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A propos des auteurs

  • Martial Van der Linden est docteur en psychologie, professeur honoraire de neuropsychologie et psychopathologie aux Universités de Genève et de Liège. Une partie de ses travaux est consacrée aux effets du vieillissement sur le fonctionnement dans la vie quotidienne, et ce, dans une perspective plurifactorielle et intégrative.
  • Anne-Claude Juillerat Van der Linden est docteure en psychologie, chargée de cours à l'Université de Genève et psychologue clinicienne spécialisée en neuropsychologie. Après 20 ans en tant que responsable à la Consultation mémoire des Hôpitaux universitaires de Genève, elle a créé et dirige la consultation "Vieillir et bien vivre" à la maison de santé Cité Générations.
  • Tous deux ont fondé en 2009 une association du nom de VIVA (Valoriser et intégrer pour vieillir autrement), qui promeut à l'échelle locale des mesures de prévention du vieillissement cérébral problématique.

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12 janvier 2011 3 12 /01 /janvier /2011 08:53

Durant le vingtième siècle, la période du milieu de la vie (« midlife ») est devenue, pour la recherche occidentale, une étape spécifique de la vie ou une période développementale (Willis, Martin & Roske, 2010). Cette reconnaissance est liée à deux tendances démographiques: l’accroissement de la longévité et le déclin de la fertilité. En effet, dans les sociétés occidentales, on constate une plus grande proportion de personnes autour de la quarantaine/cinquantaine et de personnes plus âgées que de personnes dans l’enfance. Il faut par ailleurs relever que ces sociétés sont de plus en plus préoccupées par les exigences sociales et de soins de santé qui pourraient peser sur elles quand les personnes du milieu de la vie atteindront la vieillesse.

 

Les frontières délimitant cette période de vie sont cependant assez « fluides » et continueront à évoluer en fonction des changements démographiques, sociaux, économiques, sanitaires, ainsi que des variations dans le timing des transitions de rôle (parental, professionnel, lié au genre, etc.). Différents spécialistes du développement humain ont suggéré que le milieu de la vie est la période qui est la plus lourdement influencée par les facteurs socioculturels, dans la mesure où la puberté est lointaine et le déclin biologique de la vieillesse n’en est qu’à ses débuts. Par ailleurs, de plus en plus de données indiquent que le vieillissement physique et psychologique optimal dépend grandement des expériences de vie des personnes durant le milieu de la vie.

 

Cependant, cette période a été très peu explorée au plan psychologique, en tout cas via des études longitudinales. Ceci est dû au fait qu’un grand nombre d’études sur le vieillissement ont été menées sur base de la comparaison entre un groupe de personnes jeunes et un groupe de personnes âgées, et ce en postulant l’existence d’une trajectoire linéaire de changement, les performances du milieu de la vie se situant entre celles de la jeunesse et de la vieillesse. Il apparaît cependant que les études développementales actuelles sur le milieu de la vie sont maintenant entrées dans une nouvelle phase, avec la mise en place d’approches longitudinales (voir, par ex., le numéro spécial récent du « European Journal of Ageing », 7, 2010). 

 

Les recherches récentes mettent notamment en question la validité de la conception traditionnelle selon laquelle la période du milieu de la vie se caractériserait par une relative stabilité dans beaucoup de domaines du fonctionnement. Cette conception découlait d’études qui avaient principalement effectué une description du niveau moyen (normatif) de développement. Or, les outils statistiques actuels permettent dorénavant d’explorer les différences interindividuelles dans le changement intraindividuel durant une période de vie. Dans cette perspective, les quelques études longitudinales effectuées récemment ont clairement mis en évidence des différences individuelles dans le changement affectant différents aspects du fonctionnement psychologique durant la période du milieu de la vie, même si une stabilité du niveau moyen de la population examinée est observée  (voir par ex., Allemand, Gomez, & Jackson, 2010, dans le domaine des changements de personnalité).

 

Un objectif important de la recherche est dès lors d’explorer les facteurs associés à ces différences individuelles, en reconnaissant la pluralité et la diversité des expériences de vie et des états de santé des personnes (voir Willis et al., 2010). Dans la mesure où la plupart des personnes dans cette période de vie sont dans une des phases les plus actives de leur existence, il s’agira d’examiner les facteurs en lien avec plusieurs domaines (travail, famille, réseau social, etc.). Les facteurs relatifs à la santé devront également être pris en compte : en effet, même si ces personnes jouissent, pour la plupart, d’une santé relativement bonne, elles sont de plus en plus vulnérables au développement de maladies chroniques et à une réduction de leur capacité physique. En outre, ces personnes étant généralement considérées comme ayant davantage de possibilité de contrôle sur leur vie et de responsabilités dans la société, un accent particulier devra être mis sur le sentiment de contrôle interne des événements (le sentiment de maîtrise) et sur les facteurs qui contribuent à son maintien face aux problèmes de santé ou aux événements négatifs (voir Deeg & Huisman, 2010 ; Jopp & Schmitt, 2010).

 

Dans la mesure où, dans la période du milieu de la vie, le substrat biologique est relativement préservé et les influences sociales peuvent être maximales, cette période semble particulièrement importante pour explorer l’étendue de la plasticité à l’âge adulte. En particulier, elle est vraisemblablement une période critique pour le développement d’une réserve cognitive/cérébrale permettant de différer ou compenser l’apparition du déclin physique ou cognitif lié à la vieillesse. Comme l’indiquent Willis et al. (2010), il s’agira donc d’explorer les trajectoires qui conduisent à un fonctionnement biopsychosocial optimal durant cette période, impliquant une allocation équilibrée des ressources pour le développement de soi, pour le maintien des acquis et pour la régulation de pertes.

 

Période du milieu de la vie et fonctionnement cognitif

 

Dans une étude longitudinale (menée sur une période de 12 ans) portant sur le fonctionnement cognitif de 346 personnes se trouvant dans la période du milieu de la vie (âge moyen 43.8 ans), Zimprich et Mascherek (2010) ont mis en évidence un accroissement du niveau moyen d’intelligence cristallisée (évaluée par les sous-tests d’Information et de Vocabulaire de la WAIS), mais un déclin du niveau moyen d’intelligence fluide (évaluée par les sous-tests de Cubes et de Complètement d’images de la WAIS, ainsi que par un test évaluant les habiletés spatiales), de la mémoire épisodique (rappel de mots et d’images) et de la vitesse de traitement. De façon générale, ces changements anticipent ceux qui sont observés ultérieurement chez les personnes plus âgées.

 

Par ailleurs, les résultats mettent globalement en évidence une relative stabilité des performances au plan structurel (les associations entre les dimensions psychologiques ne se modifient pas avec le temps), au plan des différences  interindividuelles (pas de changement généralisé dans la variance des mesures cognitives), au plan du changement absolu de performance (pas d’accélération du déclin) et au plan de la stabilité différentielle (la position relative des individus au sein du groupe ne change pas avec le temps de façon généralisée). En outre, bon nombre de corrélations entre les changements dans les habiletés cognitives sont significatives, indiquant que ces changements cognitifs durant le milieu de la vie partagent jusqu’à 50% de la variance (et suggèrant ainsi une contribution importante d’un facteur général). 

 

Il y a néanmoins deux exceptions à ce constat de relative stabilité : deux domaines cognitifs apparaissent particulièrement vulnérables aux changements interindividuels durant la période du milieu de la vie, à savoir la vitesse de traitement et la mémoire épisodique. Il apparaît en effet que la mémoire épisodique présente une faible consistance individuelle, c’est-à-dire que le fonctionnement mnésique des personnes n’est pas stable au cours de la  période de suivi (la position relative d’un individu au sein du groupe varie fortement avec le temps). De plus, on constate un changement significatif dans la variance de la vitesse de traitement, indiquant un accroissement avec le temps des différences interindividuelles.

 

Des études ultérieures devraient se pencher sur la nature des facteurs (démographiques, socioéconomiques, sanitaires, psychologiques) qui modulent les performances mnésiques des personnes au cours du temps et qui accroissent la variabilité de la vitesse de traitement avec le temps. Par ailleurs, il serait également important d’explorer d’autres dimensions du fonctionnement cognitif et en particulier les fonctions exécutives.

 

Les liens entre le fonctionnement mnésique durant le milieu de la vie et le vieillissement cérébral ultérieur

 

Dans une autre étude récente, Borghesani et al. (2011), ont examiné dans quelle mesure les changements dans le fonctionnement de la mémoire épisodique durant le milieu de la vie prédisaient le volume hippocampique durant la vieillesse.

 

Pour ce faire, ils ont identifié rétrospectivement 84 personnes sans problèmes cognitifs (issues de la « Seattle Longitudinal Study ») et qui, durant le milieu de leur vie (sur une période de 14 ans, entre 42 et 63 ans), avaient montré un déclin significatif de la mémoire épisodique (n=33), s’étaient améliorées (n=28) ou étaient restées stables (n=23). L’évolution dans le fonctionnement mnésique a été  identifiée en examinant, pour chaque personne, les performances en rappel immédiat et différé d’une liste de mots, pour deux intervalles de temps d’une durée de 7 ans (46 à 53 ans et 53 à 60 ans). Une amélioration ou un déclin était défini par : 1. un changement supérieur à un écart-type sur l’intervalle de 14 ans, en rappel immédiat et différé; 2. un changement de direction consistant pour chacun des intervalles de 7 ans ; 3. un changement concordant pour le rappel immédiat et différé.

 

Les résultats montrent que l’amélioration de la mémoire épisodique durant la période du milieu de vie est significativement associée à un volume hippocampique plus important de 13 % durant la vieillesse (âge : 66 à 87 ans), en comparaison à ce qui est observé chez les personnes âgées dont la mémoire épisodique a décliné ou est restée stable en milieu de vie.

 

Le changement dans le fonctionnement mnésique prédit le volume hippocampique, mais pas les évaluations ponctuelles aux différents moments de la période du milieu de la vie : ceci indique l’importance du suivi longitudinal dans l’exploration des relations cerveau-cognition. Par contre, ce changement mnésique durant le milieu de la vie ne prédit pas le volume hippocampique  pour les personnes qui se trouvent à la fin de la période du milieu de vie (âge : 52-65 ans). Les résultats observés ne sont pas modifiés par le genre, le statut ApoE4, le niveau scolaire ou la performance mnésique déterminée au moment de la mesure du volume hippocampique. Enfin, même si le volume cérébral total est plus faible chez les personnes âgées, les volumes cérébraux sont similaires chez celles qui se sont améliorées au plan mnésique, qui ont décliné ou qui sont restées stables, ce qui montre que l’importance plus grande du volume hippocampique chez les personnes qui ont amélioré leur performance mnésique durant le milieu de la vie est spécifique à cette région cérébrale. Il faut d’ailleurs noter que l’amélioration de la mémoire épisodique chez certaines personne en milieu de vie ne s’accompagne pas uniformément de gains comparables dans d’autres capacités (par ex., les fonctions exécutives ; Willis & Schaie, 2005).

 

Ces données ne semblent pas pouvoir être expliquées par le concept de réserve cognitive (c’est-à-dire le maintien de la performance cognitive en dépit d’une détérioration cérébrale). En effet, en moyenne, les personnes âgées dont la mémoire épisodique s’est améliorée durant la période du milieu de la vie ont une meilleure performance mnésique que quand elles étaient dans cette période, alors que leur volume hippocampique est similaire à celui des personnes en milieu de vie, ce qui suggère qu’il n’y a pas eu chez eux de détérioration neuronale significative (contrairement aux deux autres groupes).

 

Les résultats de cette étude sont à mettre en parallèle avec ceux obtenus par Zimprich et Mascherek (2010), qui ont montré une faible consistance individuelle des performances mnésiques des personnes durant la période du milieu de la vie. Il s’agira néanmoins de répliquer ces données, sur des échantillons plus importants et plus hétérogènes (ici, la majorité des personnes étaient de niveau scolaire élevé). Si ces données sont confirmées, un enjeu important de la recherche sera d’identifier les facteurs (style de vie, activité, etc.) qui contribuent à l’amélioration des performances mnésiques de certaines personnes durant le milieu de leur vie.

 

midlife.jpg© Eléonore H - Fotolia.com

 

Allemand, M., Gomez, V., & Jackson, J.J. (2010). Personality trait development in midlife: exploring the impact of psychological turning points. European Journal of Ageing, 7, 147-155.

Borghesani, P.R., Weaver, K.E., Aylward, E.H., Richards, A.L., Madhyastha, T.M., Kahn, A.R. et al. (2011). Midlife memory improvement predicts preservation of hippocampal volume in old age. Neurobiology of Aging, à paraître.

Degg, D.J.H., & Huisman, M., (2010). Cohort differences in 3-year adaptation to health problems among Dutch middled-aged, 1992-1995 and 2002-2005. European Journal of Ageing, 7, 157-165.

Jopp, D., & Schmitt, M. (2010). Dealing with negative life events: differential effects of personal resources, copings strategies, and control beliefs. European Journal of Ageing, 7, 167-180.

Willis, S.L., Martin, M., & Rocke, C. (2010). Longitudinal perspectives on midlife development: stability and change. European Journal of Ageing, 7, 131-134.

Zimprich, D., & Mascherek, A. (2010). Five views of a secret: does cognition change during middle adulthood ? European Journal of Ageing, 7, 135-146.    

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20 décembre 2010 1 20 /12 /décembre /2010 03:16

Dans une chronique précédente (« L’influence d’une enfance défavorisée et d’une histoire de problèmes psychiatriques ou psychologiques sur le fonctionnement et le déclin cognitif des personnes âgées »), nous avons montré qu'une enfance défavorisée et une histoire de problèmes psychiatriques ou psychologiques contribuent à façonner le fonctionnement et le déclin cognitifs des personnes âgées.

 

On sait par ailleurs que le décès des parents durant l’enfance ou l’adolescence constitue un événement particulièrement stressant pouvant affecter le bien-être ultérieur au plan émotionnel, cognitif, social, spirituel et physique.

 

Norton et al. (2010) ont examiné dans quelle mesure un décès parental précoce pouvait représenter un facteur de risque de vieillissement cérébral/cognitif problématique (de « maladie d’Alzheimer »). Ils ont examiné les données de 3’538 personnes sans « démence » et de 570 personnes ayant reçu un diagnostic de « maladie d’Alzheimer » : les personnes (âgées de 65 à 105 ans) avaient été suivies 4 fois, tous les 3 ans (depuis 1995), et soumises à un protocole d’examen clinique détaillé. Les informations suivantes ont également été obtenues via une base de données objective : les dates de décès des parents, le statut socioéconomique durant l’enfance/l’adolescence et le remariage parental en cas de veuvage.

 

Les résultats montrent que le décès de la mère durant l’adolescence est significativement associé à un risque plus élevé (de plus de deux fois) de « maladie d’Alzheimer » après avoir contrôlé pour l’âge, le genre, le niveau de scolarité, le génotype ApoE et le statut socioéconomique. On constate également que le décès du père durant les 5 premières années de la vie est aussi associé à un risque augmenté de « maladie d’Alzheimer », mais cette relation est plus faible (elle n’atteint pas le seuil de signification après la prise en compte de toutes les covariables). Ces associations se maintiennent après ajustement pour l’âge parental à la naissance des personnes. Par ailleurs, des analyses supplémentaires montrent que l’association entre le décès parental et le risque de « maladie d’Alzheimer » n’est présente que si le parent veuf ne s’est pas remarié.

 

Il faut enfin relever que la relation entre le décès parental précoce  et la « démence » n’est pas été observée chez des personnes ayant reçu un diagnostic de « démence non-Alzheimer » (analyse effectuée sur un échantillon supplémentaire de 266 personnes parmi lesquelles 107 avaient une « démence vasculaire »).

 

L’association observée entre le décès parental précoce et le risque de « démence »  est très vraisemblablement liée à de nombreux facteurs (stress, sentiment de solitude, sentiment d’abandon, perte de soutien émotionnel, etc.), dont l’influence est modulée par différents modérateurs personnels et sociaux (comme la personnalité, l’estime de soi, le soutien familial, scolaire et social, etc.).

 

Le fait que l’association entre le décès parental et le risque de « démence » subsiste après prise en compte du statut socioéconomique durant l’enfance/l’adolescence suggère que cette association n’est pas le reflet de l’impact socioéconomique du décès parental (avec ses éventuelles conséquences sur la nutrition, la qualité de l’habitat, l’accès aux soins, etc., autant de facteurs qui pourraient avoir affecté le vieillissement cérébral/cognitif). Les auteurs reconnaissent cependant que l’information sur le statut socioéconomique manquait pour un grand nombre de participants.

 

Des études ultérieures devraient être menées afin de confirmer cette association et  de  tenter d’en comprendre la nature, en évaluant la contribution de certaines dimensions psychologiques telles que l’anxiété, la vulnérabilité au stress, la dépression, les stratégies de régulation, etc.

 

Il s’agirait en outre de réexaminer le caractère apparemment spécifique de l’association entre le décès parental précoce et la « maladie d’Alzheimer », en prenant en compte le fait que l’étude de Norton et al. a utilisé les critères traditionnels de cette soi-disant « maladie » (basés sur la présence de troubles prédominants de mémoire épisodique), critères dont on a vu le caractère très contestable (voir notre chronique « L’empire Alzheimer ne désarme pas ! »). En fait, cette spécificité pourrait plutôt refléter l’influence du décès parental précoce (et de ses conséquences) sur un domaine cognitif particulier et le réseau cérébral qui y est associé (par ex., l’effet de la vulnérabilité au stress sur la mémoire épisodique et les structures cérébrales impliquées, dont l’hippocampe).

 

Il importe enfin d’envisager ces résultats, notamment les différences entre l’influence du décès de la mère et du père, en tenant compte du contexte social des participants et de la répartition des rôles parentaux qui y était associée. Il faut en effet relever que cette étude a été menée dans une région rurale du nord de l’Utah et que la majorité des participants étaient des fermiers.

 

deces-parents.jpg© limalo - Fotolia.com


Norton, M.C., Smith, K.R., Ostbye, T., Tschanz, J.T., Schwartz, S., Corcoran, Ch., et al. (2010). Early parental death and remarriage of widowed parents as risk factors for Alzheimer Disease: The Cache County Study. American Journal of Geriatric Psychiatry, à paraître (doi: 10.1097/JGP.0b013e3182011b38).

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16 décembre 2010 4 16 /12 /décembre /2010 22:25

Un niveau élevé de neuroticisme (un trait de personnalité caractérisé par l’expérience chronique d’émotions négatives, quel que soit le niveau objectif de menace présenté par une situation) a été associé à un fonctionnement cognitif plus faible chez les personnes âgées, un déclin cognitif plus rapide et un risque accru  de vieillissement cérébral/cognitif problématique ou de « démence » (voir les références dans Wilson et al., 2011.

La nature de cette relation entre neuroticisme et fonctionnement cognitif des personnes âgées restait cependant mal comprise. Dans une étude récente, Wilson et al. (2011) ont tenté d’identifier les composantes du neuroticisme responsables de cette relation.

 

Dans le cadre du « Rush Memory and Aging Project », les auteurs ont administré à 785 personnes âgées (âge moyen de 80.7 ans) et sans « démence » un questionnaire d’auto-évaluation (l’échelle à 48 items de Neuroticisme issue du NEO Personality Inventory-Revised) explorant 6 composantes du neuroticisme : l’anxiété, l’hostilité/colère, la dépression, la conscience de soi (focalisation sur soi), l’impulsivité et la vulnérabilité au stress. Les personnes ont ensuite reçu une évaluation clinique détaillée annuelle pendant une durée moyenne de 3.4 ans et le cerveau de 151 d’entre elles a été autopsié après leur décès. Les mesures suivantes ont été déterminées : l’incidence d’un diagnostic clinique de « maladie d’Alzheimer », un changement dans des fonctions cognitives spécifiques (mémoire épisodique mémoire sémantique, mémoire de travail, vitesse perceptive, capacités visuospatiales) et dans le fonctionnement cognitif global (via une mesure extraite des 19 tests cognitifs utilisés) et, enfin, des mesures de plaques séniles, dégénérescences neurofibrillaires, infarctus cérébraux et corps de Lewy.

 

Durant le suivi, 94 personnes ont reçu un diagnostic de « maladie d’Alzheimer ». Par ailleurs, il a été constaté que des niveaux plus élevés d’anxiété et de vulnérabilité au stress étaient associés à un risque accru de « maladie d’Alzheimer » et à un déclin plus rapide du fonctionnement cognitif global.


Plus spécifiquement, le risque cumulatif de « maladie d’Alzheimer » était accru de 84% en présence d’un score élevé d’anxiété (centile 90) par rapport à un score d’anxiété bas (centile 10) et de 79% en présence d’un score élevé de vulnérabilité au stress (centile 90) par rapport à un score bas de vulnérabilité au stress (centile 10).Aucune association avec le risque de « maladie d’Alzheimer » n’a par contre été relevée avec les 4 autres composantes du neuroticisme.

Par contre, des scores élevés dans 5 des 6 facettes du neuroticisme (anxiété, vulnérabilité au stress, hostilité/colère, dépression et impulsivité) étaient reliés à un déclin plus rapide dans trois domaines cognitifs : mémoire épisodique, mémoire de travail et vitesse perceptive.

Enfin, aucune des facettes du neuroticisme n’était associée à une mesure composite de plaques séniles et de dégénérescences neurofibrillaires ou à la présence d’infarctus cérébraux et de corps de Lewy.

 

L’association entre la vulnérabilité perçue au stress et le risque de « maladie d’Alzheimer » est en accord avec les études qui ont reliés les événements de vie stressants et la réactivité au stress avec la « démence » ou le déclin cognitif.

Plus globalement, ces données suggèrent que le sentiment chronique d’être dépassé et incapable de s’adapter est associé à un affaiblissement cognitif chez les personnes âgées. La contribution de l’anxiété au déclin cognitif chez les personnes âgées a également été observée dans deux études longitudinales (voir les références dans Wilson et al., 2011).

 

Les soubassements neurobiologiques de l’association entre ces facettes du neuroticisme et la « démence » demeurent incertains. Cependant, comme l’indiquent les auteurs, le constat selon lequel ces facettes ne sont pas reliées aux caractéristiques neuropathologiques le plus souvent associées à la « démence » rend peu probable le fait que les scores élevés de neuroticisme soient la conséquence de la pathologie cérébrale sous-tendant la « démence » ou d’une réaction psychologique aux symptômes liés à cette pathologie. Cela suggère plutôt l’implication de mécanismes différents de ceux traditionnellement reliés à la « démence », en particulier une atteinte des circuits impliqués dans les comportements liés au stress.   

 

neuroticisme.jpg

®123rf

Wilson, R.S., Begeny, Ch.T., Boyle, P.A., Schneider, J.A., & Bennett, D.A. (2011). Vulnerability to stress, anxiety, and development of dementia in old age. American Journal of Geriatric Psychiatry, 19, 327-334.

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10 décembre 2010 5 10 /12 /décembre /2010 23:55

Des progrès importants ont été réalisés dans l’identification des multiples facteurs (médicaux, psychologiques, sociaux, environnementaux, liés au style de vie) qui modulent le risque de présenter un vieillissement cérébral/cognitif problématique (une « démence ») ainsi que son évolution.

 

Dans ce contexte, Langa et al. (2008) ont entrepris une étude visant à examiner dans quelle mesure les modifications observées ces 20 dernières années aux Etats-Unis dans certains facteurs de risque (tels qu’un meilleur traitement des facteurs de risque vasculaires et l’accroissement du niveau d’éducation et de richesse des personnes âgées) pourraient avoir contribué à réduire la prévalence de la démence (voir le site The Tangled Neuron, http://www.tangledneuron.info/ pour la présentation du travail de Kenneth Langa et son interview).


Les auteurs ont utilisé les données de la « Health and Retirement Study » afin d’identifier deux échantillons représentatifs (au plan national) de personnes âgées  (70 ans et plus), qui ont été examinées respectivement en 1993 (7’046 personnes) et en 2002 (7’104 personnes). Le fonctionnement cognitif de ces deux échantillons a été évalué au moyen d’une courte batterie de tests évaluant la mémoire épisodique, la mémoire de travail, la dénomination et l’orientation temporelle, et conduisant à l’établissement d’un score allant de 0 à 35. Pour 10% des participants, la batterie de tests n’a pas été administrée et le fonctionnement cognitif a alors été évalué sur la base d’un bref questionnaire rempli par un proche. Sur la base de ces évaluations, les personnes ont été classées comme présentant un fonctionnement cognitif normal, des difficultés cognitives légères et des difficultés cognitives modérées/sévères. Les participants des deux groupes ont été suivis pendant deux ans afin de déterminer leur taux de mortalité. Les mesures sociodémographiques suivantes ont été incluses dans les analyses en tant que variables indépendantes : l’âge, l’appartenance ethnique, le genre, le nombre d’années d’études, le réseau de proches aidants potentiels et la richesse nette. Au plan médical, les problèmes suivants ont été identifiés (sur base des informations fournies par les participants) : accident vasculaire cérébral, maladie cardiaque, hypertension, maladie pulmonaire, cancer, problèmes psychiatriques, tabagisme et obésité.


Les résultats ont mis en évidence une diminution significative du nombre de personnes âgées présentant un trouble cognitif (léger, modéré ou sévère) de 1993 à 2002 : en 1993, 12.2% des personnes âgées de 70 ans et plus avaient un trouble cognitif contre 8.7% en 2002 (p<.001). De plus, le nombre d’années d’études et la richesse nette expliquent environ 40% de la diminution relative de la prévalence de difficultés cognitives entre 1993 et 2002 (aucune autre variable indépendante ne contribuant à cette diminution).


Globalement, la présence de difficultés cognitives est significativement associée au risque de décès sur la période de suivi de 2 ans, et ce tant en 1993 qu’en 2002. Cependant, pour les personnes ayant un trouble cognitif modéré/sévère, le risque de décès sur 2 ans est plus important en 2002 qu’en 1993. En outre, un plus grand nombre d’années d’études constitue un facteur qui protège des troubles cognitifs. Néanmoins, parmi les personnes ayant un trouble cognitif, un nombre plus élevé d’années d’études est associé à une mortalité accrue sur la période de 2 ans de suivi et cette association est plus forte pour le groupe examiné en 2002.


Cette étude n’est pas sans limite, avec notamment une évaluation assez peu détaillée du fonctionnement cognitif, une évaluation du fonctionnement cognitif par les proches pour une partie des personnes et une identification des problèmes de santé via les informations fournies par les participants.


Néanmoins, les résultats de cette recherche sont globalement compatibles avec l’idée selon laquelle l’augmentation du niveau de scolarité a permis de construite une réserve cognitive/cérébrale, c’est-à-dire une capacité de compenser les aspects problématiques des atteintes cérébrales. Cela aurait permis de différer l’installation de problèmes cognitifs problématiques jusqu’à un moment proche de la fin de vie, réduisant ainsi la période de « morbidité cognitive ».

En d’autres termes, les personnes avec un niveau de scolarité plus élevé auraient été capables de supporter des atteintes cérébrales plus importantes, avant d’atteindre un niveau problématique de troubles cognitifs. Cependant, une fois ce niveau atteint, la pathologie cérébrale, étant plus avancée que chez les personnes avec un nombre moins élevé d’années d’études, aurait conduit à un déclin cognitif plus rapide et à un risque plus élevé de décès. Les mécanismes par lesquels le niveau de scolarité contribue au fonctionnement cognitif des personnes âgées et à leur réserve cognitive/cérébrale ne sont pas clairement identifiés et peuvent impliquer divers processus : un effet bénéfique de la scolarité sur le développement cérébral, des activités professionnelles et de loisirs plus stimulantes, un style de vie plus sain, un accès plus aisé à des soins de santé, etc. De même, la contribution du niveau net de richesse des personnes âgées à leur fonctionnement cognitif peut être sous-tendue par différents facteurs.


Cette étude pourrait engendrer un certain optimisme concernant l’évolution du vieillissement cérébral/cognitif problématique. Il s’agit cependant de confirmer les résultats de cette recherche sur des cohortes plus récentes, aux Etats-Unis et dans d’autres pays. On peut en effet s’interroger sur l’impact négatif qu’aura la crise économique/financière récente (qui laisse un nombre important de personnes dans un état de grande précarité) sur le vieillissement cérébral/cognitif. L’augmentation de la prévalence du diabète de type 2 et du syndrome métabolique (obésité abdominale, hypertriglycéridémie, taux HDL/cholestérol bas, élévation de la glycémie et hypertension) dans le monde, y compris dans les pays émergents, constitue également un élément perturbant (voir notre chronique « Repérer et traiter le diabète de type 2 pour différer la démence: l’importance d’une approche globale »).


On peut néanmoins considérer, avec Peter Whitehouse et Daniel George (voir leur livre « Le mythe de la maladie d’Alzheimer ») et Kenneth Langa (voir son interview dans le site The Tangled Neuron) que des politiques publiques qui favorisent l’accès du plus grand nombre d’enfants à l’éducation, l’engagement des personnes âgées dans des activités qui donnent un sens à leur vie et la réduction des inégalités sociales pourraient être plus bénéfiques pour la santé cérébrale (et la santé plus généralement) que les traitements pharmacologiques actuels et futurs.


Les mesures visant à intervenir efficacement sur l’activité physique, l’obésité ou le tabagisme semblent également à même d’avoir des effets très bénéfiques sur le vieillissement cérébral/cognitif problématique (voir notre chronique « Une modélisation de l’impact de la prévention en lien avec le style de vie sur la prévalence de la démence » ).

 

prevalence.jpg


Langa, K.M., Larson, E.B., Karlawish, J.H., Cutler, D.M., Kabeto, M.U., Kim, S.Y., & Rosen, A.B. (2008). Trends in the prevalence and mortality of cognitive impairment in the United States: Is there evidence of a compression of cognitive morbidity? Alzheimer’s & Dementia, 4, 134-144.

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25 novembre 2010 4 25 /11 /novembre /2010 06:17

Dans une chronique précédente (« Quand la résistance et l’engagement viennent des plus âgés! »), nous avons présenté des exemples particulièrement réjouissants d’engagement social et politique chez des personnes âgées.

 

Cette splendide capacité d’engagement s’exprime également dans l’ouvrage de Stéphane Hessel, récemment publié et intitulé « Indignez-vous ! ». L’esprit de ce petit  livre est bien représenté dans les quelques lignes qui débutent et terminent l’ouvrage et que nous nous permettons de reproduire ici.

 

L’ouvrage débute comme suit : « 93 ans. C’est un peu la toute dernière étape. La fin n’est plus bien loin. Quelle chance de pouvoir en profiter pour rappeler ce qui a servi de socle à mon engagement politique : les années de résistance et le programme élaboré il y a soixante-six ans par le Conseil National de la Résistance ! ».

 

Nous avons présenté ce programme dans notre chronique susmentionnée et avons montré que, en son nom, d’autres personnes âgées avaient aussi récemment exprimé leur indignation et leur capacité de résistance.

 

L’ouvrage de Stéphane Hessel se termine par les lignes suivantes : « Aussi, appelons-nous toujours à une véritable insurrection pacifique contre les moyens de communication de masse qui ne proposent comme horizon pour notre jeunesse que la consommation de masse, le mépris des plus faibles et de la culture, l’amnésie généralisée et la compétition à outrance de tous contre tous. A ceux et celles qui feront le XXIème siècle, nous disons avec notre affection : Créer, c’est résister. Résister, c’est créer ».

 

Le blog mythe-Alzheimer que nous animons représente un des moyens que nous avons choisis pour manifester notre indignation, notre résistance et notre engagement. 


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Hessel, S. (2010). Indignez-vous ! Montpellier : Indigène éditions.

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21 novembre 2010 7 21 /11 /novembre /2010 11:04

La prévalence du diabète de type 2 et du syndrome métabolique (un groupement de facteurs de risque cardiovasculaire et de diabète de type 2, à savoir l’obésité abdominale, l’hypertriglycéridémie, un taux HDL/cholestérol bas, l’élévation de la glycémie et l’hypertension) ne cesse de progresser de par le monde, y compris dans les pays émergents (les incidences les plus élevées étant attendues en Amérique latine, en Afrique et en Asie). Ainsi, selon la Fédération internationale du diabète, il y a en 2010, 285 millions de personnes souffrant de diabète (de type 2 dans 90% des cas).                        Les projections pour 2030 prédisent environ 444 millions de diabétiques.

 

Par ailleurs, plusieurs études ont montré que le diabète de type 2 était lié à un risque accru de déficits cognitifs (Awad et al., 2004 ; McFall et al., 2010) et de « démence » (Arvanitakis et al., 2004 ; Xu et al., 2004 ; Raffaitin et al., 2009 ; Ahtiluoto et al., 2010).

En outre, Raffaitin et al. (2009) ont montré qu’une des composantes du syndrome métabolique (l’hypertriglycéridémie) était associée à l’incidence de la « démence ». Notons que la relation entre diabète de type 2 et fonctionnement cognitif est extrêmement complexe et met en jeu différents types de facteurs distaux et proximaux (voir notre chronique « Diabète de type 2 et troubles cognitifs chez les personnes âgées : des relations complexes… »).

 

Quoi qu’il en soit, il apparaît essentiel de détecter et traiter précocement le diabète et les composantes du syndrome métabolique dans le but de différer l’installation d’un vieillissement cérébral/cognitif problématique (d’une « démence »).

 

Dans un article récent, Ruiz et Egli (2010) montrent en quoi cette pandémie du diabète (et du syndrome métabolique) doit faire l’objet d’une approche holistique prenant en compte des facteurs physiopathologiques, psychologiques, socioculturels, politiques et environnementaux. En fait, l’approche traditionnelle a essentiellement privilégié la pharmacothérapie et les modifications du style de vie avec une éducation à l’autocontrôle (activité physique, alimentation moins riches en graisses et en hydrates de carbone).

 

Ruiz et Egli indiquent cependant en quoi il est fondamental de prendre aussi en compte les facteurs sociaux. Ainsi, des données de la « Framingham Heart Study » montrent, sur un suivi de plus de 30 ans, que le risque de devenir obèse augmente de 57% si la personne a un ou une ami(e) qui est aussi obèse durant la même période. Ce lien est plus fort entre des amis proches qu’entre personnes de la même famille. De plus, ce risque accru n’est pas explicable par une proximité géographique ou un mimétisme comportemental. Relevons que la même association a été observée pour la dépression, le tabagisme et l’alcoolisme.

 

L’étude Whitehall II, menée sur plus de 10’000 fonctionnaires anglais, a révélé, quant à elle, une corrélation inverse entre le niveau de revenus et le risque de syndrome métabolique : plus spécifiquement, les catégories à plus bas revenus ont 2,3 à 4,1 fois plus de risques de développer un syndrome métabolique. Une autre étude de la cohorte Whitehall a mis en évidence une corrélation significative entre une atteinte de la fonction autonome cardiaque et le statut social, cette relation étant en très grande partie expliquée par les composantes du syndrome métabolique (tour de taille, HDL-cholstérol, triglycérides et glucose postprandial).

 

Dans une étude récente, issue également de la « Whitehall II Study », menée auprès de 4’150 participants (sur une période de 10 ans, avec 3 évaluations), Akbaraly et al. (2010) ont montré que la présence d’un syndrome métabolique persistant (observé à au moins 2 des 3 évaluations) était associée à une performance cognitive plus faible autour de la soixantaine. Cependant, le statut professionnel (identifié à partir du salaire) atténue de façon substantielle cette relation, confirmant ainsi la nécessité de prendre en compte les variables socioéconomiques.

   

Comme l’indiquent Ruiz et Egli : « Malheureusement, le positionnement actuel de la médecine, pour la gestion thérapeutique des patients souffrant de maladies chroniques issus de niveaux socioculturels défavorisés, n’est pas adapté aux particularités de cet environnement pathogène ».

 

Il faut noter que le syndrome métabolique (comme d’autres problèmes chroniques) est influencé, non seulement par la pauvreté, mais aussi par des facteurs psychosociaux comme la stigmatisation, la discrimination, le racisme ou le sexisme.

 

Si l’on souhaite freiner l’augmentation de la prévalence du syndrome métabolique et du diabète de type 2 (mais c’est également vrai pour d‘autres états chroniques), et ainsi avoir un impact sur l’apparition d’un vieillissement cérébral/cognitif problématique, il importe « de développer des programmes de prévention transversaux incluant activement tous les secteurs de la société : social, économique, industrie agro-alimentaire, transports, éducation, aménagement du territoire, culture, santé, etc.». Il s’agit aussi de ne pas perdre de vue les repères culturels et identitaires des différentes communautés.

 

Ruiz et Egli indiquent qu’une telle approche nécessite l’intégration de différents partenaires, autres que les médecins, comme par exemple des sociologues, des anthropologues, des médiateurs culturels, des assistants sociaux, etc., et nous ajoutons… des psychologues! Ces partenaires devraient suivre une formation médicale (clinique) adéquate et en symétrie, la formation médicale devrait inclure une formation en sciences humaines. Cela exige également, selon les auteurs, une évolution des pratiques de recherche (« evidence-based »), qui devrait promouvoir des stratégies de recherche mixtes, qualitatives et quantitatives, plus adaptées à l’exploration de problèmes complexes.

 

De façon générale, cette approche globale (dite « syndémique ») s’inscrit parfaitement dans le cadre de la conception du vieillissement que nous défendons : une conception qui assume réellement la complexité des phénomènes.

 

Dans la ligne de cette complexité, il faut rappeler que l’obésité et la présence d’un syndrome métabolique sont souvent associés à des conséquences bénéfiques chez les personnes très âgées, suggérant ainsi que des changements biologiques, censés être négatifs à certains âges, pourraient en fait être adaptatifs chez les plus âgés (voir notre chronique « Et si certains troubles liés au grand âge étaient adaptatifs ? »). Dans cette perspective, Forti et al. (2010) ont récemment mis en évidence que la présence d’un syndrome métabolique était associée, chez les personnes âgées de plus de 75 ans, à un risque plus faible de « démence d’Alzheimer » (mais pas de « démence vasculaire ») et que l’existence d’une obésité abdominale était reliée à une risque plus faible de « démence »  en général (même si le caractère causal de ces associations n’est pas démontré).

 

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© Dianepix - Fotolia.com

 

Ahtiluoto, S., Polvikoski, T., Peltonen, M., Solomon, A., Tuomilheto, J., Winblad, B., et al. (2010). Diabetes, Alzheimer’s disease, and vascular dementia. Neurology, 75, 1195-1202.

Akbaraly, T., Kivimaki, M., Shipley, M.J., Tabak, A.G., Jokela, M., Virtanen, M. et al. (2010). Metabolic syndrome over 10 years and cognitive functioning in late midlife. The Whitehall II study. Diabetes Care, 33, 84-89.

Arvanitakis, Z., Wilson, R.S., Bienias, J.L., Evans, D.A., & Bennett, D.A. (2004). Diabetes mellitus and risk of Alzheimer disease and decline in cognitive function. Archives of Neurology, 61, 661-666.

Awad, N., Gagnon, M., & Messier, C. (2004). The relationship between impaired glucose tolerance, type 2 diabetes, and cognitive function. Journal of Clinical and Experimental Neuropsychology, 26, 1044-1080.

Fort, P., Pisacane, N., Rietti, E., Lucicesare, A., Olivelli, V., Mariani, E. et al. (2010). Metabolic syndrome and risk of dementia in older adults. Journal of the American Geriatrics Society, 58, 487-492.  

McFall, G.P., Geall, B.P., Fischer, A.L., Dolcos, S., & Dixon, R.A. (2010). Testing covariates of type 2 diabetes-cognition associations in older adults: Moderating or mediating effects? Neuropsychology, 24, 547-562.

Raffaitin, Ch., Gin, H., Empana, J.-Ph., Helmer, C., Berr, C., Tzourio, Ch. et al. (2009). Metabolic syndrome and risk for incident Alzheimer’s disease or vascular dementia. Diabetes Care, 32, 169-174.

Ruiz, J., & Egli, M. (2010). Syndrome métabolique, diabète sucré et vulnérabilité: une approche «syndémique»de la maladie chronique. Revue Médicale Suisse, 271, 2205-2208.  

Xu, W.L., Qiu, C.X., Wahlin, A., Winblad, B., & Fratiglioni, L. (2004). Diabetes mellitus and risk of dementia in the Kungsholmen project. Neurology, 63, 1181-1186.

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19 novembre 2010 5 19 /11 /novembre /2010 06:29

Le rôle de la réserve cérébrale/cognitive dans la protection contre le vieillissement cérébral/cognitif problématique (la « démence), en compensant l’accumulation de pathologies cérébrales, est appuyé par de nombreuses données. Cependant, comme l’indiquent Craik et al. (2010), la relation entre des facteurs tels que le niveau scolaire ou les activités intellectuelles et la réserve cérébrale/cognitive est nécessairement corrélationnelle : on ne sait donc pas si les activités intellectuelles ou le niveau scolaire améliorent réellement la performance cognitive ou si les personnes avec un meilleur fonctionnement cérébral (peut-être pour des raisons génétiques) sont plus aptes à réaliser des activités intellectuelles et sont aussi protégées naturellement contre l’installation d’une « démence ».


Il n’en va pas de même pour le bilinguisme : dans la grande majorité des cas, les personnes deviennent bilingues, non pas parce qu’elles sont naturellement douées pour l’apprentissage des langues, mais du fait de circonstances qui l’exigent.

  

Dans une précédente chronique (« Apprenez plusieurs langues, cela pourrait retarder les aspects problématiques du vieillissement cérébral….. et aider à mieux comprendre les personnes âgées issues d’autres cultures »), nous avons rapporté les résultats de deux études (Bialystok et al., 2007 ;  Chertkow et al., 2010) suggérant que le fait de parler plusieurs langues semble pouvoir retarder l’apparition des aspects problématiques du vieillissement cérébral/cognitif et semble ainsi contribuer à la réserve cérébrale/cognitive.

 

Plus spécifiquement, Bialystok et al. (2007) ont montré, auprès de personnes ayant reçu le diagnostic de « maladie d’Alzheimer », que celles qui étaient précocement bilingues (qui parlaient de façon fluente l’anglais et une autre langue et avaient pratiqué ces deux langues durant la plus grande partie de leur vie) présentaient les premiers symptômes de démence en moyenne 4.1 années plus tard que les personnes monolingues. Il faut relever que la majorité des personnes (90%) examinées par Bialystok et al. étaient des immigrés.

 

Cependant, Chertkow et al. (2010) ont apporté des résultats plus nuancés en comparant des personnes ayant immigré au Canada (et ne parlant initialement ni le français ni l’anglais) et des personnes non immigrantes, mais éduquées dans les deux langues officielles du Canada (l’anglais et le français). Quand le groupe de participants a été considéré globalement, les résultats ont mis en évidence un effet protecteur, petit mais significatif, du fait de parler plus de deux langues (3 ou plus). Par contre, aucun bénéfice n’a été trouvé au fait de parler uniquement deux langues (d’être bilingue). Cependant, dans le groupe spécifique des immigrés, les résultats sont très similaires à ceux obtenus par Bialystok et al.: le fait de parler deux langues ou plus retarde le diagnostic de « maladie d’Alzheimer » d’environ 5 ans.

 

Au vu des ces discordances entre les deux études, une étude complémentaire s’imposait, ce qui a été fait par Craik et al. (2010), dans la suite directe de la recherche menée à Toronto par Bialystok et al., mais en collectant des informations langagières plus détaillées.

Les auteurs ont recueilli les données de 211 personnes consécutives ayant reçu le diagnostic de « maladie d’Alzheimer probable ». L’âge de début des troubles cognitifs a été déterminé, ainsi que des informations sur la profession, la scolarité, l’histoire linguistique ainsi que la fluence en anglais et dans toute autre langue. Ainsi, 102 personnes ont été classées comme bilingues et 109 comme monolingues.

Les résultats montrent que les personnes bilingues ont été diagnostiquées 4.3 années plus tard et ont rapporté le début des symptômes 5.1 années plus tard que les personnes monolingues. Les deux groupes étaient équivalents sur les mesures du fonctionnement cognitif (MMSE) et du statut professionnel. En outre, il n’y avait pas d’effet du statut d’immigration (immigrés ou non), ni du genre. Les participants monolingues avaient par contre un niveau de scolarité plus élevé que les bilingues, mais les effets potentiellement protecteurs de cette variable agiraient en fait à l’encontre de l’hypothèse d’un effet protecteur spécifique du bilinguisme. Ces résultats répliquent donc et étendent ceux observés dans l’étude de Bialystok et al. (les niveaux de troubles cognitifs au moment du diagnostic étant équivalents dans les deux études). 

Craik et al. interprètent leurs résultats en suggérant que le bilinguisme constitue une condition cognitivement exigeante, qui contribue à la réserve cérébrale/cognitive au même titre que les activités sociales et intellectuelles stimulantes. Ils incitent néanmoins à la prudence du fait du caractère transversal de l’étude et indiquent que des résultats plus définitifs devraient être obtenus via une recherche longitudinale. Néanmoins, l’influence de deux facteurs possiblement confondants (scolarité et profession) semble pouvoir être exclue.

 

Un autre facteur confondant serait que les immigrés auraient plus d’ « énergie » que les non-immigrés et, dès lors, que l’effet du bilinguisme serait en fait un effet d’immigration. Dans l’échantillon évalué, 79% des personnes bilingues contre seulement 32% des personnes monolingues étaient des immigrés, ce qui appuierait cette hypothèse. Cependant, une analyse prenant en compte le statut d’immigration dans chacun des deux groupes a conduit aux mêmes résultats, mais la prudence s’impose néanmoins du fait du relativement petit nombre de personnes dans les sous-groupes.

En conclusion, le bilinguisme semble effectivement postposer l’apparition des symptômes de la « démence ». Les effets de ce facteur sur la prévalence de la « démence » devraient être évalués dans les pays ayant un taux élevé de bilinguisme.     

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Bialystok, E., Craik, F.I.M., & Freedman, M. (2007). Bilingualism as a protection against the onset of symptoms of dementia. Neuropsychologia, 45, 459-464.

Craik, F.I.M., Bialystok, E., & Freedman, M. (2010). Delaying the onset of Alzheimer disease. Bilingualism as a form of cognitive reserve. Neurology, 75, 1726-1729.

Chertkow, H., Whitehead, V., Philipps, N., Wolfson, C., Atherton, J., & Bergman, H. (2010). Multilingualism (but not always bilingualism) delays the onset pf Alzheimer’s disease: evidence from a bilingual community. Alzheimer’s Disease and Associated Disorders, 24, 188-125.

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7 novembre 2010 7 07 /11 /novembre /2010 21:12

Dans nos dernières chroniques, nous avons présenté deux facteurs de risque de vieillissement cérébral/cognitif problématique bien établis et pouvant faire l’objet de mesures de prévention (« De nouvelles données appuyant l’intérêt de mesures de prévention du vieillissement cérébral/cognitif problématique en lien avec le style de vie », Partie 1 : Le rôle du tabac et Partie 2 : Le rôle de l’activité physique).

 

Se basant sur les statistiques et projections australiennes relatives au vieillissement de la population, ainsi que sur les risques relatifs (identifiés par des études récentes) de développer une « démence » du fait d’être exposé à certains facteurs de risque modifiables, Nepal et al. (2010) ont établi un modèle visant à estimer le bénéfice que pourrait tirer la population australienne âgée de 45 ans et plus d’une modification de ces facteurs de risque.

 

Les auteurs montrent qu’une diminution de 5 à 10 %, tous les 5 ans à partir de 2006, de la proportion de fumeurs amènerait à une réduction de 2 à 4% des cas de « démence » en 2051 (ce qui correspondrait à 13’000-26’000 personnes « démentes » en moins). Une diminution de 5% des personnes physiquement inactives tous les 5 ans réduirait la « démence » de 11 % (70'000 personnes « démentes » en moins). Enfin, une réduction du taux d’obésité de 5% tous les 5 ans diminuerait la « démence » de 6% (40’000 personnes « démentes » en moins).

 

Il faut relever que le modèle utilisé par les auteurs est incapable d’évaluer les effets interactifs de la présence conjointe de plusieurs facteurs de risque. Néanmoins, cet exercice de modélisation a le mérite de montrer en quoi la vie de nombreuses personnes âgées pourrait être modifiée si des actions de prévention efficaces étaient effectuées (dans le domaine de la consommation de tabac, de l’obésité et de l’activité physique, mais aussi dans de nombreux autres domaines). 

 

Il s’agit dès lors de réfléchir aux facteurs psychologiques pouvant contribuer à l’application effective et continue de mesures préventives. Sur cette question (comme sur d’autres, par exemple, la réduction des stéréotypes et de l’âgisme), les psychologues formés en psychologie sociale et en psychologie appliquée ont beaucoup à apporter ! (voir notre chronique « Comment présenter les messages de prévention aux personnes âgées ? »)

 

Il importe également de se pencher sur les mesures sociales et institutionnelles susceptibles d’encourager les changements de comportement, comme par exemple la réalisation d’activités physiques intergénérationnelles (voir notre chronique « Les relations entre la marche et le fonctionnement cognitif chez les personnes âgées: Optimiser la marche et l’équilibre par une approche intergénérationnelle »). Il serait aussi important de créer des lieux spécialement équipés pour permettre aux personnes âgées de s’entraîner physiquement à l’extérieur (des « places de jeu » pour adultes, éventuellement en conjonction avec les places de jeu pour enfants). Ce type d’endroits est fréquent dans les villes chinoises et l’on y voit des adultes, la plupart âgés de plus de 60 ans, faire des exercices physiques, mais aussi pratiquer divers types de jeux et des activités musicales (voir Dhand et al., 2010, ainsi que notre chronique « Un diaporama vivifiant sur les personnes âgées en Chine »).    

 

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© http://dirpareferences.over-blog.com/album-1663129.html

 

Dhand, A., Zhang, X., & Josephson, S.A. (2010). Increasing aerobic exercise in the community: The adult playground in Beijing, China. Archives of Neurology, 67, 1283 (Comments and opinions).

Erickson, K.I., Raji, C.A., Lopez, O.L., Becker, J.T., Rosano, C., Newman, A.B., et al. (2010). Physical activity predicts gray matter volume in late adulthood. The Cardiovascular Health Study. Neurology, à paraître.

Nepal, B., Brown, L., & Ranmuthugala, G. (2010). Modelling the impact of modifying lifestyle risk factors on dementia prevalence in Australian population aged 45 years and over, 2006-2051. Australasian Journal of Ageing, 29, 11-116. 

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6 novembre 2010 6 06 /11 /novembre /2010 00:42

Nous avons abordé dans la précédente chronique le rôle du tabac comme facteur de risque de vieillissement cérébral/cognitif problématique. Un autre facteur bien établi est l'activité physique, comme le confirme l'étude récente d'Erickson et al. (2010).


Partie 2 : L’activité physique    

 

Dans le cadre de la « Cardiovascular Health Study », Erickson et al. (2010) ont examiné, chez 299 personnes âgées de 65 ans et plus, la relation entre le volume de la substance grise, l’activité physique et les problèmes cognitifs.

L’activité physique était quantifiée par le nombre de pâtés de maisons (« blocks »)  parcouru sur une semaine (évaluation effectuée en 1989-1990) : l’importance de la marche variait de 0 à 300 pâtés de maisons selon les individus.

En 1998-1999 (c’est-à-dire 9 ans après l’évaluation de l’activité physique), les participants ont été soumis à une imagerie à résonance magnétique (IRM) à haute résolution : ils étaient alors âgés en moyenne de 78 ans et ne présentaient pas de vieillissement cérébral/cognitif problématique (notons qu’ils avaient déjà subi une IRM à faible résolution en 1992-1994).

Enfin, 4 ans plus tard (c’est-à-dire 13 ans après l’évaluation de l’activité physique), les personnes ont été évaluées afin d’identifier la présence éventuelle de troubles cognitifs : 116 ont reçu un diagnostic de « démence » ou de « trouble cognitif léger » et 183 sont restées « cognitivement normales ».

 

Les analyses ont été établies en contrôlant l’influence d’une série de facteurs possiblement confondants (dont notamment, et outre des variables démographiques et de santé, le temps mis pour parcourir une distance de 15 « pieds », l’indice de masse corporelle ainsi que des anomalies de la substance blanche et ventriculaires identifiées lors de la première IRM).

Les résultats montrent qu’une activité physique plus importante prédit 9 ans plus tard un volume plus important des régions frontales, occipitales, entorhinales et hippocampiques.

Le seuil de 72 pâtés de maisons parcourus par semaine (environ 6 à 9 miles ; 9,5 à 1 4,5 km) est nécessaire pour détecter un accroissement de volume de la substance grise. Cependant, parcourir davantage que 72 pâtés de maisons ne conduit pas à un accroissement de volume supplémentaire de la substance grise. Enfin, un volume plus important du gyrus frontal inférieur, de l’hippocampe et de l’aire motrice supplémentaire est associé à un risque deux fois moindre de développer une vieillissement cérébral/cognitif problématique (« trouble cognitif léger » ou « démence »).

 

En dépit de certaines limites (dont le fait que l’activité physique était auto-évaluée), cette étude indique qu’une activité de marche plus importante est ultérieurement associée à un volume plus important de la substance grise, lequel est à son tour associé à un risque réduit de vieillissement cérébral/cognitif problématique.

 

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© milphoto - Fotolia.com

 

Erickson, K.I., Raji, C.A., Lopez, O.L., Becker, J.T., Rosano, C., Newman, A.B., et al. (2010). Physical activity predicts gray matter volume in late adulthood. The Cardiovascular Health Study. Neurology, à paraître.

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4 novembre 2010 4 04 /11 /novembre /2010 17:11

Dans une de nos dernières chroniques (« Des conclusions par trop négatives concernant la prévention du déclin cognitif ! »), nous avons montré en quoi il existait actuellement au moins deux facteurs de risque de vieillissement cérébral/cognitif problématique bien établis et pouvant donc faire l’objet de mesures de prévention, la consommation de tabac et l’activité physique. Cette chronique et la prochaine aborderont respectivement chacun d’entre eux.


Partie 1 : La consommation de tabac

 

Rusanen et al. (2010) ont analysé les données prospectives d’une cohorte multiethnique de 21’123 personnes qui ont participé, aux Etats-Unis, à une enquête sur les comportements en lien avec la santé (incluant la consommation de tabac), et ce entre 1978 et 1985 (les personnes avaient alors en moyenne 58 ans). La présence chez ces personnes d’un diagnostic de « démence non spécifiée », de « maladie d’Alzheimer » et de « démence vasculaire » a été identifiée de 1994 à 2008, sur base des dossiers électroniques de santé (le diagnostic de « démence non spécifiée » avait été posé par un médecin interniste et ceux de « maladie d’Alzheimer » ou de « démence vasculaire » par un neurologue et un neuropsychologue).

 

Un total de 5’367 personnes ont reçu un diagnostic de « démence » (incluant 1’136 cas de « maladie d’Alzheimer » et 416 cas de « démence vasculaire ») et ce durant une période moyenne de suivi de 23 ans. Les analyses ont été effectuées en contrôlant l’influence possible des facteurs suivants : l’âge, le genre, le niveau scolaire, l’appartenance ethnique, le statut marital, l’hypertension, l’hyperlipidémie, l’indice de masse corporelle, le diabète, les maladies cardiaques, les accidents vasculaires cérébraux et la consommation d’alcool.

 

Les résultats montrent que le risque de démence est dose-dépendant et s’accroît donc en fonction du nombre de cigarettes fumées. En effet, par comparaison aux non fumeurs, les personnes qui fument plus de deux paquets de cigarettes par jour à la cinquantaine ont le risque le plus élevé de développer une démence 20 ans après (hazard ratio ajusté de « démence » non spécifiée: 2.14 ; 95% IC, 1,65-2.78 ; de « maladie d’Alzheimer »: 2.57 ; 95%IC, 1.63-4.03 ; de « démence vasculaire : 2.72 ; 95%IC, 1.20-6.18).

 

Les mécanismes par lesquels la consommation de tabac augmente le risque de « démence » doivent faire l’objet d’études futures. Il est cependant  intéressant de relever que la consommation de tabac accroît le risque de « démence vasculaire », même après avoir contrôlé l’influence de possibles facteurs vasculaires confondants (y compris la présence d’un accident vasculaire cérébral), ce qui suggère que le tabac a un effet indépendant sur la « démence vasculaire », au-delà de l’accélération de maladies cérébrovasculaires. Il est par ailleurs admis que le tabac augmente le stress oxydatif  et l’inflammation…

 

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Rusanen, M., Kivipelto, M., Quesenberry, Ch. P., Zhou, J., & Whitmer, R.A. (2010). Heavy smoking in midlife and long-term risk of Alzheimer disease and vascular dementia. Archives of Internal Medicine, à paraître.

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