait une soirée de cinéma.
Les résultats ont montré que les personnes du groupe « responsabilité » se sentaient significativement plus heureuses, plus actives et plus vives que les personnes du groupe de comparaison. Par ailleurs, les soignants rapportaient également des améliorations significatives chez les personnes du groupe « responsabilité » (93% des personnes du groupe « responsabilité » étaient évaluées comme s’étant améliorées, contre 21% des personnes du groupe de comparaison).
Les soignants indiquaient également plus d’activités interpersonnelles (rendre visite à d’autres personnes à l’intérieur et l’extérieur de l’institution, parler aux membres du personnel) et moins de temps à regarder passivement la télévision dans le groupe « responsabilité ». Les personnes du groupe « responsabilité » étaient aussi plus assidues à la séance de cinéma et elles montraient une amélioration plus importante de leur état de santé général, tel qu’évalué par les médecins. Enfin, résultat plus spectaculaire encore, après un suivi de 18 mois, deux fois plus de personnes du groupe de comparaison étaient décédées par rapport aux personnes du groupe « responsabilité ».
Ces données montrent que certains des aspects problématiques du vieillissement peuvent être diminués en rendant aux personnes âgées le droit de prendre des décisions et d’acquérir ainsi un sentiment plus fort de compétence et de contrôle. Cependant, avec l’avancement en âge, il existe une plus grande variabilité dans la quantité de contrôle qui est souhaité par les personnes âgées : dans certains cas, davantage de contrôle sur les activités, l’environnement ou la santé peut conduire à plus de stress, d’inquiétudes et d’autocritique (Rodin, 1986). Il s’agit donc, dans ce domaine comme dans d’autres, d’analyser avec soin les caractéristiques de chaque personne afin de déterminer les interventions les plus adéquates.
Langer, C.J., & Rodin, J. (1976). The effects of choice and enhanced personal responsibility for the aged: A field experiment in an institutional setting. Journal of Personality and Social Psychology, 34, 2, 191-198.
Rodin, J. (1986). Aging and health: Effects of sense of control. Science, 233, 1271-1275.
Rodin, J., & Langer, E.J. (1977). Long-term effects of a control-relevant intervention with the institutionalized aged. Journal of Personality and Social Psychology, 35, 12, 897-902.
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