De très nombreux facteurs sont impliqués dans la survenue d’un vieillissement cérébral/cognitif problématique et différentes chroniques de ce blog en ont témoigné. Il apparaît que le fait de subir une opération chirurgicale constitue un autre de ces facteurs (Vanderweyde et al., 2010).
Un nombre croissant d’études montrent que les personnes peuvent présenter un déclin cognitif à la suite d’une chirurgie. Ce déclin se manifeste de façon bimodale. Il existe en effet un déclin cognitif transitoire, observé dans la période qui suit immédiatement l’opération et qui affecte la mémoire, l’attention, la compréhension du langage et l’intégration sociale. Il disparaît habituellement endéans une année après la chirurgie. Ce déclin affecte environ 33% des personnes dans la période de 2 à 10 jours après l’opération. Par ailleurs, ce déclin initial prédit la survenue d’un vieillissement cérébral/cognitif problématique (une « démence ») 3 à 5 ans après la chirurgie, et ce avec un taux de conversion pouvant aller dans certaines études jusqu’à 70 % des personnes âgées de 65 ans et plus.
Les études cliniques n’ont pas mis en évidence d’association entre la survenue ultérieure d’une « démence » et le type d’anesthésie (même si des études chez l’animal indiquent que l’anesthésie peut conduire à des modifications neuropathologiques) ou la durée de l’opération chirurgicale. Outre l’âge, d’autres facteurs de risque pour ce déclin cognitif postopératoire ont été identifiés, en particulier un faible niveau d’éducation (peut-être en lien avec une moindre réserve cognitive et/ou cérébrale) et la présence d’un diabète.
Les mécanismes responsables du déclin cognitif postopératoire sont encore mal compris et ils pourraient être différents pour le déclin immédiat et différé. De multiples facteurs ont été impliqués : inflammation, activation des récepteurs NMDA, accumulation de protéines béta-amyloïde et tau, réduction de l’immunocompétence, réponse inadaptée au stress.
Avec l’accroissement de l’espérance de vie, les interventions chirurgicales deviendront de plus en plus courantes chez les personnes âgées. Une meilleure compréhension des effets d’une chirurgie (et de l’anesthésie qui y est associée) sur le fonctionnement cognitif et la mise en place de mesures de prévention des effets de la chirurgie et/ou de l’anesthésie sur le fonctionnement cognitif subséquent constituent clairement un enjeu de santé publique. Vanderweyde et al. plaident également, de façon plus spécifique, pour le développement d’une méthode plus rigoureuse pour codifier la fréquence et l’importance du déclin cognitif postopératoire, précoce et différé.
Vanderweyde, T., Bednar, M.M., Forman, S.A., & Wolozin, B. (2010). Iatrogenic risk factors for Alzheimer’s disease: Surgery and anesthesia. Journal of Alzheimer’s Disease, à paraître.
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